Voici pourquoi Pascale Bussières souhaite quitter la ville pour la campagne

Photo : Patrick Seguin

Marie-Hélène Goulet

2021-10-04T10:00:00Z

Actrice qui a marqué sa génération, Pascale Bussières s’est réinventée 100 fois sous les yeux du public depuis ses débuts devant la caméra, à l’âge de 13 ans. Entre les projecteurs et les tapis rouges, l’actrice avoue avoir eu besoin de périodes de réflexion nécessaires pour rallumer sa passion du jeu.

• À lire aussi: Pascale Bussières a un fou rire incontrôlable en voyant des bloopers du «Coeur a ses raisons»

Pascale, vous êtes de la nouvelle série Chaos, dans laquelle vous jouez le personnage de la policière Madeleine Desjardins. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle?
C’est l’écriture qui a d’abord happé mon intérêt. J’ai pu lire les 10 épisodes d’un coup, et l’intrigue m’a captivée, à ce point que j’ai dévoré chaque page. On sait tous que le procédé d’une enquête est habituellement payant dans une série, mais je trouvais qu’il y avait plusieurs valeurs ajoutées à l’histoire de Chaos, comme le riche travail musical, mais aussi la relation de Madeleine avec sa fille. Ce qui arrive à Eugénie dans l’histoire fait ressortir un passé douloureux chez Madeleine. Ça devient une sorte de catharsis pour cette mère un peu brisée.

On sent Madeleine très protectrice de sa fille Eugénie. Reconnaissez-vous vos inquiétudes comme mère de jeunes adultes?
Je pense que toutes les mères peuvent se reconnaître en Madeleine. Du moment qu’on met un enfant au monde, on vit avec une certaine vigilance. Je veux toujours savoir si mes garçons se sont bien rendus du point A au point B, par exemple. Ça vient avec la condition de mère!

On vous imagine quand même plus cool que poule...
Je suis assez maman cool, effectivement. Mais en vérité, même si je la joue cool, ça ne veut pas dire qu’intérieurement je ne vis pas avec toutes ces inquiétudes et anticipations du pire... J’essaie toutefois de me calmer. Je ne veux pas que mes fils aient à porter cette inquiétude, car dans la vie, ce n’est pas nécessairement quelque chose de bon à transmettre. Il faut transmettre la vigilance, mais pas l’inquiétude. Je me retiens donc des fois de les accabler avec ça. 

Publicité

Le personnage d’INVO dans Chaos transporte une grande pression sur ses épaules, au point qu’il n’a pas toujours envie de monter sur scène. Avez-vous déjà été paralysée à l’idée de faire votre métier?
Oui, ça m’est arrivé à quelques reprises au fil de ma vie. Il arrive des moments dans une carrière où on ne se sent plus en phase avec ce qu’on fait, et ce décalage crée un genre de désengagement. La profession d’actrice n’en est toutefois pas une qu’on peut faire dans cet état d’esprit! Les carrières artistiques sont des métiers d’absolu qui ne tolèrent pas les demi-mesures, il faut être entier. 

Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin


• À lire aussi: Pascale Bussières revient sur son rôle de Blanche et son rapport à la célébrité

Qu’avez-vous fait lorsque vous viviez ce type de décalage?
J’ai eu besoin de zones de retrait dans ma vie pour aller et venir, parce que je ne veux pas être tout le temps à l’avant-plan. Ces retraits m’ont permis de continuer, même si j’ai traversé des périodes où je n’avais tout simplement plus du tout envie de revenir sous les projecteurs.

Qu’est-ce qui vous paralysait autant?
C’est une carrière qui vient parfois avec des terreurs, de l’épuisement et un profond sentiment de culpabilité. C’est un métier de saltimbanques! Quand on part en tournage et qu’on a de jeunes enfants, on a un peu l’impression de quitter le navire en pleine tempête. Il m’a parfois semblé que le prix à payer pour être actrice était cher. Mais bon, je ne pense pas que mes enfants m’en tiennent rigueur!

Qu’auriez-vous fait si vous aviez quitté le métier de comédienne?
Je ne sais pas trop! Même si j’ai eu bien des idées pour faire autre chose, je ne les ai jamais mises en pratique! À un moment donné, j’ai compris que j’allais continuer toute ma vie. Cela étant dit, je suis extrêmement reconnaissante de toutes les chances que j’ai eues de faire des projets magnifiques tout au long de ma carrière.

Est-ce que les mois de pandémie ont été l’occasion de vous remettre en question?
Pas sur le plan de ma carrière, car bizarrement ça faisait longtemps que je n’avais pas autant tourné. Je suis reconnaissante de ne pas avoir vécu cette période dans une perspective de manquer de travail. Ma remise en question a plus été sur le plan personnel. J’ai réfléchi sur l’existence en général et sur l’urbanité. Je me suis demandé si c’était le moment de décoller à la campagne et de devenir autosuffisants.

En avez-vous profité pour quitter la ville?
Non, pas pantoute! J’ai vécu tout ça en ville. Je capotais! Je me disais que je ne pouvais pas croire que c’était là que ça allait finir! Ç’a été assez éprouvant de voir mon plus jeune faire sa première année de cégep tout seul dans le sous-sol de la maison. Le sort de mes enfants et des autres jeunes de leur âge a certainement été ma plus grande inquiétude. Quels moments sacrifiés pour cette génération! Heureusement, ils vont s’en remettre.

Vos garçons suivront-ils vos traces?
Je crois bien que j’ai deux artistes, mais on verra s’ils auront aussi une vie publique. Un de mes fils étudie les beaux-arts tandis que l’autre aspire à faire son entrée à HEC, mais il est également un excellent musicien.

Quels sont vos projets de l’automne?
Je vais tourner en octobre et novembre dans le troisième long métrage de Guy Édouin qui s’intitule Frontières. Ça se passe sur une terre des Cantons-de-l’Est située à la frontière américaine. On y suit trois générations de femmes, et le récit est également à la frontière du rêve et de la réalité.

Et est-ce qu’un déménagement vers la campagne est dans les plans?
J’aimerais vraiment ça. C’est un projet sérieux, on cherche! 

Chaos, mardi 21 h, à TVA.
Sortez-moi de moi est disponible sur Crave.

À VOIR AUSSI: LE QUESTIONNAIRE TÉLÉ DE SIMON MORIN  

Publicité

Sur le même sujet