Atteinte de la maladie de Lyme, Francine Ruel demeure une éternelle optimiste

Photo : Dominic Gouin

Michèle Lemieux

2021-10-11T15:38:49Z

Auteure prolifique, Francine Ruel nous présente un nouveau roman réconfortant. Avec Le promeneur de chèvres, elle désire permettre de faire le plein d’espoir en ces temps troublés. Nous avons pris des nouvelles de l’Estrienne, qui nous a confié être atteinte de la maladie de Lyme.

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Francine, quelle a été votre source d’inspiration pour votre plus récent roman?
Je voulais que ce soit un livre post-pandémie plein d’espoir, un roman follement humain, qui fasse du bien. Mon agent littéraire a des chèvres. Il m’a raconté que des gens lui ont demandé s’ils pouvaient l’accompagner lors de ses marches avec ses animaux. Ça leur faisait du bien, et l’histoire de ces personnes lui faisait du bien à lui. Je trouvais que c’était un beau sujet, et ç’a été le point de départ. Je voulais aussi aborder la passation des savoirs, que mon personnage puisse exercer cette passation envers un jeune qui a tout perdu dans la pandémie. C’est l’histoire d’un grand-père qui recueille son petit-fils chez lui après avoir vu, à la télévision, qu’il vivait dans un campement. Le grand-père est un personnage savoureux.

On ne peut s’empêcher de se demander si, à travers ce roman, vous souhaitiez donner une autre vie à votre fils... Peut-être inconsciemment... Je ne sais pas. Les gens me demandent souvent des nouvelles d’Étienne. Il est sorti de la rue, en ce sens qu’il ne dort plus dans la rue, mais il n’est pas sorti du bois... C’est un cheminement long et complexe. L’itinérance a doublé depuis la pandémie, des gens se sont retrouvés sans foyer. Il faut défaire les préjugés qu’on leur accole. Je reste une éternelle optimiste, j’espère toujours que les choses vont fonctionner. 

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Malgré les épreuves...
Plus on alimente un drame, plus il se transforme en boulet. Vivre, c’est avoir des chagrins et des peines. Ces chaînes, on ne peut peut-être pas les arracher, mais il faut les détacher et se dire qu’elles sont derrière. Le passé est le passé. Pour ma part, je peux y faire référence, mais il n’existe plus. Ce qui m’excite, c’est ce qui est à venir. L’écrivaine Marguerite Yourcenar disait: «Quand je me lève le matin, j’ai cinq ans...»

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À travers votre récit, on constate que la nature a un grand pouvoir curatif, qu’elle peut possiblement nous réparer... C’est ce que la nature a fait pour moi. Je souffre de polyarthrite rhumatoïde inflammatoire. Je n’aurais jamais imaginé vivre à la campagne! Je me suis dit qu’elle me procurerait le calme que mon rhumatologue me recommandait. À cette époque, mon fils commençait à déraper, à m’appeler constamment. Je suis du genre à répondre tout de suite. Je me suis dit que si je m’éloignais, cela allait lui donner un peu d’autonomie.

En outre, vous êtes atteinte de la maladie de Lyme...
L’Estrie est l’épicentre de la maladie. Ma spécialiste voit 40 nouveaux cas par semaine... J’ai été piquée chez nous, en jardinant. Au début, j’ai pris des antibiotiques oraux, mais on m’a finalement installé des cathéters. J’avais des ecchymoses partout... 

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À quel moment avez-vous été piquée?
À la fin du mois de juillet. Je venais tout juste de terminer mon roman et je me préparais à travailler dans mon jardin. Finalement, j’ai passé mon temps au CLSC... On m’a dit que je suis chanceuse de l’avoir eue cette année. L’année dernière ou il y a deux ans, bien des médecins ne connaissaient pas cette maladie qui vient des États-Unis. Lyme est une petite ville au Connecticut. Il y a des groupes Facebook de gens qui échangent de l’information sur cette question. 

Aviez-vous senti la piqûre?
Non. J’ai vu que j’avais une tache rouge sur le pied quand j’ai commencé à faire de la fièvre. Il y a beaucoup de chevreuils sur le terrain, ce sont eux qui transportent les tiques. Il existe des traitements préventifs pour nos chiens et chats, mais pas pour nous. Il y a déjà eu un vaccin, mais comme on dénombrait peu de cas, on a arrêté de le produire, car on ne faisait pas assez d’argent. J’espère qu’il sera remis sur le marché. On m’a dit que la forme dont je souffre s’attaque aux globules rouges. Je pourrais connaître une accalmie et voir les symptômes réapparaître deux mois plus tard...

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Quels sont les symptômes de la maladie?
Il y en a six, je les avais tous! Je ressentais une fatigue extrême. Je dormais 12 heures par nuit et je faisais une sieste de trois heures en après-midi. J’avais des maux
de tête d’une telle violence, aucun cachet n’en venait à bout! J’avais aussi des raideurs dans la nuque. À cause de ce symptôme, un de mes amis a d’abord été soigné pour une méningite virale, alors qu’il avait la maladie de Lyme lui aussi. J’ai aussi fait de la fièvre. Même si je suis doublement vaccinée, j’ai d’abord pensé que j’avais attrapé la covid, mais le résultat était négatif. 

Votre situation s’améliore-t-elle un peu?
Oui. J’ai maintenant un cathéter veineux dans le bras, par lequel je m’injecte des antibiotiques. Je ne peux pas travailler dans la terre; j’ai donc renoncé à m’occuper de mon jardin. Je ne peux pas me baigner non plus ni aller au soleil à cause des antibiotiques. Au début, j’étais toujours fatiguée, à présent je suis trop high à cause des antibiotiques. Je sais que des gens paralysent, d’autres boitent. Un homme m’a dit que sa femme avait failli devenir aveugle, car elle avait paralysé autour des yeux et n’arrivait plus à les fermer. Il faut être prudent, il faut en parler, dire que ça existe. Ce n’est pas contagieux, ça ne se transmet pas entre humains.

Le promeneur de chèvres est publié aux éditions Libre Expression.

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Son précédent roman, Anna et l’enfant-vieillard, sorti en 2019, sera adapté au petit écran.
Francine sera porte-parole de La Nuit des sans-abri, qui se tiendra le 15 octobre.
On pourra la rencontrer dans les salons du livre à travers le Québec cet automne.

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