Richard Z. Sirois donne des nouvelles de sa famille et de sa nouvelle vie à Matane

Robert Halmos

Jean-François Brassard

2021-04-09T12:00:00Z

Le 12 juin 2020, en après-midi, après avoir reconduit sa fille, Julianne, chez sa mère, Richard Z. Sirois consulte son GPS avant de retourner chez lui. C'est à ce moment qu'il prend une décision qui changera le cours de sa vie.

Depuis un an, hélas, les entrevues que vous lisez dans nos pages se déroulent au téléphone. Dans le cas qui nous occupe, même si «pandémie» ne faisait pas partie de notre vocabulaire, nous n’aurions d’autre choix. Pour un journaliste qui habite à Montréal, c’est loin, Matane! C’est là que, depuis septembre dernier, Richard Z. Sirois habite. 

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À l’autre bout du fil et de la route 132, la voix est celle d’un ado de 64 ans. La grande forme. Le vent du fleuve au cœur de l’hiver, ça garde jeune. Les petites promenades matinales à l’air pur pour aller acheter ses crevettes ou son saumon fumé à 10 minutes de chez lui, aussi. Mais qu’est-ce qu’il fait là, aux portes de la Gaspésie, cet ancien RBO et 100 Limite qui, durant 25 ans, a bossé dans le domaine de l’humour? 

La réponse se trouve dans les branches de sa généalogie. «Mes parents sont originaires de Matane. Du côté de mon père, ils étaient 9 enfants, et du côté de ma mère, 14. J’y suis né en 1956. J’avais six ans quand mes parents ont déménagé à Montréal.» Mais il a toujours gardé le coin de pays qui l’avait vu naître dans son cœur. Devenu citadin, le gamin passait tous ses étés en Gaspésie. «Nous étions cinq enfants. Pour nous, c’était le paradis, avec le fleuve, les rivières, les chalets familiaux...» 

En 1979, étudiant à l’UQAM en communication, il avait fait son stage en journalisme à Radio-Canada Matane. D’accord, sa carrière de journaliste est morte dans l’œuf, mais l’aventure de RBO en valait drôlement le coup. Et que dire de celles de 100 Limite et des Bleu poudre! À l’antenne de CKOI, il y a eu Les midis fous et Les justiciers masqués, aussi. C’est ainsi que Richard a oblitéré sa carrière de journaliste au profit de celle d’humoriste. Un espace-temps qui lui aura permis d’avoir trois enfants. 

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TQS
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TROIS ENFANTS DEVENUS GRANDS
Justement, parlons-en des enfants! Le fait qu’ils n’en soient plus est l’un des facteurs qui ont contribué au réenracinement de leur papa.      

«Patrick, que j’ai eu avec Chantal Francke, aura bientôt 32 ans. Il est producteur et est derrière Le dernier vol de Raymond Boulanger, que vient de diffuser Canal D. Émile a 21 ans et étudie en histoire à l’université. Julianne a 19 ans et étudie au cégep en design de mode.» 

Il n’y a donc plus de bébés à la maison. Mais un papa, c’est toujours pratique! «L’été dernier, ma fille m’a appelé parce qu’elle avait absolument besoin d’un lift pour transporter son matériel. C’était le 12 juin. Je l’ai conduite chez sa mère puis, vers 14 h, j’ai regardé mon GPS pour voir combien de temps ça allait me prendre pour retourner à la maison. Ça représentait 2 h 15 de route. Ça faisait 20 ans que j’étais dans le trafic. C’est à ce moment-là que j’ai pris ma décision.» 

Sur-le-champ, Richard décidait de quitter son condo de Saint-Jérôme, dans les Basses-Laurentides. «J’ai remis les clés le 25 septembre au matin, puis j’ai rempli l’auto et, le soir même, je dormais à Matane. Depuis, c’est le paradis pour moi. Parfois, je regrette d’avoir passé 20 ans sur l’Autoroute des Laurentides...» Non, ce soir-là, Richard n’a pas dormi dans son char! Bien au contraire!      

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JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL
JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL

VICTOR SIROIS, PHOTOGRAPHE
À Matane, Victor Sirois, grand-père de Richard, est un pionnier. Une légende. «Il a été le premier photographe de la région et il avait sa propre boutique de photo, dès 1931, dans sa résidence privée.»      

La maison de la famille Sirois était immense. Au rez-de-chaussée, Victor tenait boutique. Au sous-sol se trouvaient les laboratoires et l’imprimerie, et au dernier étage, le studio. À la suite de son décès, sa fille Yvonne a pris la relève. «Ma tante a fermé la boutique en 1995, le jour de ses 65 ans.» Plus tard, le père de Richard et frère jumeau d’Yvonne allait la rejoindre dans la maison qui les avait vus naître. Il reprend: «J’ai hérité de la maison quand mon père est décédé, en 2018. Rien ne rappelait la boutique de photographie. Ils avaient rangé tout le matériel au grenier et au sous-sol.» 

Dès lors, son digne descendant s’est donné pour mission de mettre en valeur l’inestimable patrimoine caché entre les murs de la maison. Richard nous aide à faire un inventaire sommaire: «Mon grand-père était d’une précision inouïe. La Société d’histoire et de généalogie de Matane (SHGM) a estimé que, dans les locaux du haut, il y a 156 000 négatifs et 40 000 photos répartis dans des dizaines de milliers d’enveloppes.» 

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Des trésors, Richard en découvre au quotidien. «Ce qui m’a surpris, c’est qu’ils ont fermé le magasin en 1995 et qu’ils n’ont rien jeté. Ils ont tout gardé! Il ne manque rien. Quelqu’un pourrait entrer dans le magasin et il se croirait dans les années 1970. Les affiches lumineuses de Kodak sont comme neuves. Je n’ai eu qu’à les sortir de leur boîte et les brancher.» 

Collection personnelle
Collection personnelle

Collection personnelle
Collection personnelle

PARTAGER LE PATRIMOINE
De la cave au grenier, le nouveau maître des lieux s’est donné pour mission de redonner à la maison son lustre d’antan. «Au rez-de-chaussée, le magasin est pratiquement terminé. À l’étage, je suis pas mal avancé afin que le studio de pose retrouve son aspect d’origine. Les laboratoires et l’imprimerie sont au sous-sol, et j’ai encore beaucoup de ménage à faire.» Le petit-fils de Victor fait tout ça dans un seul et unique but: «Mon job depuis septembre, et pour les années qui viennent, est de mettre ces richesses en valeur pour que tous puissent en bénéficier.»      

Déjà, l’été dernier, de concert avec la SHGM, une exposition extérieure d’une centaine de photos de 3 pi x 5 pi s’est déployée dans différents endroits de la ville. «C’était magnifique! Les photos ont été agrandies à partir de négatifs en parfait état, dont certains datent des années 1930. On va en faire une autre l’été prochain. Et, si les conditions sanitaires le permettent, j’aimerais ouvrir au public la boutique une journée par semaine.» 

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Collection personnelle
Collection personnelle

Collection personnelle
Collection personnelle

IMPLIQUÉ DANS LA COMMUNAUTÉ
Oui, la vie est bonne pour Richard à Matane. «Quelques jours après que j’ai emménagé, en septembre dernier, je recevais un coup de téléphone de Kaméléart, qui me demandait de me joindre à eux.» Cette société, dirigée par Danielle Smith, une ancienne du Cirque du Soleil, est le seul et unique diffuseur de spectacles de la Matanie. Puis la radio de Radio-Canada lui offrait une chronique mensuelle. Plus récemment, il était nommé conseiller du Parti québécois dans la circonscription de Matane-Matapédia, dont Pascal Bérubé est le député. «Je me suis impliqué très rapidement dans la communauté en arrivant ici.» C’est le moins qu’on puisse dire! 

Il a beau être très proche de ses enfants, le père de famille s’est éloigné à près de sept heures de route. Il va sans dire que sa porte leur est toujours ouverte et... ils ne s’en privent pas! «Ils adorent venir ici. J’ai laissé à mon plus grand le chalet que j’avais dans la région. Il y vient avec sa blonde. L’été dernier, ma fille est venue avec ses amies. Durant les fêtes, mon autre garçon est venu trois semaines avant de recommencer l’université. Depuis qu’ils sont petits, les trois sont très attachés à la Gaspésie.» Et à papa. Ajoutez à tout ça plein de cousins et cousines, et Richard Z. Sirois a trouvé son paradis sur terre.

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