Dr Chicoine s’attaque à un sujet tabou dans une série documentaire

Marie-Hélène Goulet

2022-10-27T16:00:00Z

Même si une famille sur deux éclate au Québec, la séparation parentale est un sujet quasi inexistant à la télévision. Le pédiatre Jean-François Chicoine remédie à la situation avec Une semaine sur 2, une série documentaire dans laquelle il aborde sans détour les répercussions de cet événement sur les enfants.

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Docteur Chicoine, quel est votre but avec Une semaine sur 2?
Je voulais que ce soit à la fois un documentaire et une émission de services. Comme je suis médecin, lorsque j’anime une émission, j’essaie de soulager des choses et d’informer en même temps. Je voulais aussi mettre en lumière des intervenants que je trouve exceptionnels, mais qu’on ne voit jamais à la télévision.

Bien que la séparation parentale touche énormément de monde, les documentaristes en parlent très peu, n’est-ce pas?
C’est pourtant un sujet passionnant! J’ai fouillé dans des archives médias avant de créer la série et je n’ai trouvé qu’un film de l’ONF et de vieux documentaires des années 1960 et 1970, qui coïncidaient avec l’arrivée du divorce dans notre société. Rien n’était actuel! Chose encore plus surprenante, la séparation parentale est très peu abordée dans l’enseignement aux futurs spécialistes de la santé des enfants, même si c’est la cause d’une grande partie des consultations. À la suite de séparations, on voit des enfants qui consultent pour de petites choses, comme de l’anxiété ou de la tristesse, mais dans 15 à 20 % des cas, c’est pour des motifs plus graves dus à des conflits, de la violence, de l’isolement ou de l’appauvrissement. 

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Est-ce important pour vous de ne pas banaliser la situation, même si elle est plutôt commune?
Pour un enfant, la rupture de ses parents est un traumatisme, c’est quelque chose de majeur! Néanmoins, quand les facteurs de protection autour de l’enfant sont adéquats, ça va finir par bien aller, même si c’est difficile pour tout le monde au début. Les études sont claires: c’est l’appauvrissement et surtout les conflits qui sont pires que tout. Les parents qui se chicanent devant les enfants font de la maltraitance passive. 

Est-ce que la série s’apparente à un guide pour bien réussir sa garde partagée?
Non, mais il y a quand même des éléments de réponse dans chaque épisode. Il y a aussi des choses qu’il ne faut pas faire et, sur ce point, il m’arrive d’être un peu plus directif dans mon animation. Par exemple, je m’emporte quand il est question de la garde partagée pour les enfants de moins de deux ou trois ans. Je suis contre, puisqu’ils ne comprennent pas ce qui leur arrive et ça ne fait que les insécuriser. Mais je suis pour la garde partagée dès que les enfants dépassent ce stade.      

Qui témoigne dans la série?
En plus des spécialistes et des enfants, on a trouvé des parents très généreux de tous les modèles, de la mère célibataire à la famille défavorisée, et tout autant de pères. C’était primordial pour moi que le premier témoignage soit celui d’un père séparé qui s’est fait laisser, pour que les téléspectateurs comprennent bien que ce n’est pas une série sur la monoparentalité des mères, qui est un tout autre sujet. On voit des familles pour qui la séparation se passe relativement bien, mais on a aussi accès à des témoignages difficiles. Marie-Claude Savard, par exemple, raconte ce qu’elle a vécu avec ses parents toxiques. 

Comment sont divisés les quatre épisodes?
Le premier épisode se déroule quand ça ne va pas bien, il représente les 72 premières heures après l’annonce de la séparation. Le deuxième est sur la phase d’adaptation et de transition, qui se passe un an après la séparation. C’est là qu’il est question d’avocats et de l’instauration d’une garde partagée. Dans la troisième heure, on retrouve des familles trois ou quatre ans après la rupture. Une autre vie se dessine, les beaux-parents commencent à prendre plus de place. Finalement, le quatrième épisode est une réflexion sur ce qu’est une famille. Est-ce seulement un père et une mère qui restent ensemble pour toujours, ou quelque chose qui peut se briser pour se retricoter autrement? En bref, la série commence durement, mais se conclut sur une note d’espoir. 

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