Gilbert Rozon acquitté de viol et d’attentat à la pudeur

Joël Lemay / Agence QMI
Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2020-12-15T20:55:31Z

Gilbert Rozon est acquitté d’avoir violé une femme dans son sommeil, il y a de cela 40 ans, dans une maison des Laurentides. Le verdict est tombé mardi en fin d'après-midi.

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« Je ne peux pas privé l’accusé du doute raisonnable », a dit la juge Mélanie Hébert en scellant le sort du fondateur de Juste pour rire.

En définitive, la magistrate a eu un « doute raisonnable » concernant ce qu’il s’était passé lors de la fameuse soirée où la plaignante s’était retrouvée seule avec le magnat de l’humour déchu, à l’époque où il était moins connu.

Avant le le verdict, la plaignante a de demander la levée de l’interdit de publication sur son identité, avant que la juge ne rende sa décision. Il s’agit d’Annick Charrette, secrétaire générale-trésorière de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN).

Selon le récit de la femme, qui avait alors 20 ans, Rozon l’avait invitée en discothèque. Par la suite, ce dernier avait trouvé un prétexte pour l’emmener dans une maison, où il lui a fait des avances. La femme a refusé et sous l’insistance de Rozon, elle se serait débattue.

La victime est ensuite allée dormir, et c’est pendant son sommeil que Rozon serait entré dans la chambre pour la violer.

« Je me souviens de l’oppression, du lâcher-prise, de me dire de penser à autre chose et que ça va se finir », avait-elle témoigné à la cour.

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Rozon avait témoigné pour sa propre défense, en tentant de se placer en victime. Selon lui, c’est la femme qui était venue profiter de lui pendant qu’il dormait.

« Je me suis réveillé, elle était à califourchon sur moi en train de me faire l’amour, avait -il décrit. Elle regardait au loin, je me demandais si elle se faisait l’amour sur moi. Je me suis laissé faire, j’ai pris mon plaisir. J’ai accepté mon sort parce que ça m’arrangeait. »

Face à ces versions contradictoires et après analyse minutieuse de toute la preuve, la juge n’a pas estimé « hors de tout doute raisonnable » que Rozon avait commis un crime, si bien que ce dernier a été acquitté.

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Pas de contradictions  

 Le témoignage de la plaignante ne comporte pas de contradictions, note la juge, ajoutant qu'il est constant. 

Ce n’est pas « fatal » que la plaignante Annick Charette ne se souvienne pas de détails périphériques, ou même l’année exacte du viol allégué, explique-t-elle, ajoutant qu’il est normal qu’un témoin n’ait pas souvenir total d’un événement survenu il y a 40 ans. 

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« Elle est transparente dans les limites de ses souvenirs », dit la magistrate.

La juge Mélanie Hébert rappelle qu’une femme peut être violée sans toutefois résister. Penser qu’une « vraie » victime doit absolument se débattre est un mythe et un stéréotype.

Le fait que la plaignante soit restée sur place après avoir rejeté les premières avances de Rozon, tout comme le fait qu’elle se soit laissée faire quand elle aurait été violée, n’est pas invraisemblable. Croire le contraire, tel que l’a prétendu la défense, est fondé sur des mythes et stéréotypes « révolus depuis longtemps », note la juge.

« Le mot d’ordre "croire la victime" poussé par le mouvement #MoiAussi n’a pas sa place en droit criminel, il est contraire au principe de la présomption d’innocence », dit la juge. 

Elle précise aussi qu’un acquittement ne signifie pas que l’événement n’est pas survenu, mais plutôt que la Couronne n’a pas réussi à se décharger de son fardeau de prouver « hors de tout doute raisonnable » la culpabilité d’un accusé.

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