Andréanne A. Malette créé sa propre voie

Photo Courtoisie, Sébastien Sauvage

Daniel Daignault

2021-08-23T14:05:09Z

Andréanne A. Malette est une artiste particulière dans le paysage musical québécois. À la fois auteure-compositrice-interprète, réalisatrice, directrice artistique et entrepreneure, elle veille de près à sa carrière, non sans prendre soin de penser à ses rêves en tant que femme. Entretien avec une fonceuse qui ne manque pas de projets.

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Andréanne, la dernière fois que nous nous sommes parlé, vous veniez de lancer un troisième album, Sitka. Êtes-vous heureuse de l’accueil qu’il a reçu?
Quand je l’ai lancé, il a tout de suite été numéro un au Canada. C’est sûr que ça partait bien les choses; je me suis dit qu’il y avait des gens qui l’attendaient. C’était l’fun. Ç’a été valorisant de lire les critiques. J’étais heureuse, puisque j’ai tout fait pour cet album, y compris la réalisation, et c’est un domaine que je ne connaissais pas tant. J’avais coréalisé mon disque précédent, mais celui-ci, je l’ai vraiment pris sur mes épaules. Je me suis rendu compte de quoi j’étais capable.

La réalisatrice était-elle contente?
Oui, elle était contente. (rires) Et Antoine Lachance aussi, qui a travaillé là-dessus comme un fou. Pour ce qui est des retombées, c’est sûr que la pandémie joue beaucoup sur les chiffres de ventes, mais sur le plan humain, ç’a été un plaisir de voir la réaction des gens et de constater qu’ils me suivent encore.      

Vous êtes quand même une artiste particulière, car vous faites presque tout vous-même. Savez-vous que, dans le milieu, on souligne votre détermination?
Tant mieux! L’autoproduction, il n’y a pas tant de gars qui en font non plus. Je pense que c’est un modèle qu’on voit de plus en plus chez les femmes, parce qu’on leur laisse souvent moins de place dans les radios et les boîtes de disques. Même si je ne prétends pas être une réalisatrice, parce que je ne crois pas que je réaliserais le disque de quelqu’un d’autre, je suis toujours mon premier cobaye. 

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Photo : Sébastien Sauvage
Photo : Sébastien Sauvage


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Donc, vous faites en quelque sorte différents essais depuis toujours?
Oui! Je me dis parfois que je suis artiste par défaut, parce que j’avais plein d’idées derrière la caméra. J’aimais prendre des photos, mais j’étais mon seul modèle! Même chose pour l’écriture: j’aimais écrire des chansons, mais je ne pensais pas nécessairement les interpréter moi-même. Je suis allée à l’avant-scène parce que j’étais intéressée par tout ce qui était en coulisses. Dans mes ateliers, la première chose que je dis aux gens est que vouloir tout faire n’est pas nécessairement un modèle qui convient à tout le monde.

Vous les mettez en garde, quoi...
Oui. C’est l’fun, c’est un beau modèle qui marche pour moi, mais il peut être risqué pour ceux qui n’ont pas la fibre entrepreneuriale. Tant de gens ont fait un refinancement hypothécaire de leur maison pour, finalement, empiler des boîtes d’albums dans leur salon... Ça peut être une très mauvaise idée si on n’a pas d’intérêt pour le côté business.

Réussissez-vous à décrocher, justement, de l’aspect business pour vous consacrer avant tout sur la composition?
La pandémie a été bien pour ça. Le confinement a ramené à l’avant-plan Dédé Malette. Par contre, l’aspect affaires me passionne autant que l’aspect artistique, alors pour moi, ce n’est pas une tâche. Et ça ne date pas d’hier. Quand j’ai lancé mon premier «vrai» album à 16 ans, j’ai tout organisé toute seule. J’ai loué une salle, j’ai créé des billets sur Paint, j’étais déjà en mode autoproduction. La vision que j’avais de moi, selon ce qu’on raconte dans ma famille, était celle d’une petite fille gênée, alors que ma sœur défonçait des portes. Je la suivais, mais avec le recul, je pense que cette volonté de vouloir tout faire a toujours été présente, peut-être un peu dans l’ombre de ma sœur.

Songez-vous parfois à faire carrière en France?
J’ai longtemps voulu y aller, encore aujourd’hui, mais je ne pense pas que le modèle d’autoproduction fonctionne là-bas. Il n’existe pas vraiment, selon ce que j’entends. Je n’ai pas envie de signer un contrat trop rigide, j’ai trop de plaisir à avoir de la liberté. J’aimerais y aller, mais de façon plus indépendante.

Des artistes vous demandent-ils de vous occuper de leur carrière?
Souvent! Mais je leur dis que je n’ai même pas le temps de me gérer moi-même; je leur nuirais. Si mon équipe grossissait et que j’avais plus d’intervenants avec moi, oui, j’aimerais peut-être le faire.

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courtoisie
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Comment voyez-vous la suite des choses, pour les mois ou les années à venir?
Je me laisse beaucoup porter. J’ai toujours été du genre à faire des listes de choses à accomplir, d’endroits où je rêve d’être dans 5 ans, dans 10 ans... En ce moment, j’aime beaucoup l’idée de surfer sur tout ça, de danser avec la vie. S’il y a des opportunités qui me plaisent, je vais y aller. Je ne sais pas exactement ce qui s’en vient, mais c’est sûr que je veux continuer à faire de la musique et des spectacles. Je suis en train de produire un projet, un mini-festival numérique avec la tournée Feu de camp. J’ai tout le temps des idées — de shows télé, entre autres. Mon cerveau bouillonne!      

Avez-vous déjà pensé ajouter une corde à votre arc en devenant comédienne?
Jeune, j’ai suivi des cours de théâtre et de jeu à la caméra. J’ai eu beaucoup de cours de jeu, notamment avec Jean-Pierre Bergeron et quelques séances avec Danielle Fichaud. J’ai fait beaucoup de figuration, j’ai joué dans des séries américaines, dans un film de Xavier Dolan. J’ai aussi étudié en cinéma... Mais je ne pousse pas plus que ça dans ce domaine. Je me suis toujours dit que si ça arrivait un jour, ce serait parce que quelqu’un aurait pensé à moi pour un rôle en particulier et que ça débuterait comme ça. J’ai toujours pensé que je jouerais le rôle d’une chanteuse des années 1960, une Françoise Hardy, par exemple. Ou je me verrais dans quelque chose de plus rigide, comme un rôle de policière. Je ne suis fermée à rien. À partir du moment où je me suis donné le droit à l’erreur, tant de portes se sont ouvertes! C’est très important, c’est comme ça qu’on apprend. 

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Après l’artiste et la réalisatrice, qu’en est-il de la femme? Songez-vous, entre autres, à avoir des enfants?
J’ai 33 ans et j’ai arrêté de me mettre de la pression. C’est vraiment ma thématique, cette année. Je suis en retard sur mon to do, je me voyais avec deux enfants à 29 ans, et à 30 ans j’avais ma maison... Je veux des enfants et j’en aurai. Il arrivera ce qu’il arrivera, il me reste encore plein de temps.


Sitka est offert sur les plateformes musicales et en magasin.
Andréanne présentera plusieurs spectacles cet automne; suivez-la sur son site andreanneamalette.com ou sa page Facebook.

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