Emi Chicoine aborde l’insécurité du métier d’actrice
Sabin Desmeules
Si on la voit en ce moment dans deux séries diffusées à heure de grande écoute, cela n’empêche pas Emi Chicoine de vivre de l’insécurité. Elle a choisi un métier dans lequel il y a parfois des périodes où c’est le néant...
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La jeune comédienne incarne Stella, une étudiante en droit qui consacre un stage à tenter de blanchir un prisonnier dans la nouveauté Projet Innocence. «Je ne connaissais pas l’existence de ces projets Innocence. J’ai écouté un balado, sur le site de Radio-Canada, qui explique un cas au Québec sur lequel on travaille présentement à propos d’un homme accusé de meurtres dans les années 1990 à Brossard, note-t-elle. J’ai voulu aller en profondeur pour mieux comprendre ce qu’était le Projet Innocence.» L’actrice a eu recours à un membre de la famille et à des amis pour clarifier du vocabulaire juridique et des questions techniques. «Ma tante est avocate et je l’appelais parfois pour qu’elle m’explique des termes. J’ai des amis, aussi, qui étudient en droit, alors j’en profitais pour clarifier des choses avec eux.»
Oui, Emi Chicoine peut être ce genre d’actrice qui plonge à fond dans la recherche sur un univers en particulier lorsqu’un personnage le demande. Ce n’est pas le cas pour Jade, l’ado de la famille dans L’œil du cyclone, qu’elle campe pour une troisième saison. «C’est moi dans la vie, c’est de la comédie... Je n’ai pas eu besoin de faire un travail de recherche en parallèle, admet-elle. Mais pour un premier rôle dans une série avec des termes d’avocat, je n’avais rien à perdre et tout à gagner à bien me renseigner sur le sujet! Même chose quand j’ai joué une personne non voyante dans Six degrés: je voulais bien comprendre ce que c’était, alors j’ai eu une formation avec Mira, j’ai fait de la recherche, j’ai regardé le film Parfum de femme avec Al Pacino, qui incarne une personne aveugle...»
ENTRE L’ADO ET LA FEMME
Depuis son rôle dans Plan B, la jeune femme multiplie les projets à la télévision. «Après Plan B, tout s’est enchaîné. Je pense que j’ai simplement eu de la chance dans dans mon parcours, la suite des choses, dans la diversité de mes rôles. J'en suis heureuse. De tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, je ne regrette rien... je touche du bois!» Emi jongle entre les personnages d’adolescente et de jeune femme, parfois dans la même journée! «J’ai tourné les deux séries, L’œil du cyclone et Projet Innocence, en même temps. Donc, souvent, il fallait que je fasse, dans ma tête et physiquement, mon clash de personnages pendant mon transport d’un plateau à l’autre», se souvient-elle. Elle s’estime chanceuse de pouvoir incarner facilement une large tranche d’âge, une flexibilité qui n’est pas donnée à tous les acteurs. «Mon copain, Maxime Gibeault, est à un âge où il est trop vieux pour faire un ado, mais trop jeune pour jouer un père. C’est plus difficile pour lui ces temps-ci.» Cela signifie que le téléphone de son amoureux sonne un peu moins. «Mais il a été chanceux, il a fait de super belles séries au cours de la dernière année.»
DES MOMENTS D’ATTENTE
Emi partage cette dure réalité du métier. «Je pense que c’est difficile pour tous les acteurs, ces temps-ci. Les auditions sont plus rares et très précieuses.» Même si elle fait valoir ses talents de comédienne dans deux œuvres de fiction importantes diffusées à la télé à heure de grande écoute cet hiver, ironiquement, elle ne travaille pas en ce moment. Elle exerce un métier caractérisé par des périodes de grande intensité sur le plan du travail suivies de moments plus calmes. «Je trouve qu’il y a eu beaucoup moins d’auditions et de tournages dans les derniers mois. En ce moment, il n’y a rien. Moi, je n’ai rien. C’est difficile. J’ai des amis qui n’ont pas auditionné depuis avril 2023. Je suis chanceuse, je vis chez mes parents, mais c’est inquiétant pour des jeunes comédiens qui doivent payer leur loyer. Il y en a beaucoup qui ont dû trouver une job à côté, déplore-t-elle. Pour moi, jusqu’à maintenant, ç’a bien été... mais je ne sais pas comment se dérouleront les prochains mois!» Elle arrive toutefois à composer avec l’insécurité du métier. «Si je n’habitais pas chez mes parents, ce serait une autre histoire. Je serais sûrement anxieuse comme certains de mes amis.»
UN PLAN B DERRIÈRE LA CAMÉRA
Pour éviter de souffrir d’insécurité et d’anxiété, elle désire développer d’autres compétences. «J’aimerais travailler derrière la caméra, en réalisation, en scénarisation... C’est ce que fait mon père, Alain Chicoine: il est réalisateur et producteur chez KOTV. Alors j’ai toujours un accès à cet aspect du métier. Et j’ai commencé des cours de cinéma au Collège André-Grasset.» Emi Chicoine verra-t-elle bientôt son nom dans des génériques comme réalisatrice?
On peut voir Emi Chicoine dans L’œil du cyclone les lundis à 19 h 30, à Radio-Canada, et dans Projet Innocence les mardis à 20 h, à Noovo.
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