Danielle Ouimet écrit un livre sur sa vie
Michèle Lemieux
À 75 ans, Danielle Ouimet nous inspire en raison de son parcours singulier, mais aussi de cette jeunesse éternelle qui est la sienne. Grâce à une forme exceptionnelle, elle élabore des projets professionnels, mène d’importantes rénovations, continue de peindre et rédige un livre sur sa vie. Celui-ci relatera des anecdotes et des situations qui sortent de l’ordinaire et dont le titre est révélateur: Ça n’arrive qu’à Danielle!
Danielle, vous célébrez cette année un anniversaire important dans votre carrière.
Oui, j’ai commencé en 1962, ça fait donc 60 ans. Même si, pendant un bon moment, on ne m’a pas offert de projet, c’est un métier que j’aime. Quand je regarde la télé, je pense à ce qui pourrait être fait autrement. Récemment, j’ai présenté deux projets à une boîte de production, dont un qui avait été refusé en 2006, et ils ont été acceptés. Toute l’équipe les a aimés! L’un d’eux vise à préserver les mémoires. J’ai eu un grand coup au cœur en voyant des artistes partir, comme Michel Louvain: on ne connaissait à peu près rien de sa vie. J’aimerais sauvegarder ces mémoires. Comme j’ai été le flirt de certains artistes, je serais insultée s’ils refusaient de collaborer! (rires)
À l’époque, tout le monde n’en avait que pour vous!
C’est drôle comme le temps change le regard qu’on porte sur les choses... À l’époque, on disait que je sortais avec n’importe qui, tandis qu’aujourd’hui, je suis comme une madone! Mais, pour moi, les amoureux, c’est terminé.
Vous avez fait une croix sur l’amour?
Oui. Je fais exactement ce que j’ai toujours eu envie de faire et je n’attends rien de personne. Je me suis mariée une seule fois, mais sinon je ne suis jamais partie vivre chez quelqu’un: tous mes amoureux sont venus vivre chez moi, et pas un seul n’a payé la moitié de ma maison ou de mon appartement.
Avez-vous eu de longues relations?
Elles ont toujours duré quatre ans, jamais plus, parce que mon métier a toujours été ma priorité. Si j’avais une série à Québec, je partais travailler. Je proposais qu’on se voie les fins de semaine. Mon partenaire se demandait alors ce qu’il allait faire durant la semaine... Passer deuxième, c’est dur. Si j’étais avec quelqu’un qui faisait le même métier que moi, il comprenait mieux les enjeux, mais il y avait d’autres problèmes. C’est trop compliqué. Je me fais flirter par des gars de 30 ou 40 ans... Je leur dis que non seulement je pourrais être leur mère, mais que mon fils est plus vieux qu’eux. (rires) Il a 55 ans!
On vous sait si attachée à votre famille. Avez-vous gardé des liens serrés?
Je vis un drame, sur ce plan. Mon fils a décidé d’aller vivre à Paris. Je n’ai qu’un enfant, c’est ma seule famille, à part ma famille d’origine dont je suis très proche. Mais ils ne pouvaient pas dire non à cette offre, ils sont bien là-bas. J’aurais fait de même si j’en avais eu l’occasion.
Êtes-vous allée les visiter?
Pas encore, mais je veux y aller. Ils ont un immense appartement. Le déménagement a été assumé par l’entreprise où travaille ma belle-fille. Elle est québécoise, mais d’origine sicilienne. Mon fils m’a dit qu’ils reviendront un jour, mais dans cinq ans; j’aurai 80 ans... Ma petite-fille a 14 ans, c’est un âge particulier. Lorsqu’on se parle par Zoom, quelle que soit la question, elle me répond par un seul mot. Mon fils est premier assistant sur des productions cinématographiques. Dans notre famille, on est tous dans le show-business. Mon neveu et filleul fait partie d’un band, Five Roses. Il chante du country. Ma nièce Valérie, qui est comme ma deuxième fille, fait des voix, et son chum est réalisateur. Elle a deux enfants, et je suis en amour avec eux! Adèle a quatre ans et Victor, un an. L’autre jour, après que j’ai joué avec elle, la petite m’a dit: Je te remercie «grand-Dada», parce qu’elle m’appelle Dada pour Danielle!
Vous avez eu 75 ans. On a peine à y croire!
Moi-même, je n’arrive pas à y croire... J’ai eu une belle vie. Cela étant dit, ce n’est pas facile de faire ce métier. Au bout du compte, il y a des leçons à tirer partout. Les gens me disent souvent que je suis de nature généreuse, mais qu’y a-t-il de plus beau que de rendre quelqu’un heureux? Une personne qui a besoin d’écoute, un ami qui nous dit: «Je ne sais pas ce que je ferais sans toi...» C’est bon à entendre.
Et votre santé, comment va-t-elle?
Je suis naturellement en forme et en santé. Je ne fais plus de sport, mais je suis active. Je ne prends pas de médicament et je n’arrête pas! J’ai procédé à de gros travaux chez moi, car la verrière s’enfonçait dans la glaise. Pendant deux semaines, la maison a été une catastrophe! Je peins encore. Je fais aussi de la peinture sur verre.
Aimeriez-vous faire à nouveau de la télé?
Oui. J’aimerais animer une émission hebdomadaire. La première fois que j’ai fait de la télé, c’est Janette Bertrand qui m’avait choisie pour participer à Jeunesse d’aujourd’hui. Elle rassemblait des étudiantes qui avaient fait des activités parascolaires. J’avais suivi des cours de ballet et de dessin. Mon premier métier a été dessinatrice de mode. Je n’ai pas gagné mais, par un concours de circonstances, on a su que la gagnante avait falsifié ses diplômes, alors on l’avait discrètement éloignée et on m’avait demandé de la remplacer dans les mandats qu’on devait lui confier pour l’émission. C’est ainsi que j’ai débuté. Ça, c’est le genre de choses qui n’arrivent qu’à Danielle! (rires) Il m’arrive toujours quelque chose qui sort de l’ordinaire.
Ce sera le titre de votre prochain livre, si je ne m’abuse?
Oui, il relatera des anecdotes de ma vie et du milieu, des hommes politiques que j’ai rencontrés. René Lévesque m’avait dit qu’un jour où son avion était resté pris à Alma, il avait vu que Valérie tenait l’affiche en face du restaurant où il déjeunait. Il avait fait ouvrir le cinéma à 9 h le matin pour que ceux qui l’accompagnaient puissent le voir! (rires)
Ressentez-vous une certaine fierté face à ce long parcours?
Je ne sais pas... Je suis une Gémeaux. Ils se demandent toujours: «Qu’est-ce qu’on peut faire de plus l’fun que ce qu’on a déjà vécu?» Moi, ça me permet de n’avoir peur de rien.
Danielle écrit un livre autobiographique qui devrait sortir l’an prochain.
