Gaston Lepage explique pourquoi il a attendu 40 ans pour demander Louise Laparé en mariage

Julien Faugere / TVA PUBLICATION

Michèle Lemieux

2024-02-14T11:00:00Z

Après 44 ans d’amour et 4 ans de fiançailles, Louise Laparé et Gaston Lepage sont toujours aussi amoureux et unis. La clé de ce succès semble résider dans leur liberté d’être qui ils sont, ensemble ou séparément. L’actrice, qu’on voit actuellement dans Sorcières, et l’acteur, qui incarne un vétérinaire dans Temps de chien, pourraient demeurer d’éternels fiancés. Entrevue sous le signe de l’amour et de l’humour avec un couple heureux qui nous permet de croire en l’amour à long terme.

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Louise et Gaston, vous êtes tous deux au petit écran au sein de séries particulièrement aimées du grand public...

Louise: Oui. Je suis de la série Sorcières. C’est un retour au petit écran pour moi après 10 ans. Certains pensent que je n'ai rien fait depuis tout ce temps ; j'ai pourtant été de plusieurs projets. J'aime toucher à tout. Ce retour est arrivé comme un cadeau imprévu. Quand j'ai lu les textes, j'ai été profondément touchée par le déséquilibre de mon personnage. C’est une personne marquée par la vie. Elle a quitté mari et enfants pour un homme, et ça l’a conduite dans une secte. Ce qu’elle a vécu l’a tellement marquée qu’elle en a perdu le contact avec la réalité.

Est-ce que vous pouvez comprendre cette perte de repères?

L.: Oui. Ma mère est morte de la maladie d’Alzheimer avec démence. Maman, c’était un cerveau! Elle passait sa vie à lire. Dès qu’on avait une interrogation, sur le plan historique ou autre, on pouvait l’appeler à toute heure: elle savait tout. Ses dernières années m’ont marquée. Alors, quand on m’a offert le personnage, j’ai accepté d’emblée. Manon Lussier ne suscite pas beaucoup d’empathie, mais c’est un personnage extrêmement touchant. On va comprendre ce qu’elle a vécu et l’ampleur de son désespoir. C’est un défi d’acteur! Il faut accepter d’être dans l’irrationnel et le déséquilibre total.

Et de votre côté, Gaston?

Gaston: J’ai un rôle dans Temps de chien. Armand Lapierre est un personnage festif! Le bonhomme est toujours sur le party! Il mène une vie assez dissolue. J’aime jouer les gars chauds. J’aime aussi le personnage du pauvre vétérinaire (François Bellefeuille) à qui il arrive les pires affaires qui soient. Ça me fait penser aux films avec Pierre Richard. C’est problème par-dessus problème et, quand il essaie de s’en sortir, il se cale encore plus. Mon personnage veut laisser sa pratique de vétérinaire. Il travaille sept jours par semaine. Et là, il a attrapé le poisson qui peut le remplacer et il l’exploite au maximum. Il part sur le party avec sa secrétaire. Il se marie à Las Vegas... mais il est déjà marié. Je suis aussi de la première saison de la série Le monde de Gabrielle Roy, mais pas de la deuxième, car mon personnage est mort. Par ailleurs, je célèbre 50 ans de métier cette année.

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L.: Pour ma part, j’ai 52 ans de métier.

Plus de 50 ans de métier et 44 ans d’amour: de toute évidence, vous êtes tous deux capables d’engagement à long terme!

G.: C’est parce que nous aimons la liberté. Nous avons été libres de choisir et nous le sommes encore.

L.: Maintenant, nous sommes fiancés. Gaston m’a demandée en mariage à mes 70 ans, il y a 4 ans. Juste avant la pandémie.

G.: C’était son anniversaire. Louise et moi, nous nous sommes rencontrés le jour de son anniversaire, il y a 44 ans.

Pourquoi l’avoir demandée en mariage après 40 ans de relation?

G.: Je ne savais pas quoi lui donner en cadeau... Alors je me suis donné! (rires)

L.: Je me suis dit qu’après 40 ans, il considérait que notre relation était viable! (rires)

G.: Je l’avais déjà demandée en mariage il y a longtemps. Elle avait dit non... À l’époque, nous étions ensemble depuis sept ou huit ans. Puis, il y a environ 15 ans, elle m’a fait la demande: elle s’est mise à genoux devant moi et des amis qui en ont été témoins. J’ai dit non. Je lui avais rappelé qu’elle avait pris une décision et que je la respectais. Quand elle a eu 70 ans, nous étions ensemble depuis 40 ans. Nous étions en Floride. J’ai loué une limousine blanche. Nous devions manger avec des amis qui n’étaient pas au courant de mes plans. Je leur avais laissé une bouteille de champagne pour qu’ils l’apportent dans la limousine. Une fois dans la voiture avec nos amis, j’ai donné un parchemin à Louise dans lequel il y avait ma demande en mariage.

L.: J’étais certaine que c’était une blague. Je ne répondais pas. Puis, j’ai réalisé que c’était sérieux et j’ai dit «oui»! C’était un anneau de porte-clés bleu qui faisait office de bague. (rires)

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Après 40 ans d’union, vous aviez encore le désir de vous surprendre?

L.: Gaston n’a jamais rien fait de petit. Un jour, à la Saint-Valentin, je suis arrivée chez moi le soir et les phares de ma voiture éclairaient un immense cœur rouge en bois transpercé d’une flèche qu’il avait appuyé contre la galerie. Une autre fois, je suis partie deux mois et demi en Australie et en Nouvelle-Zélande pour participer à un tournage. À mon retour, j’ai trouvé des traces de pas, des cœurs et des pétales de roses sur mon chemin, de la porte au lit... Quand il est venu me chercher à l’aéroport, il était en smoking et il avait cinq douzaines de roses dans les bras. Encore pour mon anniversaire, nous étions dans l’auto et La chanson des vieux amants de Jacques Brel s’est mise à jouer. J’ai tendu l’oreille et je me suis rendu compte que c’était Gaston qui avait enregistré la chanson en studio; il avait changé les mots pour moi. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps...

Votre rencontre avait-elle été aussi magique?

L.: C’est la faute de Francine Ruel... (sourire) Elle avait demandé à Gaston, le jour de mon anniversaire, de me tenir occupée jusqu’à mon surprise party, qui allait se tenir tard en soirée.

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G.: À l’époque, j’avais une vieille Bentley. Nous avons mangé au restaurant, puis nous sommes allés veiller sur la montagne. Assis à l’arrière de la voiture, nous avons bu du champagne.

L.: J’avais enfilé une robe d’époque, car Francine m’avait demandé d’aller la lui montrer. Plus la soirée avançait, moins je me sentais pressée d’aller la voir... Gaston insistait. Ce soir-là, au surprise party, mon frère m’a offert une sculpture d’un dieu maya qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Gaston. C’était comme si j’étais destinée... bénie des dieux!

Avez-vous le sentiment d’avoir été amoureux dès le premier soir?

G.: Après la soirée, je devais reconduire Louise à sa voiture — comme nous habitions loin l’un de l’autre, nous nous étions rencontrés à mi-chemin, à Radio-Canada.

L.: Lorsque nous y sommes retournés, le stationnement était fermé! Je ne pouvais pas récupérer ma voiture. Il est donc venu me reconduire chez moi... et je paye pour depuis ce temps-là! (rires)

G.: Elle m’a offert de rentrer pour discuter encore un peu. Il devait être 5 h du matin. Puis elle m’a offert de dormir chez elle. Je lui ai répondu: «Avec toi? Oui.»

L.: Arrête! Tu me fais passer pour une fille facile! (rires)

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Parce que, entre vous, c’était une évidence...

L.: Oui, et chaque fois que nous mentionnons que nous sommes ensemble depuis 44 ans, nous sommes étonnés. Nous avons de méchants tempéraments. Nous sommes comme tous les couples: nous nous chicanons, nous nous engueulons. Ça fait partie de la vie. Je dois dire que les dernières décennies n’ont quand même pas été si pires.

G.: Avec le temps, les choses sont plus calmes. Nous nous connaissons pas mal.

L.: Encore aujourd’hui, je peux dire que je ne vois pas tout à fait les choses de la même manière quand Gaston n’est pas là.

Après tant d’années, l’autre est-il quasiment devenu une partie de vous-même?

L.: Je crois que oui. Gaston est un manuel. Ce qui m’a séduit chez lui, c’est son habileté, son inventivité. C’est un ébéniste.

G.: Mais elle a vite compris que je n’étais pas fait en bois! (rires) 

L.: S’il a besoin d’un outil qui n’existe pas, Gaston l’invente. Quarante-quatre ans plus tard, c’est encore ce qui me séduit le plus chez lui.

On sent chez vous une belle admiration réciproque. 

L.: Oui. Je suis admirative de l’acteur qu’il est, mais je suis aussi admirative de ses habiletés.

G.: Parfois, je me couche le soir et je me demande ce que je ferais si Louise n’était pas là... Et je ne trouve pas! Probablement que je me laisserais dépérir. (sourire)

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L.: C’est vrai que nous sommes à une période de nos vies où nous perdons beaucoup de gens autour de nous... C’est difficile. Il faut apprécier chaque seconde et tout ce que nous avons.

G.: Moi, je ne mourrai pas: ça ferait trop de peine au monde! (rires) Je veux faire rire, amuser les gens, mais je ne veux pas faire de la peine à qui que ce soit. Alors je ne mourrai pas!

L.: Gaston a décidé qu’il allait vivre jusqu’à 127 ans. 

G.: Ah, c’est plus que ça, maintenant. Je compte prendre ma retraite à 125 ans... (rires) Même si je vivais jusqu’à 250 ans, je n’aurais pas le temps de tout faire.

La question incontournable: comment fait-on pour rester ensemble aussi longtemps, de nos jours?

G.: Il ne faut pas partir! (rires)

L.: Il faut être fou! (rires) Il faut vouloir.

G.: Il ne faut pas lâcher le morceau, tout simplement. 

L.: Il faut que notre regard se porte dans la même direction et qu’on ait envie de faire un bout ensemble. Pendant ce bout ensemble, les objectifs peuvent changer, mais ce qui englobe le tout, c’est la volonté et le plaisir d’être ensemble.

G.: À travers tout cela, il y a la liberté. Il n’est pas question ici de liberté sexuelle, mais de la liberté de faire des choix.

L.: J’ai une vie. Gaston a une vie. Nous respectons ce que nous sommes.

Mais vous avez aussi des points communs, notamment l’amour de la nature?

L.: Absolument. Gaston peut partir trois semaines dans le bois. Nous sommes libres. Nous avons la liberté de nous accomplir.

G.: Et nous n’avons pas peur de nous perdre. Quand Louise est partie en Australie, je n’ai pas eu peur de la perdre. Je n’ai pas eu peur qu’elle se fasse un chum là-bas.

L.: J’étais trop occupée à essayer de comprendre l’accent australien! (rires) Gaston et moi, nous nous connaissons bien l’un l’autre.

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C’est confortable, à certains égards?

L.: Oui. Et si nous pouvons être sérieux deux secondes, je dirais qu’aucun de nous n’a tenté d’assimiler l’autre, mais nous avons tous les deux continué à regarder dans la même direction. Il ne faut pas disparaître au sein du couple. Nous sommes chacun ce que nous sommes. Nous sommes différents. Nous avons chacun nos passions. Au-delà de nos prises de bec, nous finissons toujours par nous dire que nous ne sommes pas capables de nous passer l’un de l’autre.

G.: Louise est un signe de feu, moi, un signe d’eau. Je l’éteins de temps en temps, et parfois, elle me fait bouillir! (rires)

Allez-vous demeurer d’éternels fiancés?

G.: Ça se pourrait. Nos familles et nos amis veulent tous y être... Ils doivent être 250!

L.: J’ai proposé à Gaston que nous nous sauvions ensemble pour aller nous marier dans un pays quelconque. Sinon, j’aime bien l’idée d’être sa fiancée... (sourire)

La série Sorcières est diffusée les lundis à 20 h, à TVA, et Temps de chien, les mercredis à 21 h 30, à ICI Télé. On peut visionner Le monde de Gabrielle Roy sur ICI Tou.tv.

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