Bianca Longpré: les aléas de la quarantaine

Photo : Julien Faugère, Groupe TVA

Michèle Lemieux

2020-03-21T04:00:00Z
2023-10-12T22:35:24.959Z

Dans la foulée de la pandémie qui sévit, le clan Longpré-Massicotte a dû se mettre en quarantaine à son retour de Floride, où il a séjourné lors de la semaine de relâche. En effet, les enfants ont présenté des symptômes qui ont obligé la famille à s’isoler en attendant les résultats des tests. La semaine dernière, Bianca nous a accordé une entrevue pour nous décrire cette situation hors de l’ordinaire. Au moment où nous mettions sous presse, elle nous apprenait que les résultats étaient négatifs.

Bianca, pourquoi a-t-on testé votre famille pour le coronavirus? 

Nous sommes allés à Disney durant la semaine de relâche. Le lendemain de notre retour, j’ai envoyé les enfants à l’école, comme d’habitude. Personne ne présentait de symptômes. À leur retour de l’école, les enfants toussaient. J’ai appelé le 811 et j’ai mis du temps à joindre quelqu’un. En soirée, j’ai finalement pu parler à une personne qui m’a expliqué que nous devions être testés et mis en quarantaine jusqu’à ce que nous ayons les résultats. 

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Et si vous êtes positifs, à quoi faudra-t-il s’attendre? 

Cela aura une influence sur l’école au complet, car c’est là que les enfants ont éprouvé leurs premiers symptômes. Les choses évoluent rapidement. À notre retour de voyage, on n’évoquait pas la quarantaine pour les voyageurs et, peu de temps après, la consigne était donnée: il fallait s’isoler pendant deux semaines au retour d’un voyage. Avant même qu’on annonce qu’il fallait éviter la tenue de rassemblements de plus de 250 personnes, j’ai dit à mon chum que ça n’avait pas de sens que j’aille à la rencontre des filles qui viennent voir mes shows. Il y a des filles de tous les âges, même des grands-mères. Je ne voudrais pas participer à la contamination... Quelques heures plus tard, François Legault suggérait d’annuler les rassemblements. 

Quelles sont les conséquences de cette décision, pour vous? 

Elles sont énormes! J’avais trois shows par semaine pendant le mois de mars. Nous avons tout reporté à plus tard. Même chose pour François. Nous ne sommes pas à plaindre, nous avons des sous, mais je pense à ceux pour qui ce genre de décisions sera plus difficile à assumer. Les shows seront peut-être reportés de quelques mois. 

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Comment se passe la quarantaine, chez vous? 

La vérité, c’est qu’après la relâche j’avais hâte que mes enfants retournent à l’école... Nous avons passé neuf jours dans un chalet à Disney, où nous avons vécu ensemble 24 heures sur 24. Nous étions partis en avion, mais nous sommes revenus en voiture pour éviter l’avion et les aéroports.

Photo : Collection personnelle
Sa famille en isolement après son retour de voyage.

Pourquoi cette prudence? 

Parce que ma mère a une maladie pulmonaire. Nous ne voulions pas prendre de risques, alors nous avons fait 24 heures de route. 

Comme elle habite la même maison que vous, avez-vous organisé les choses pour ne pas vous croiser? 

Non, car nous avions déjà passé une semaine ensemble. Si des enfants sont positifs, nous n’aurons pas le choix de nous isoler du reste de la famille. Nous avons déjà prévu la suite des choses: si nous avons un plus petit nombre de positifs au sein de la famille, nous allons descendre chez ma mère, et elle montera chez nous. Si c’est l’inverse, elle restera chez elle. Je suis une ancienne infirmière. Je suis à l’aise avec la prévention et l’organisation. Il faut rester chez soi et attendre que ça passe. 

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Avez-vous un enfant qui a une condition particulière sur le plan de la santé? 

J’ai un enfant qui souffre d’asthme. Il a ses pompes. La COVID-19 ne fait pas beaucoup de victimes chez les moins de 10 ans. Le danger, c’est pour ma mère à cause de sa condition pulmonaire. 

Travaillez-vous de la maison? 

Oui, mais c’est vraiment difficile avec les trois enfants. Ils ne sont pas au meilleur de leur forme, mais ils continuent de courir et de vivre leur vie! Quand on écrit, il faut de la tranquillité pour se concentrer; actuellement, c’est difficile d’y arriver. De famille sans écrans, nous sommes devenus une famille avec écrans. Lorsque mes enfants ont appris qu’ils étaient en quarantaine, ils capotaient! Ils pleuraient parce qu’ils aiment leur école. C’est pour cette raison que nous leur avons donné des permissions spéciales: ils peuvent se coucher plus tard et ils ont droit aux écrans. 

Il faut s’adapter afin que parents et enfants ne deviennent pas complètement aliénés! 

Oui, mais c’est vraiment difficile. Lorsque nous sortons jouer à l’extérieur, c’est pour aller dans la cour. Nous n’allons pas plus loin afin de ne pas risquer de contaminer qui que ce soit. Nous sommes tous tannés les uns des autres! Mes enfants n’ont pas envie d’être avec moi: ils veulent voir leurs amis! Ma fille me demandait récemment si nous allions retrouver notre vie d’avant... Pour occuper nos enfants, François et moi avons organisé un horaire comme dans un Club Med. Malgré tout, les enfants ont hâte de reprendre leur vie normale. Souvent, ça se termine dans la chicane et les cris... 

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Sur le plan concret, comment faites-vous pour vous ravitailler? 

Nous nous faisons livrer notre bouffe. Quelqu’un de notre entourage vient nous porter l’épicerie que nous avons faite en ligne. Mon frère nous donne un coup de main. Même la communauté de Mères ordinaires propose de nous aider! Lorsque l’école reprendra, nos enfants y retourneront, mais ils ne participeront pas aux activités et ne verront pas leurs amis. Ce sera une mi-quarantaine jusqu’à ce que tout soit terminé. 

Quand ils retourneront à l’école, leur ferez-vous porter un masque? 

Non. En tant qu’ex-infirmière, je sais que ça ne sert à rien de leur en mettre un. Ils ne garderaient pas leur masque en place... 

Le fait que vous soyez une ex-infirmière est-il rassurant pour la famille? 

Oui, et ces derniers temps, à plusieurs reprises, mes connaissances ont servi à ma famille. C’est évident qu’on est toujours heureux d’avoir une infirmière à la maison... Je me suis posé la question: après la quarantaine, je pourrais être qualifiée pour donner un coup de main et retourner sur le marché du travail à titre d’infirmière. Le temps que je ne donne pas de spectacles, je pourrais me rendre disponible. Si ça devenait nécessaire et qu’il y avait une pénurie de personnel infirmier, je le ferais. C’est quand même mon premier travail... Je suis en train de remettre mes choses en ordre afin d’obtenir mon permis pour prêter main-forte au milieu hospitalier.

  • Voyez le spectacle Mère ordinaire 1 à tva.ca. Il est aussi offert sur vidéo sur demande à Illico.
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