Charles Lafortune rêve de s’asseoir dans le fauteuil de coach à La Voix
Nathalie Slight
En 10 ans, il a vu passer des centaines de candidats, entendu des centaines de chansons, travaillé avec différents coachs et pourtant, lorsqu’il parle de La Voix, Charles Lafortune a toujours des étincelles dans les yeux.
Charles, dans quel état d'esprit étais-tu en janvier 2013, lorsque tu as animé la première émission de La Voix?
Pour la petite histoire, j'avais suivi The Voice aux États-Unis avec Christina Aguilera, Cee Lo Green, Adam Levine et Blake Shelton. J'étais tellement sous le charme de cette émission que j'ai appelé les dirigeants de TVA pour leur dire que s'il y avait une adaptation québécoise, je serais vraiment intéressé à l'animer. C'est assez rare que je me manifeste de la sorte, mais je sentais que j'aurais du plaisir à la barre de cette compétition musicale.
Tu devais être fébrile lorsque tu t'es présenté sur le plateau pour la première fois!
Oh que oui! Je me souviens d'avoir pris quelques secondes pour me dire: «Wow! je suis vraiment en train de vivre ça, moi?» Lors de tout premiers enregistrements, je n'en revenais pas à quel point le plateau était chargé d'émotions. Les candidats, les familles, les coachs... tout le monde était à fleur de peau.
Dix ans plus tard, l'émotion est-elle toujours au rendez-vous?
Je dirais qu'elle l'est encore plus parce que les candidats sont conscients que leur participation à l'émission peut donner un coup de pouce à leur carrière et même carrément changer leur vie. Par contre, il y a maintenant plus de stratégie, plusieurs participants planifient au-delà de leur audition à l'aveugle.
Que veux-tu dire?
Plusieurs chanteurs et chanteuses choisissent un coach qui ne partage pas nécessairement les mêmes affinités musicales qu'eux, de façon à se retrouver dans une équipe plus diversifiée lors des duels. Par exemple, pour un candidat qui chante du R&B, le choix naturel serait dd'aller vers Corneille. Mais pourquoi ne pas rejoindre l'équipe de Roxane Bruneau? Même chose pour un rockeur, qui pourrait très bien se tourner vers Mario Pelchat!
As-tu un attachement particulier envers les candidats qui mènent une carrière solo?
Bien sûr! Lorsque j'entends une chanson de Charlotte Cardin, Matt Holubowski ou Ludovick Bourgeois à la radio, j'ai le même sentiment de fierté que si quelqu'un de ma famille avait réussi un exploit. Je me trouve un peu ridicule d'être aussi ému, mais ça me fait toujours le même effet, même après 10 saisons.
Pourquoi, selon toi?
Percer la scène musicale, c'est extrêmement difficile de nos jours. Les ventes d'album ne sont plus ce qu'elles étaient, il faut travailler fort pour faire sa place. Plusieurs candidats de La Voix aspirent à un carrière solo, avec des chansons originales. Lorsque ça se concrétise, je suis extrêmement content pour eux.
Aimerais-tu parfois avoir le droit de vote à l'émission?
Tellement! Je rêve de m'asseoir dans le fauteuil d'un coach pour vivre les auditions à l'aveugle, parce qu'il m'est arrivé de ne pas être d'accord avec eux, de trouver qu'ils avaient laissé partir tel candidat qui aurait clairement dû faire partie de l'aventure. Mais j'ai compris, avec les années, que ce n'est pas un spectacle, mais bien un concours. Si tu as déjà un candidat semblable dans ton équipe, ça se peut que tu passes ton tour. Ce sont des décisions crève-coeur, surtout lorsque les auditions à l'aveugle tirent à leur fin et que les équipes sont presque complètes, mais ça fait partie intégrante de l'expérience de La Voix!