Avec sa carrière américaine florissante, Sophie Nélisse craint d’être oubliée ici

Patrick Delisle-Crevier

2024-02-11T11:00:00Z

C’est dans le cadre de la soirée Canada at the Emmys, organisée par le Fonds canadien des médias et dans lequel on célébrait le talent québécois à Hollywood, qu’on a pu rencontrer la comédienne, qui est actuellement à Los Angeles afin de tourner la prochaine saison de la série Yellowjackets

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Sophie, que représente cette vie hollywoodienne pour toi? 

Je ne m’y sens pas encore comme un poisson dans l’eau, je suis encore dans un certain processus d’adaptation. Je ne suis pas la meilleure quand vient le temps de me vendre lors des soirées de relations publiques. Ce n’est pas dans ma nature de dire aux gens de me regarder et de regarder ce que je fais. Je viens donc toujours un peu à reculons à ce genre d’événement, mais je tente de plus en plus d’aborder ça avec une attitude positive et avec le sourire. Je tente de voir les bons côtés et, surtout, je suis reconnaissante de toutes les belles choses qui m’arrivent. Je suis heureuse que mon travail et la série soient reconnus auprès du public. Pour moi, c’est beaucoup plus important que le côté glamour et les tapis rouges.

Aimes-tu habiter à Los Angeles?

Ça aussi, ça m’a demandé une grande adaptation. Lorsque je suis arrivée ici, je n’aimais pas tant ça; je m’ennuyais de ma vie à Montréal. Puis, peu à peu, j’ai trouvé des repères et je me suis habituée. Ma vie ici ressemble maintenant pas mal à ma vie à Montréal, mais avec beaucoup moins de sommeil! Je passe aussi beaucoup de temps dans les avions. Disons que la vie de jet-set n’est pas si trépidante que ça. En ce moment même, j’ai trois heures de sommeil dans le corps... J’ai terminé le tournage d’un film à Toronto à 6 h du matin et j’ai sauté dans un avion pour être à Los Angeles ce soir. Je n’ai même pas eu le temps de prendre une douche: j’ai couru à l’essayage et me voilà. Donc, ma vie ici est parfois un peu folle!

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Cette vie-là est-elle difficile pour toi?

Je trouve ça le fun pour certaines choses. Ça m’amène de la variété dans les types de rôles que je joue, ça met du piquant dans ma vie et ça me fait vivre toutes sortes d’émotions. Disons qu’en général j’aime ça, mais des fois moins. J’ai comme une relation amour-haine avec tout ça. Je ne me verrais pas habiter à temps plein à Hollywood, tout simplement parce qu’il y a un côté superficiel et transactionnel qui me plaît beaucoup moins. Mais, en même temps, j’aime tourner dans une série comme Yellowjackets. C’est vraiment intéressant et c’est aussi un privilège, car je sais que ce n’est pas tout le monde qui a cette chance. Beaucoup d’actrices viennent ici et ça ne marche pas pour elles, alors loin de moi l’idée de me plaindre. Mais je ne veux pas avoir l’étiquette de la petite Québécoise qui a réussi à percer à Hollywood. Je ne tiens rien pour acquis, car je sais que tout ça peut être éphémère. Je me contente de faire mon travail de mon mieux et de devenir sans cesse une meilleure actrice. Comme je suis une éternelle insatisfaite face à mon travail, je mets toujours la barre plus haut. Je sais que je dois parvenir à trouver un certain équilibre.

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Getty Images
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Tu incarnes le personnage de Shauna adolescente dans la série Yellowjackets. Que représente ce rôle pour toi?

Je suis très fière de ce rôle et de cette série. En même temps, je serais dans une série à Montréal que ce serait la même chose pour moi. Je suis reconnaissante pour ce rôle qui m’a formée en tant qu’actrice avec les comédiennes incroyables qui sont dans cette série. Nous apprenons beaucoup les unes des autres. C’est certain que, par la force des choses, il y a une certaine compétition. Nous avons à peu près toutes le même âge et nous nous retrouvons toutes aux mêmes auditions. Mais nous demeurons très proches. Courtney Eaton, qui incarne le personnage de Lottie adolescente, est ma meilleure amie dans la vie et nous nous faisons grandir l’une l’autre à travers tout ça.

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Parle-moi de ton rôle dans Yellowjackets.

C’est un beau personnage, intéressant à jouer, car bourré d’ambiguïtés. Certaines facettes de Shauna sont sombres, ce qui la rend moins attachante. Mais au-delà de ça, c’est une femme attentionnée, sensible, qui a sa façon bien à elle de voir les choses. Elle déplace de l’air et, en même temps, elle doit se résoudre à vivre dans l’ombre de Jackie.

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T’ennuies-tu encore du Québec?

Oui, c’est certain, même si j’ai pu y passer beaucoup de temps cet été, ce qui m’a fait du bien. J’ai tourné dans la série Aller simple: Survivre et ç’a été vraiment le fun de faire ça. C’était un personnage vraiment différent. Je vais revenir dans quelques semaines pour jouer dans l’adaptation de Deux femmes en or, de Chloé Robichaud. Je suis heureuse quand je parviens à trouver un équilibre entre le Québec et Los Angeles et que je réussis à mener mes deux carrières de front. Pour moi, tourner au Québec, c’est la maison, c’est la famille. Il y a une belle intimité sur nos plateaux. Ça me «grounde», ça me rappelle aussi pourquoi je fais ce métier. Le fait de tourner chez nous, ça vient beaucoup plus chercher mon côté artistique.

As-tu peur en tournant à Los Angeles d’être oubliée au Québec?

Oui, absolument. J’ai l’impression que ça s’est déjà produit et qu’on assume que je ne suis pas libre, que je travaille sans cesse. Bon, c’est certain qu’en ce moment, je ne pourrais pas jouer dans une série quotidienne. Mon horaire ne me le permet pas. Mais je suis disponible pour tourner dans des séries limitées et des films, même que je vais toujours trouver le moyen de le faire, tout simplement parce que c’est ce que j’aime le plus faire. Jamais je ne vais snober le Québec, j’aime trop d’où je viens et notre milieu pour ça. Je pense que nulle part ailleurs on n’est plus talentueux que chez nous, au Canada. On a les meilleurs, des Denis Villeneuve, des Jean-Marc Vallée et combien d’autres... J’aimerais d’ailleurs tourner avec Denis Villeneuve. C’est mon plus grand rêve.

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Tu tournes dans Whistle, un film d’horreur. Parle-moi de ce projet.

Je tourne ça à Toronto avec le réalisateur Corin Hardy, le cinéaste derrière le film La religieuse, qui a obtenu un immense succès. L’histoire est celle d’un groupe de jeunes qui font la découverte d’un objet maudit qui viendra bouleverser leurs vies. Je vais aussi être du prochain film de Louise Archambault, La promesse d’Irena.

Est-ce que tu rêvais de cette vie-là?

Non, pas tant. Je rêvais d’être gymnaste, mais je me suis blessée. Sont ensuite arrivées les auditions pour La voleuse de livres, et me voilà à Hollywood. Ce n’était pas mon rêve, mais j’en suis extrêmement reconnaissante. Et plus je réussis, plus ma carrière avance, plus j’aime ce métier. Je peux cependant dire que ce n’est pas aussi glamour que ce que les gens pensent. Ç’a l’air incroyable de l’extérieur, mais on me fait porter des vêtements de grands designers que je ne porterai pas le lendemain, et dans deux heures je vais être dans mon lit à manger des Doritos. Ma vie n’est pas si glam que ça!

Les deux premières saisons de Yellowjackets sont diffusées sur Crave. La saison 3 est attendue pour 2025. 

La promesse d’Irena sortira en salle le 15 mars. 

Deux femmes en or devrait prendre l’affiche à l’été 2025.

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