Sabrina Cournoyer révèle comment le yoga a changé sa vie

Photo : Julien Faugere

Pascale Wilhelmy

2020-08-24T12:00:00Z
2023-10-12T23:46:28.501Z

Très rapidement, la chroniqueuse culturelle de Salut Bonjour est entrée dans le cœur des gens par sa spontanéité et sa manière d’être. On le sent, l’écran ne ment pas: cette fille est entière et authentique. Lorsqu’elle regarde le chemin parcouru, Sabrina Cournoyer s’étonne, et elle est aussi fière d’elle. Car jamais elle n'a abandonné, même dans les moments les plus durs...

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Sabrina, tu as fait tes débuts à Salut Bonjour Weekend il y a cinq ans et, rapidement, le public t'a adoptée. Tu expliques ça comment?

Wow! Ça commence avec une question frappante. (rires) Parce qu'en fait, je dis souvent à ma mère: «Je ne comprends pas ce qui se passe.» Souvent on m'écrit pour me dire que j’ai fait telle affaire et que ça a fait une belle différence dans la journée. Ou encore on m’arrête pour me dire que mon énergie fait du bien. C’est difficile de parler de soi comme ça, mais j’ose espérer que ce que les gens apprécient, c’est l’authenticité qui m’habite. Je prends le bon dans tout, même s’il y a toute la partie des réseaux sociaux dans laquelle on ne s’enlisera pas, parce qu’on en retient le négatif. Personnellement, j’ai décidé de fermer ma page Facebook professionnelle; je trouvais que c’était trop lourd. Je suis hypersensible, dans la vie, je suis trop empathique aussi. Alors si une personne m’écrit des insultes, je pense tout de suite qu’elle ne doit pas bien aller, et je me mets à me sentir mal pour elle, alors qu’elle vient de m’insulter... Mais en général, je reçois beaucoup d'amour et je ne comprends pas encore pourquoi. (rires)

Je pense tout de même que tu as mis le doigt sur ce qu'on ressent: ton authenticité. Parce qu'on te voit rire, parfois pleurer, sans en mettre trop, mais sans cacher tes émotions non plus...
Je serais incapable de les cacher! Il y a quelque chose qui me force à les sortir ces émotions-là, et le peu de fois où je me suis forcée à cacher une émotion, je me suis sentie fausse. J’ai côtoyé plein de gens dans ma vie, et certains me disaient: «T’es trop», «T’es trop toute dans toutes tes émotions.» À un moment donné, je me suis demandé: «C’est si grave? Ce n’est pas la bonne chose que je fais en étant comme je suis?» Alors, je suis intense, je réagis, même si c’est parfois beaucoup à gérer pour mon entourage. (rires)

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C’est un peu le même rapport que tu as sur tes réseaux sociaux, où à certains moments tu te livres dans des messages qui ont une grande portée. Comme celui du Nouvel An, où tu nous as présenté ton nouvel amoureux, et où tu as tenu à dire que c’était bien aussi d’être seule...
Avec ce message, je voulais redonner espoir aux gens que je côtoie, car on le lit partout qu’on a de la difficulté à trouver l’amour. Mon «parfait» à moi, qui est parfait dans ses imperfections, qui m’accepte dans les miennes, je voulais le présenter, mais sans que ce soit: «Regardez, j’ai trouvé l’amour!» En fait, je n’aime pas partager des choses qui ne parlent que de moi. Par contre, je veux toujours utiliser mon vécu pour dire aux gens que je comprends par où ils passent, leur découragement parfois. Mais il faut commencer à travailler sur soi, parce que pour moi, c’est la clé. C’est à cet instant-là que tout a débarré: quand je me suis rendu compte que tout ce qui arrive dans notre vie part de nous. Lorsque l’on comprend ça, on ne peut pas simplement attendre de rencontrer quelqu’un d’autre pour nous compléter. Pas plus qu’on ne peut attendre qu’il vienne nous enlever tous nos malheurs, notre mal-être. Il faut être prêt avant de tendre la main à une autre personne... Et c’est là que j’ai reçu plein de messages. J’ai été surprise de recevoir des témoignages de femmes qui me disaient que c’était les mots qu’elles avaient besoin de lire. D’autres m’ont demandé ce que j’avais fait pour «travailler» sur moi.

Justement, qu’as-tu fait?
Je ne veux pas plonger là-dedans, disons simplement qu’il y a eu des grosses tempêtes dans ma famille quand j’étais jeune. À l’adolescence, j’étais très colérique. J’avais beaucoup d’émotions qui m’habitaient, mais j’étais incapable de les exprimer, de les mettre en mots. Dès le début du cégep, j’ai commencé à consulter en psychothérapie. Je ne sais ce qui a été le déclencheur, mais à 16 ou 17 ans, je comprenais que je n’avais pas les réponses à ma colère, mais qu’elle devait cesser. À l’époque, la musique me servait de thérapie. Elle me permettait de mettre des mots sur mes émotions, de ventiler aussi. J’écoutais beaucoup de punk et du heavy metal. J’ai eu des piercings dans le visage, j’ai mes tatouages. Ma mère a été très patiente. Je suis passée par plein de trucs, mais je l’assume, ça fait partie de moi. Alors j’ai consulté pour la première fois au cégep, de mon plein gré. Ça a ouvert une porte dans ma tête: j’ai réalisé que quelqu’un d’autre pouvait avoir les réponses pour moi. Depuis, c’est devenu naturel dans ma vie, je consulte au besoin. Si je réalise que je suis triste depuis quelques jours, que je n’ai pas les réponses, je prends un rendez-vous. J’ai énormément déménagé partout au Québec et, chaque fois, je me trouvais un psychologue dans une nouvelle ville.

C’est bien que tu en parles ouvertement.
Je n’ai aucune honte à en parler. Du moment où j’ai consulté, je n’ai jamais été gênée de dire à qui que ce soit que je le faisais. On a tous des bobos dont on ne sait pas d’où ils viennent. C’est bon d’en défaire les nœuds. À mes yeux, c’est comme aller chez le médecin; à un moment donné, si tu ne prends pas soin de ta santé mentale, ça va avoir des répercussions sur toute ta vie. Dans mon parcours, il y a eu beaucoup de psychothérapie. J’ai aussi fait ma formation comme professeure de yoga, et je suis tombée en amour avec la discipline. Encore là, j’en fais au besoin, quand je ressens que mon corps aurait besoin d’un break et ma tête aussi...

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Tu as même étudié pour être professeure de yoga!
Oui, dans cette période intense où j’ai perdu mes deux emplois en une seule semaine! Un vendredi, un contrat se terminait à la radio; le vendredi suivant, un autre se terminait à MusiquePlus. Je me suis retrouvée devant rien. Au fil des mois, rien d’autre ne se présentait à moi, alors je me suis demandé ce qui m’intéresserait autant que les médias et j’ai eu envie d’enseigner le yoga. Ma formation de yoga, c’est un gros morceau de mon développement humain; ça a tellement remis les choses en place!

Tu as donc la certitude que tout ça a changé ta vie...
Complètement. Je ne te dis pas qu’on guérit de tout, mais avant, ça pouvait être une tempête pendant des heures, des jours même, où cette colère-là ne me quittait pas. Aujourd’hui, je suis capable de prendre du recul. 

Quand on te regarde, ce n’est pas l’image qui nous vient à l’esprit, l’adolescente en colère...
Ça arrive de plus en plus rarement, c’est sûr. Maintenant, je pleure pour toutes les émotions! C’est souvent ce que je dis à mon chum: «Tu me vois souvent pleurer, mais parce que je pleure pour tout. Quand je suis triste, quand je trouve quelque chose de beau, quand je suis en colère, quand je suis contente... Alors, ne prends pas automatiquement mes larmes comme quelque chose de négatif. Ne fuis pas!» (rires)

Et ton chum ne fuit pas. Vous êtes en amour depuis un an...
Oui, le 22 août, ça va faire un an. Ça faisait deux ans que j’étais célibataire et je voulais prendre du temps pour moi. J’étais en paix avec mon célibat. C’est sain. Tu ne peux pas apprendre à te connaître autant si tu es avec quelqu’un. J’ai croisé une amie qui m’a raconté que, depuis quatre mois, elle fréquentait quelqu’un qu’elle avait rencontré sur l’application Bumble, et j’ai pensé: «Pourquoi pas?» Cette journée-là, je me suis inscrite, j’ai liké la photo de François, qui est devenu mon chum. Je m’étais dit: «Dans 24 heures, si je suis tannée, je supprime l’application.» Et lui aussi avait aimé mon profil. Nous avons échangé par écrit pendant une semaine. Finalement, nous sommes allés prendre un verre, et on ne s’est pas lâchés depuis! On vient même de s’acheter un condo ensemble. Il est en construction, nous allons l’habiter dans deux mois.

C’est un grand saut...
C’est surtout la première fois que j’ai un projet commun avec un homme et que je peux parler d’avenir sans lui faire peur. On va habiter juste en face de TVA! François vient de Québec et il aime beaucoup Montréal, il trouve ça effervescent. Moi aussi. Alors, on va être bien. C’est un beau saut. Je n’en parle pas à beaucoup de gens parce que nos trucs sont arrivés rapidement; on dirait que je veux protéger ce petit bonheur. Mais là, je l’assume et je ne suis pas mal à l’aise d’en parler avec toi aujourd’hui. Je me rends compte que je voulais éviter qu’on me dise que ça survenait trop vite. François et moi, nous l’avons senti, et ça s’est fait naturellement.

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Parlons un peu de ton parcours...
Je suis allée au cégep à Jonquière en communication, et je voulais travailler en radio pour partager ma passion de la musique, faire découvrir mes coups de cœur. Je rêvais de radio et de travailler à MusiquePlus, et c’est arrivé. Puis, en juillet 2013, j’ai perdu mes deux emplois en une semaine J’étais en deuil. Pendant une année et demie, il n’y a rien eu. Par le biais d’une amie, on m’a appelée pour que je passe un screen test avec Ève-Marie et un deuxième avec Gino, pour Salut Bonjour. Le premier test s’est vraiment mal passé! J’ai même appelé ma mère pour lui dire que c’était un fiasco. Puis on m’a rappelée pour le deuxième test et, à un moment donné, j’ai déclenché un fou rire sur le plateau avec une anecdote, sans savoir que j’avais semé quelque chose. Je pense que ça a joué en ma faveur, et j’ai obtenu le remplacement de quelques mois à Salut Bonjour Weekend. C’était fou comme horaire, je faisais ça en même temps qu’un autre remplacement à la radio et que je suivais ma formation de yoga. J’ai même fait une mononucléose, mais je n’ai pas lâché. Je me répétais qu’il y avait une raison pour que tout arrive en même temps. Et la journée où j’ai terminé mon contrat à la radio, la productrice de Salut Bonjour m’appelait pour m’annoncer que j’étais officiellement avec l’équipe à l’automne. C’est là que je me suis dit que toutes les périodes de la vie qui semblent provo- quées, douloureuses, nous mènent toujours à quelque chose. Depuis, j’ai plus confiance en la vie. 

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Maintenant que tu es bien ancrée dans l’équipe, comment te sens-tu, le matin, lorsque tu vas travailler à Salut Bonjour?
Je sais qu’il ne faut jamais dire ça... mais je n’ai pas l’impression d’aller travailler! (rires) On a du fun dès qu’on arrive. Je suis là vers 3h45, 4h, je suis une des premières, et après ça, chaque personne qui débarque est de bonne humeur. C’est vraiment précieux cette énergie. Parce que ce n’est pas toujours facile de se coucher tôt le soir, de se lever si tôt aussi, mais quand on sait que c’est pour aller faire la chose qu’on aime le plus au monde, avec des humains qu’on aime, ça ne compte plus. Et même si ça fait cliché, Salut Bonjour, c’est comme une famille qui m’a ouvert les bras. Ève-Marie et Gino ont été d’excellents professeurs: je les ai regardés dans leur manière d’être posés, de trouver le bon vocabulaire, d’être à l’écoute. Ils sont aussi très patients et très sécurisants.       

Tu es donc à ta place, maintenant...
Vraiment. Même si 2020 est une étrange année, je réalise à travers tout ça que, pour la première fois, j’ai des ancrages dans tous les aspects de ma vie. Parfois, je mettais l’accent sur le travail quand le reste de ma vie était une tornade. Je suis fière de ne pas avoir lâché dans les moments les plus durs et d’avoir continué de croire à l’amour. J’ai quand même rencontré l’amour — qui selon moi est l’amour de ma vie — à 32 ans, alors que, plus jeune, je me disais qu’à la mi-vingtaine j’allais l’avoir rencontré et que j’aurais des enfants à 30 ans... Je me rends compte que c’est lorsqu’on lâche prise que tout se place.

Au cours de l’entrevue, tu as parlé de ta mère. Vous avez une belle relation?
On est tellement pareilles! Ça a créé beaucoup de conflits dans le passé. Mais c’est seulement aujourd’hui que je réalise à quel point elle m'aime. Je n'en ai jamais douté, mais à mon adolescence, ça a tellement été conflictuel entre nous. Pas parce qu’elle n’était pas une bonne mère, mais juste parce qu’elle voulait me protéger. Elle ne devait pas comprendre mes états colériques, tout comme moi qui n’arrivais pas à les déchiffrer. Dans la dernière année, je suis tombée sur mon livre de naissance, qui avait pris l’humidité. J’ai demandé à ma mère si elle pouvait le sauver. De son côté, elle a retrouvé un journal qu’elle avait écrit durant sa grossesse, dont j’ignorais l’existence. Elle me l’a retranscrit à l’ordinateur et j’ai réalisé à quel point, avant même que j’existe, j’étais importante pour elle. Et ça me touche vraiment. 

Salut Bonjour, du lundi au vendredi à 6 h, à TVA.

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