Hubert Proulx revisite ses pires démons pour jouer les scènes intenses dans Indéfendable

Photo : Eric Myre

François Hamel

2022-09-27T16:00:00Z

Nommé aux Gémeaux grâce à son Pouliot dans Léo, Hubert Proulx risque fort de l’être de nouveau l’an prochain pour son dramatique Pierre Poirier dans Indéfendable. L’acteur confie avoir eu une pensée pour son frère pendant les tournages de cette nouvelle quotidienne. Ce père attentionné nous parle aussi de son Viktor, qui partage sa passion pour le jeu!

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Comment vous êtes-vous préparé pour incarner Pierre Poirier?
J’ai eu beaucoup de discussions avec une amie psychiatre et je connais quand même beaucoup de gens qui ont eu des problèmes psychiatriques. 

N’avez-vous pas un frère qui a connu son lot de difficultés?
Oui, il est un ancien toxicomane. J’ai été en contact avec des cas lourds dans ma vie. Puis, j’ai énormément échangé avec Stéphane Simard, le réalisateur, au téléphone. Une grande chimie s’est rapidement développée entre lui et moi. Mon grand défi était de toujours jouer avec mon personnage «connecté au cœur», je dirais. Le piège à éviter était de jouer le fou.

Voulez-vous dire qu’il fallait éviter la caricature?
Oui. Je savais au départ que la ligne serait mince, mais j’avais confiance. Comme acteur, ma force est de pouvoir aller loin dans l’émotion. Avant le tournage de chaque scène, il fallait que je m’ouvre et que je me branche sur mes partenaires de jeu. Le but n’était pas de jouer un méchant, mais d’offrir quelqu’un qui est désemparé. Au final, je pense que plusieurs ont pitié du personnage.     

TVA
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Jouer ce rôle, était-ce drainant pour vous?
Oui! Je me souviens en particulier d’une journée où j’ai dû tourner 11 scènes avant le lunch et offrir plusieurs émotions extrêmes. Les scènes étaient toutes intenses. Parfois, avant de passer à une autre scène, je disais au réalisateur que je voulais prendre une pause de deux minutes et j’allais pleurer dans ma loge. Puis, je revenais sur le plateau en faisant des blagues. J’ai la capacité d’aller loin, mais de pouvoir revenir rapidement. On dirait que le bagage que j’ai accumulé au cours de ma vie, et qui a développé une résilience chez moi, m’aide aussi dans mes rôles. J’ai entre autres perdu mon meilleur ami quand j’avais huit ans, des suites de la leucémie. Aussi, vous avez mentionné mon frère, mais il n’a pas été une influence pour ce personnage-là... En fait, ce n’est pas vrai. 

Alors dans quel contexte avez-vous pensé à lui?
Pierre Poirier tue son frère. De mon côté, déjà plus jeune, j’étais très proche du mien. Mon frère, lui, n’est pas mort, mais il a subi un AVC en 2007 et est très handicapé depuis, ce qui fait que je n’ai plus accès au frère que j’avais. (Les larmes lui montent aux yeux.) Alors lorsqu’on annonce à mon personnage, qui éprouve des problèmes de mémoire, qu’il a perdu son frère, c’est sûr que j’ai pensé à ces moments qui ont fait basculer le mien, à l’avant et à l’après. En plus, c’est une scène avec Sébastien Delorme, que je connais depuis longtemps.

Depuis combien d’années?
Davantage depuis ma sortie de l’École nationale de théâtre du Canada, en 2004. Mais je le connaissais déjà au secondaire, parce que j’étais ami avec Julie Perreault (avec qui Sébastien a longtemps été en couple). Ce qui fait que Sébastien connaît très bien ma vie, y compris le parcours de mon frère. D’ailleurs, quand lui et moi nous apprêtions à tourner cette scène-là, il m’a dit qu’il pensait à mon frère, et je me suis mis à pleurer. Mon frère avait tellement de potentiel. À chaque succès que je récolte, mon bonheur est terni par la culpabilité de ne pas avoir été capable de le sauver.

Comment auriez-vous pu le sauver?
Quand il était junkie, j’ai beaucoup essayé, mais je n’ai pas réussi. Moi, je n’éteins jamais la sonnerie de mon téléphone. J’ai toujours peur que quelque chose arrive à une personne de mon entourage. Je suis inquiet de nature. Mais aujourd’hui, ma priorité demeure mon fils. 

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Votre adorable fils, Viktor, qui marche peu à peu dans vos pas...
Oui. Par contre, il ne subit aucune pression de ma part. Ça vient de lui. Au printemps dernier, il était de la distribution de deux pièces de théâtre, Un ennemi du peuple, au Théâtre du Nouveau Monde, et The Rise of the BlingBling, à l’Usine C. En avril prochain, il va jouer dans Rome, à l’Usine C, une production mise en scène par Brigitte Haentjens. Il capote sur le théâtre.

Pas si mal pour un petit bonhomme de 11 ans!
Je suis très chanceux. Je vais vous raconter une bonne anecdote. Quand il jouait dans Un ennemi du peuple, il m’arrivait de l’accompagner à sa loge. À un moment donné, il m’a lancé: «Papa, j’aimerais ça être seul avec ma gang.» Je lui ai déjà demandé ce qu’il préférait du théâtre, et il m’avait répondu: «La gang.» Ce soir-là, il avait ajouté: «Va donc m’attendre au bar.» (rires) Finalement, je l’ai attendu au bar! Viktor et moi, nous sommes tellement proches! Je l’influence beaucoup, mais je ne vais jamais l’obliger à faire tel ou tel contrat.

En retour, avez-vous appris quelque chose de lui?
Beaucoup de choses. Entre autres, mon fils m’a rebranché sur ma douceur. J’ai toujours été sensible et quand même doux. Sa venue m’a rappelé le petit gars que j’ai été. Moi, j’étais un petit gars gentil, qui ne se défendait pas. La vie a fait en sorte que j’ai appris à le faire par la suite.

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Y a-t-il une certaine discipline à respecter à la maison?
Ah oui! Mais mon gars est tellement gentil, je le chicane tellement peu souvent que lorsque ça doit arriver, j’en profite. (rires)

Avec votre horaire chargé, comment gardez-vous la forme?
Grâce au yoga et au Pilates.

On vous imaginerait davantage pratiquer la boxe et jouer au hockey.
Ce sont mes deux sports préférés, et je les ai pratiqués. Mais aujourd’hui, je dirais que j’ai besoin d’activités davantage adaptées au jeu. L’hiver, je fais aussi du ski de fond. En ce qui concerne le yoga, auquel je m’adonne depuis 2013, je n’aimais pas ça au début. Mais c’est une activité qui me recentre.
      

Suivez Indéfendable du lundi au jeudi, 19 h, à TVA.
La saison 4 de Léo est diffusée sur Club illico et la cinquième est en tournage.
L’acteur joue aussi dans
Lou et Sophie, qu’on peut voir sur Tou.tv et dont la saison 2 est en tournage.
Hubert campera de plus Dédé Fortin dans la pièce
Dehors novembre, à l’affiche dès le 20 octobre (pourquoiproductions.com).

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