Gregory Charles revient avec émotion sur les enseignements de son défunt père

JEAN-FRANCOIS DESGAGNÉS/JOURNAL DE MONTRÉAL
Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2020-11-07T14:27:35Z

Le 28 octobre au soir, quand il a appris qu’il avait remporté le Félix de l’album instrumental de l’année pour LEN, son hommage musical à son défunt papa, Gregory Charles a réveillé sa fille pour lui annoncer la bonne nouvelle, puis il s’est ouvert une bonne bouteille de scotch «en m’imaginant mon père en train de boire son rhum punch quelque part au ciel».

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Aux dires de Gregory Charles, ce Félix était le doux point d’orgue, ou le point d’exclamation, «d’une bizarre d’année».

Vrai, rien ne s’est déroulé comme il l’avait imaginé lorsqu’il a lancé LEN (diminutif du prénom de son père, Lennox, mort après avoir été happé par une déneigeuse à l’hiver 2018), à l’automne 2019, dans ce monde prépandémie qui semble appartenir à un autre siècle.

En entrevue au Journal de Montréal, Gregory Charles joue les philosophes. «On aurait dû être en train de le jouer en concert à répétition cet album. La vie nous a mis un stop là-dedans et il faut s’en aller ailleurs. Il faut accepter les bouts qu’on ne contrôle pas.»

Les mots du père

Voilà probablement le genre de réflexion qu’aurait eu son père, un pacifiste qui combattait l’injustice avec son humanisme.

En entrevue, Gregory Charles amorce plusieurs de ses réponses par la même formule : mon père aurait dit que...

C’est le cas quand il aborde la controverse entourant l’utilisation du «mot en n» par une professeure de l’Université d’Ottawa.

«S’il avait vécu, il aurait dit que nous ne sommes pas en train de se parler d’un crime violent, mais potentiellement d’une erreur qui est agressive. Il aurait dit : est-ce que vous vous imaginez un prof d’université qui, en début de son cours, dit qu’aujourd’hui, il aimerait ça qu’on parle des tapettes? Personne ne ferait ça», croit Gregory Charles.

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Le vent du changement

Sur son album plébiscité, une chanson s’intitule Vent d’ouest. Une autre référence paternelle qui trouve écho dans les turbulences de 2020.

«Mon père y faisait souvent référence. Le vent de l’est, c’est le vent violent. Celui de l’ouest annonce le changement», explique le musicien.

C’est ce vent, dit-il, qui soufflait dans les jours suivants la mort ignoble de George Floyd. «Tout le monde qui a été heurté par cet événement voulait des changements. Après, c’est devenu plus contentieux.»

Le vent d’est s’est pointé. Celui où «les gens se campent et ça devient polarisé».

«Nous en sommes là, déplore Gregory Charles. Nous ne sommes plus au moment de ralliement fédérateur qu’on a vécu au début de l’été après George Floyd. On le voit par Joyce Echaquan, par les attentats en France. Tout le monde est sur les dents à propos de tous les sujets. C’est dommage. Mon père se serait inquiété d’où on est, comment on se polarise. Nous ne sommes même pas capables de s’écouter.»

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En manque de Lennox

C’est d’ailleurs ce qui attriste Gregory Charles lorsqu’il observe la radicalisation du débat qui a enflammé l’Université d’Ottawa.

Encore une fois, il cite le paternel.

«Il disait : plus on est violent, même dans les mots, plus les gens se campent chacun de leur bord et ne règlent rien.»

Dans les circonstances, il aurait été difficile de le contredire. «Maudit qu’on en aurait besoin davantage des Lennox dans nos vies. Des gens qui réfléchissent avec le cœur», soupire son fils.

C’est la grâce qu’on se souhaite tous.

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