Ce café «hygge» au design ultramignon du Plateau annonce sa fermeture définitive
Naomi Auger
Un café bien installé sur la rue Saint-Denis a annoncé, en fin de semaine, sa fermeture définitive.
L’endroit à la décoration rose avait ouvert en novembre 2018. Inspiré du concept hygge, emprunté aux Scandinaves, la Dépendance permettait à ses clients et ses clientes de s’offrir une pause dans un lieu douillet et décoré avec goût.
En effet, c’était la designer d’intérieur et l’entrepreneure Karyne Beauregard qui se cachait derrière La Dépendance, café et boutique de la rue Saint-Denis.
Vite après son ouverture, l’endroit est devenu un lieu inspirant pour les Montréalais qui adorent la décoration et le design. Ce lieu au style scandinave épuré et frais donnait encore un peu de vie à la très passante rue Saint-Denis.
Sur les réseaux sociaux, après quelques mois houleux, la propriétaire a donné des nouvelles. Dans un long texte, elle explique que la situation actuelle rend très difficile pour elle de tenir La Dépendance:
«Comme vous le savez, l’économie actuelle n’est pas dans sa meilleure forme avouons-le. On voit fermer plusieurs entreprises et de plus en plus de petits commerces. Le contexte actuel est vraiment difficile et nous n’y échappons pas», écrit la propriétaire.
«Nous sommes passés de peine et de misère à travers cette crise [la pandémie] et à travers d’autres épreuves (construction reliée au REV, travaux divers sur la rue, etc.) jusqu’à ce que la pénurie de main-d’œuvre et les fortes hausses de prix des matières premières et emballages frappent aussi à notre porte. Sans compter, le fait que nous aurions dû nous adapter encore et augmenter nos frais à partir du 31 mars prochain où les emballages à usage unique ne seront plus permis. Nous ne sommes pas contre la vertu et les valeurs écologiques, mais tout ça a un coût, coût difficile à intégrer dans nos prix, les consommateurs ayant un plafond psychologique pour le prix qu’ils sont prêts à payer pour un café et une pâtisserie!»
«Sans compter les taxes commerciales sur la rue! Pour comprendre un peu comment cela peut affecter les petits commerces comme le nôtre, il nous en coûtait presque 13 500$/an de taxes commerciales. Faut que tu en vendes du café juste pour payer ça!» poursuit-elle.
«La dernière année a été éprouvante pour moi qui ai dû combler les absences des employés en plus de mettre les bouchées plus que doubles pour tenter de maintenir à "flot", une entreprise en mode survie, avec tout le stress que cela occasionne. Les montagnes russes et l’insécurité financière, ça finit par épuiser solidement, même si on a toute l’énergie du monde.»
«Force est de constater que notre modèle d’affaires, comme nous l’avions imaginé avant la pandémie, n’est plus approprié, dû, entre autres, à la taille de notre espace et à son aménagement, demandant une importante équipe pour en assurer les opérations», raconte-t-elle.
«C’est après avoir beaucoup réfléchi, compté, analysé, pesé les pour et les contre que nous avons pris cette importante et difficile décision. C’est donc le cœur en miettes que je vous annonce la fin définitive de ce bel espace comme vous le connaissiez et l’avez tellement apprécié. Il nous a permis de rencontrer des gens extraordinaires parmi nos fournisseurs, clients et employés, certains avec lesquels, nous avons développé de belles amitiés qui perdureront dans le temps, ce qui n’est pas rien», confie Karyne.
«Si vous saviez comme il est difficile de faire le deuil de son entreprise. On parle beaucoup du côté glamour d'être entrepreneur, mais trop peu souvent des effets psychologiques et de la charge mentale d'être en affaires. Je pourrais écrire un livre là-dessus.»
«Je vous remercie sincèrement du plus profond de mon cœur pour avoir été de si bons clients et avoir tant aimé La Dépendance. Ce fut un réel bonheur de vous revoir en décembre dernier. Malgré ce que nous avons vécu en termes de difficultés, c’est ce beau souvenir qui restera à jamais gravé dans ma mémoire d’entrepreneure.»
Elle conclut en disant que le concept de La Dépendance ne meurt pas. Il sera conservé précieusement dans son cœur et dans son âme: «Certaines idées continuent à surgir dans ma tête donc peut-être que vous verrez réapparaître La Dépendance, dans sa forme éphémère voire peut-être mobile.»
Ce sont les délicieux scones, les lattes aromatisés et la vibe du café qui se feront manquer. L’équipe de Silo 57 envoie beaucoup d’amour à la propriétaire de l’endroit.
La Dépendance
4282, rue Saint-Denis