Deux anniversaires marquants pour Louise Portal et son mari Jacques Hébert

Dominic Gouin

Michèle Lemieux

2020-05-21T10:00:00Z
2023-10-12T23:03:10.876Z

Le 12 mai, Louise Portal a atteint le cap des 70 ans et soulignait, le lendemain, 25 ans de mariage avec Jacques Hébert, l’homme de sa vie. Puisque les circonstances forcent la distanciation sociale, le couple a dû annuler les festivités autour de ces deux événements. C’est donc en tête à tête que ces éternels amoureux célèbrent en cette période qui suscite bien des réflexions.

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Louise, vous venez d’avoir 70 ans et vous célébrez en plus vos noces d’argent. Vous avez dû fêter en tête à tête...

Louise: Effectivement. Ça fait un an que Jacques et moi avions hâte de célébrer ces deux événements. Nous sommes à l’âge où beaucoup de choses peuvent arriver... C’était une belle occasion de réunir famille et amis, mais cette grande fête avec musique, témoignages et surprises pour nos 60 invités est annulée. 

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Jacques: J’étais heureux de refaire nos vœux d’amoureux au moment de souligner notre 25e anniversaire de mariage, mais les plans ont changé entre-temps: je suis devenu préposé auprès d’une personne âgée! (rires) Après tout, je n’ai que 66 ans...

L.: Je suis privilégiée, car Jacques veille à mon confort. À 70 ans, je suis dorénavant une «aînée»! Pourtant, je suis en santé et active. C’est important de nommer les choses. Bien des gens dans mon milieu ne veulent pas dévoiler leur âge, et on comprend mieux pourquoi actuellement. On nous a stigmatisés. Il faut vivre pleinement ce qu’on est, à l’âge qu’on a, et rester soi-même. Je suis contente d’avoir pris la décision d’assumer mes cheveux blancs, car je n’ai aucun problème de coiffure actuellement! (rires)
  

Comment vivez-vous le quotidien?  

J.: Nous nous sommes donné des repères. Je pense que ça me vient de mon enfance dispersée: j’ai eu à m’en créer. Tous les jours, je m’interroge... En quoi la vie me fait-elle signe? Qu’est-ce que je peux apporter? Je suis tourné vers le nouveau jour. Je fais de la méditation, de la lecture, des exercices.
  

L.: De mon côté, j’écris quotidiennement. J’avais acheté un carnet de 50 marque-pages à colorier: je les ai coloriés et postés à des amis. C’est une façon de mettre de la couleur et de la joie dans leur journée. Ça fait appel à notre créativité et à notre vivre ensemble. Nos voisins nous ont apporté un magnifique souper récemment. Nous nous sommes retrouvés en confinement pendant que nous étions de passage à notre chalet, au Saguenay, et comme les régions ont été fermées, nous sommes restés sur place et nous nous sommes organisés. Même si nous sommes plus privilégiés que certains, nous vivons quand même de l’anxiété... Certains vivent en résidence. J’ai ma grand-maman d’adoption qui a 99 ans et que j’appelle toutes les semaines. On prend bien soin d’elle.
  

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Le confinement en couple est-il parfois difficile?  

L.: Comme nous sommes aussi des partenaires sur le plan professionnel, nous passons beaucoup de temps ensemble, mais c’est la première fois que nous vivons constamment côte à côte. Heureusement, nous ne sommes pas anxieux au même moment.
  

J.: Je crois qu’il est souhaitable de ne pas être pris en même temps par la peur ou l’anxiété. L’autre peut alors devenir le réceptacle, écouter, recevoir la peine qui doit être nommée. Il faut aller vers l’autre, participer aux activités quotidiennes qu’on ne faisait pas nécessairement ensemble. Louise n’aime pas faire le ménage, mais elle s’y est mise. Il faut se laisser de l’espace.
  

L.: Confinement ou non, il faut essayer de créer un espace qui nous appartienne, un endroit où on peut se réfugier pour lire, pour écrire, pour parler au téléphone. C’est important.

Louise, que souhaitez-vous pour vos 70 ans?

L.: J’ai réalisé qu’à chaque changement de décennie, j’ai toujours eu un beau rôle pour marquer ce passage. Je me demandais ce qui allait m’être offert pour mes 70 ans. Je me suis rendu compte que ce n’est pas tant un rôle qui m’attendait qu’un nouvel état d’esprit. J’en suis à accueillir mon âge, à cueillir ce que cet âge a à m’offrir et à recueillir les cadeaux qu’il recèle. Le 12 mai, c’est aussi la fête de Pauline... (Louise s’arrête, émue au souvenir du départ de sa jumelle.) Ça fait 10 ans qu’elle est décédée. Est-ce que je suis assez chanceuse? Ma jumelle est décédée à 60 ans, mon père aussi, et ma mère, à 58 ans. Avoir 70 ans, c’est pour moi un privilège! C’est la joie de sentir que je participe encore à la vie, à ma communauté.
  

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Trouvez-vous des avantages à atteindre ce cap?  

L.: Il faut l’accueillir avec positivisme. On a plus de sagesse et plus rien à prouver. Il faut accepter ce qui est au lieu de voir ce qu’on n’a plus. Nous sommes chanceux: nous sommes un couple solide et amoureux après tant d’années. C’est un privilège, mais il n’est pas gratuit. C’est un travail quotidien. Il faut avoir de la bienveillance, de l’écoute, de la générosité. Ça ne tombe pas du ciel! La chose la plus importante, c’est de pouvoir être soi-même. Ne pas se mettre de côté pour plaire à l’autre ou correspondre à ses exigences. Cet amour doit être libre. Jacques et moi parlons beaucoup de partenariat et de synergie amoureuse.
  

Sur quoi reposent vos 27 ans d’amour et vos 25 ans de mariage?  

J.: Ça fait émerger en moi ce qui était insoupçonné. Je rêvais de l’amour, mais tant qu’on ne le vit pas, on ignore si on est apte à aimer. Je trouvais que Louise était une grande et belle dame. Je me suis demandé si j’avais ce qu’il fallait... J’ai apprécié mes 15 ans de sobriété et mon mode de vie qui m’a permis de travailler sur moi, de guérir des blessures et de me préparer à cet amour. En 27 ans, la capacité d’écoute et aussi la capacité de prendre parole ont émergé. Louise parle beaucoup comparativement à moi. J’ai insisté sur certaines valeurs pour que nous sentions que nous cheminions ensemble.
  

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À quoi faites-vous allusion?

J.: Je n’ai pas cherché à correspondre à son idéal et je ne lui ai pas demandé de correspondre au mien. Il faut avancer malgré nos différences. Il m’a fallu apprendre à ne pas me perdre à côté d’une personnalité aussi forte et rayonnante que Louise. Pendant quelques années, sa présence a été trop dominante. Je lui ai laissé toute la place. J’étais en train de m’éloigner de moi-même. Mes soucis de santé ont fait en sorte que je n’avais plus les mêmes activités ni le même réseau en dehors du couple. Le «nous» avait pris trop de place. Ça m’a servi de leçon.
  

L.: Jacques s’est rapatrié. Nous sommes privilégiés de nous être trouvés. Nous nous sommes rencontrés dans la quarantaine, nous avions déjà un vécu, une expérience. Nous avons vieilli, mais nous sommes toujours animés par la lumière de l’amour...
  

Louise nous présentera Un été, trois Grâces, en collaboration avec Marie-Lou Dion et Christiane Pasquier, qui paraîtra en septembre chez Druide. Elle et Jacques donnent des conférences, ensemble ou seul. On s’informe au louiseportal.com.

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