Gregory Charles reconnaissant de l'émission Débrouillards pour la naissance de son amitié avec Marie-Soleil Tougas

Michèle Lemieux

2022-12-17T14:00:00Z

Enfant, Gregory Charles se démarquait déjà par ses aptitudes musicales hors du commun. En parallèle à sa carrière de musicien, des habiletés pour le jeu, l’animation et l’entrepreneuriat se sont dessinées. En 35 ans de carrière, le propriétaire de l’Académie Gregory a à son tableau de nombreux succès, mais aussi quelques revers. Loin de s’en plaindre, celui qui coanimera le prochain gala Célébration considère que l’échec fait partie intégrante de la réussite.

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Gregory, heureux de mettre en scène La mélodie du bonheur, un classique qui plaît à toute la famille?
Oui, c’est très agréable. J’ai travaillé sur La mélodie du bonheur de bien des manières par le passé: avec des enfants, avec des chœurs, etc. J’ai vu le show à plusieurs reprises, car mes parents étaient de grands amateurs de musicals. Nous allions à New York deux fois par année et, chaque fois, nous assistions à 10 shows dans la même semaine! C’est le premier film que mes parents ont vu ensemble lorsqu’ils se sont rencontrés. C’est ma 35e année dans le showbiz. Un projet comme celui-là rassemble l’ensemble de mes passions.      

Est-ce à votre demande que Julia s’est jointe au projet?
Au départ, elle n’a pas manifesté tant d’enthousiasme. Nous travaillions déjà ensemble sur un show. J’ai auditionné plus de 1000 enfants pour La mélodie du bonheur. Lorsque nous avons décidé d’en faire une version en anglais, je lui ai demandé si elle avait envie d’y participer, et elle a accepté. Cet été, nous sommes partis au Luxembourg, en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Nous sommes revenus par Salzbourg. Nous avons visité les lieux où le film La mélodie du bonheur a été tourné. Le propos de cette œuvre reste actuel. Elle relate la force de la famille, du groupe.

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Julia, qu’est-ce qui t’a convaincue de te joindre à la version anglaise?
Julia: Au début, je pensais qu’il y aurait beaucoup trop de représentations et que ça m’occuperait trop. Mais comme ça semblait le fun, j’ai accepté.
G.: Il y a une dizaine de shows en anglais, alors qu’il y en a plus de 70 en français. Ça tombait bien, car Julia est avec deux de ses amies d’école. Son rôle est exigeant: elle a beaucoup de répliques. Elle campe Brigitta. 

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

Julia, aimes-tu travailler avec ton papa?
J.:
J’aime beaucoup travailler avec mon père. Lorsqu’on apprend des chansons ensemble, il sait comment je travaille et quelle technique utiliser si je ne comprends pas quelque chose. C’est un avantage pour moi.

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D’autres projets se greffent-ils à La mélodie?
G.: Nous avons fait une chanson de Noël ensemble, Julia et moi, et nous reprenons notre show, Générations. En 2023, je présenterai mon spectacle en anglais, Music Man, ici et à l’extérieur du pays. J’ai un projet au piano inspiré des personnages et des lieux de la Renaissance italienne. Je reprendrai la route à travers la province avec le show Une voix, 10 doigts. J’ai choisi de raconter et de jouer mes 35 chansons préférées pour mes 35 ans de carrière. Tous les projets que nous pouvons partager, Julia et moi, nous les vivons ensemble. À l’automne, nous célébrerons le 20e anniversaire de Noir et blanc avec un nouveau show.

Gregory, rappelons dans quel contexte vous avez amorcé votre carrière...
Enfant, j’ai eu une carrière de pianiste. À l’âge de Julia, je faisais de la tournée un peu partout à travers le monde. J’ai commencé à faire de la télé au moment où j’arrivais à la fin de ma carrière de concours classique. En 1988, tout a changé: j’ai dû faire une centaine d’apparitions à la télé. Cette année-là, j’ai commencé à jouer dans Chambres en ville — l’émission a été diffusée en 1989. J’ai commencé Les débrouillards la même année. Tout a déboulé. J’ai fait Que le meilleur gagne, Chabada, etc. Fin 1990, j’ai arrêté la télé abruptement et je suis parti en tournée avec Céline.

Ça reste un moment marquant dans une carrière!
Tout a été un privilège. Étrangement, j’ai rencontré Céline alors que j’étais tout jeune — nous participions au même show de Michel Jasmin. Je venais de gagner un concours. Lorsque j’ai terminé la tournée avec Céline, j’avais pris goût à ces spectacles présentés dans de grands amphithéâtres. J’ai fait un show de théâtre qui m’a amené pendant presque un an à San Francisco. Puis, il y a eu Noir et blanc au début des années 2000.

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Un spectacle qui vous a amené à New York, si je ne m’abuse...
Absolument! En 2004. Nous avons fait le Beacon Theatre.

N’est-ce pas dans ce théâtre où, par ségrégation raciale, on avait refusé l’accès à votre père?
Non, c’était à l’ancien Geary Theatre, à San Francisco. Mon père a habité dans cette ville avant de rencontrer ma mère. C’était à l’époque où il avait marché avec Martin Luther King. Il avait milité pour obtenir le droit, pour les personnes de couleur, de pénétrer dans ce théâtre. Des décennies plus tard, je présentais Deux pia-nos quatre mains dans ce théâtre et j’y recevais des ovations. C’était un moment extrêmement émouvant. J’ai appelé mon père le soir même...

Aviez-vous un plan de carrière?
J’envie les gens qui avaient un plan et qui le réalisent. Moi, je n’en avais pas. Je suis privilégié que ma carrière se soit déroulée ainsi. J’ai eu la chance de faire partie de Chambres en ville, mais Les débrouillards reste un plus grand souvenir pour moi, car je suis devenu très proche de Marie-Soleil (Tougas). Ç’a été une grande amitié. Encore aujourd’hui, il n’y a pas une semaine qui se passe sans que des gens me disent qu’ils regardaient Les débrouillards... Ils me mentionnent que, s’ils sont devenus anesthésistes, archéologues, ou autre, c’est à cause de cette émission. Les jeunes ont appris des choses qui ont changé leur vie. La cour des grands, Les virtuoses, Star Académie: je me sens privilégié d’avoir fait tout cela sans avoir de plan.

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Votre mère en avait-elle un pour vous?
Pas vraiment. Ma mère était la personne la plus exigeante que j’ai rencontrée dans ma vie, mais elle n’avait pas l’intention de me pousser à faire quelque chose. Peu importe ce que je faisais, il fallait que je le fasse à 100 %. Je pense pouvoir dire qu’elle se régalerait des spectacles que nous faisons ensemble, Julia et moi. Mais c’est probablement de l’Académie Gregory qu’elle serait le plus fière.

Parce que c’est inspiré de sa méthode?
Oui, c’est sa méthode, mais ma mère n’avait pas un très grand ego. Ce qui l’enchanterait, c’est que parallèlement à cette carrière, qui m’a donné l’occasion de présenter plus de 3000 spectacles, de vendre plus de 2 millions de billets et 1 million de disques, j’ai toujours enseigné. Le fait que la transmission du savoir soit restée une priorité pour moi l’aurait rendue fière, car c’était son principal intérêt.     

Avez-vous déjà connu l’échec dans votre métier?
Bien sûr! À mon avis, l’échec fait partie intégrante de la réussite. J’ai essayé plein de choses et vécu énormément de bonheur avec toutes sortes de projets. Ceux qui ont été les plus mémorables pour moi ne sont pas nécessairement ceux qui ont obtenu le plus de succès. Ma femme dirait que le projet avec lequel nous avons eu le plus de fun, c’est notre théâtre mobile, lorsque nous l’avons stationné sur le bord de la rivière Hudson, à New York, il y a quelques années. Vintage était un projet de fou, qui nous avait coûté les yeux de la tête! Il a été couronné de critiques américaines géniales, mais il n’a pas donné le résultat escompté: nous fixer sur place. Ça n’a pas marché. Ç’a donc été un échec, mais nous avons tellement appris de cette expérience!

Il faut savoir en tirer des leçons...
Si j’avais à enseigner à des entrepreneurs nos meilleurs coups, Noir et blanc en ferait partie. Je suis revenu de la tournée avec Céline en disant: «On essaie quelque chose.» Nous avons tout misé sur ce show-là, et ça a marché. D’autres choses n’ont pas donné les résultats escomptés. Pour nous relever de ça, nous avons eu l’idée de partir une académie. Nous avions un plan d’affaires avec 50 étudiants. Nous en avons 15 000 aujourd'hui!     

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JEAN LANGEVIN/TVA PUBLICATIONS/AGENCE QMI
JEAN LANGEVIN/TVA PUBLICATIONS/AGENCE QMI


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En tant que papa, avez-vous un plan pour Julia?
Non. Je vis totalement dans le présent. Ma fille a des habiletés qui ressemblent aux miennes et d’autres qui ne ressemblent pas du tout aux miennes. Si Julia veut faire du showbiz, devenir ingénieure, scientifique ou communicatrice, elle a les habiletés nécessaires pour y arriver. Ma job, ce n’est pas de déterminer ce qu’elle va faire, mais de l’habituer à faire tout ça à 100 %.

Julia, penses-tu à ce que tu voudrais faire éventuellement?
J.: Je n’y pense pas maintenant.
G.: Moi non plus, je ne savais pas ce que je voulais faire à son âge. Ma mère était comptable, mais elle avait quitté le marché du travail parce que j’étais son projet. Mon père travaillait dans le monde hospitalier. Il a étudié en orthopédie, mais s’il avait pu, il aurait, comme ses frères, fait du showbiz. Il était un artiste dans l’âme. Julia a une mère vice-présidente chez Microsoft, qui dirige des milliers d’employés, et un père qui monte sur scène pour faire des shows.

Partager cet aspect de votre vie avec votre fille crée-t-il des liens singuliers entre vous?
Je suis sûr que c’est un cadeau du ciel. J’ai adoré ma mère! J’avais un rapport de proximité avec elle. Nous avons voyagé ensemble, discuté ensemble. Ma mère a lutté contre l’alzheimer pendant des années, mais ce qu’il restait à la fin, c'était la musique. Cet été, Julia et moi avons voyagé, nous nous sommes amusés, mais nous allons surtout nous rappeler que nous avons écouté de la musique et chanté à tue-tête. Les plus vieilles vidéos que nous avons de Julia, c’est lorsqu’elle écoute de la musique que j’ai faite pour elle. C’est ça notre rapport.      

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Ces 35 ans de carrière vous rendent-ils fier du bilan que vous dressez?
C’est un bilan fabuleux! Pour ce qui a été accompli, pour les occasions incroyables. Même si j’étais quelqu’un qui ne parle pas beaucoup, j’aurais des faits saillants à raconter pendant des jours! Avoir chanté à Shanghai, à Beijing, en Indonésie, en Malaisie, en Afrique du Sud, en Europe, au Japon. J’ai tenu l’affiche du Centre Bell plus de 50 fois.

Un record que vous détenez toujours, si je ne m’abuse...
Oui, c’est le plus grand nombre de spectacles présentés par un artiste au Centre Bell. Mon bilan de carrière est très agréable, mais quand je pense au privilège que j’ai eu, ma reconnaissance est encore plus grande. Des gens pensent que le spectacle est une drogue. Ils ont raison: on est toujours à la recherche de cet état de grâce. Ce thrill qui vient quand on anime ou qu’on est sur scène, j’en veux plus, plus, plus!

JOEL LEMAY/AGENCE QMI
JOEL LEMAY/AGENCE QMI

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Avez-vous déjà songé à faire autre chose?
J’ai étudié en droit. Après mon barreau, j’ai travaillé dans un cabinet d’avocats. Je pense que si je n’avais pas fait ce métier, je serais allé vers l’enseignement. Ça continue de m’intéresser. Je continue à enseigner à Julia et à nos étudiants de l’Académie. Je trouve que les enseignants sont parmi les professionnels les plus importants dans notre société. Quand on demande aux jeunes: Qui sont les adultes qui ont eu le plus d’impact dans votre vie?, après avoir nommé leurs parents, ils nomment leur prof. En télé, j’ai fait quantité de projets pédagogiques: Les débrouillards, Que le meilleur gagne, La cour des grands, Les virtuoses, Crecendo, Star Académie. Tout compte fait, j’aurai enseigné toute ma vie!

On s’informe sur l’Académie Gregory sur le site.
Les dates de
La mélodie du bonheur sont disponibles ici.
On visite
son site pour tous les autres spectacles de Gregory.

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