Léa Clermont-Dion raconte son histoire dans le documentaire T’as juste à porter plainte

LUNDI 6 DÉCEMBRE, 20 H, CANAL VIE - 1er de 3 épisodes

Alexe-Sandra Daigneault

2021-12-06T16:00:00Z

Au Québec, les victimes d’agression sexuelle doivent trop souvent se battre pour être entendues et obtenir justice. Afin de dénoncer ce calvaire, Léa Clermont-Dion raconte son histoire et celle de trois autres survivantes dans le documentaire T’as juste à porter plainte.

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Depuis qu’elle a été victime d’agression sexuelle, Léa Clermont-Dion est déchirée entre l’envie de tout oublier et celle de dévoiler sa vérité au monde entier. Lorsqu’elle dénonce enfin son agresseur, elle se bute toutefois à un processus judiciaire humiliant et aux commentaires désobligeants de ceux qui auraient dû être là pour l’épauler. 

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Consciente qu’elle est loin d’être la seule à avoir vécu cette épreuve, la jeune femme s’associe à Gianluca Della Montagna pour nous offrir T’as juste à porter plainte. Dans cette série documentaire en trois épisodes, elle raconte son histoire et celle de trois survivantes, puis rencontre divers spécialistes afin de comprendre pourquoi les victimes ont autant de mal à se faire entendre.

Le courage de parler
Dans le premier épisode, la féministe, auteure, documentariste et étudiante en sciences politiques nous ramène en août 2008, à l’époque où elle travaille à l’Institut du Nouveau Monde sous la direction de Michel Venne. Ce dernier profite d’un voyage d’affaires à Québec pour suivre Léa à son hôtel et lui faire des attouchements qui la laissent abasourdie et dégoûtée. À ce moment, l’adolescente de 17 ans ignore qu’elle peut porter plainte à la police, et elle se confie plutôt à quelques proches avant de quitter son emploi.      

En 2014, le mouvement #AgressionNonDénoncée l’incite toutefois à parler publiquement du drame qui la hante. Lise Payette, l’une de ses idoles féministes, la rencontre aussitôt afin de la faire taire — elle lui fait même réfuter les faits en lui faisant signer une lettre dont Michel Venne se sert pour tenter de décrocher le poste de directeur du Devoir. Léa regrette sa décision, mais le tsunami de dénonciations déclenché par le mouvement #MeToo (#MoiAussi) lui donne le courage de porter plainte officiellement.

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Un chemin de croix
Malheureusement, la suite n’a rien de facile. Les questions des enquêteurs sont intrusives, voire déplacées, alors que les procureurs insistent plus sur la difficulté du processus judiciaire que sur son importance. Katherine Rivest, qui a subi les agressions physiques et sexuelles de son ex-conjoint, vit d’ailleurs une expérience si démoralisante qu’elle choisit d’abandonner sa poursuite. De son côté, Erika Vincent est pratiquement accusée de mensonge lorsqu’elle raconte son viol aux policiers, dont le rapport de plainte n’est pas retenu par le procureur. 

Nadia Bouchard est la seule survivante rencontrée par Léa à s’être sentie soutenue par le système. Bien que ses proches aient refusé de l’entendre lorsqu’elle a dénoncé le membre de sa famille qui l’a agressée pendant des années, des policiers et des avocats bienveillants lui ont donné la force de subir un processus exigeant. Aujourd’hui, elle se sait chanceuse d’avoir obtenu justice et se demande pourquoi les autres victimes ne sont pas aussi bien entourées. Dans les prochains épisodes de T’as juste à porter plainte, Léa Clermont-Dion pose la question à des journalistes, des ministres et des représentants de la loi, qui ont bien du mal à offrir une réponse satisfaisante...

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Après avoir suivi le parcours d’une poignée de survivantes d’agressions sexuelles pendant trois ans, Monic Néron et Émilie Perreault ont été choquées par la complexité et la rudesse du processus judiciaire, qui ne tolère aucune erreur de la part des plaignants. Leur documentaire La parfaite victime (mardi 20h, Radio-Canada) dénonce ces méthodes exigeantes qui donnent rarement des résultats et qui expliquent pourquoi nombre de victimes hésitent à porter plainte. 

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