Vincent Leclerc a bien failli ne jamais jouer dans Les pays d'en haut

Photo : Dominic Gouin

Victor-Léon Cardinal

2021-02-09T17:30:00Z

Comédien émérite, Vincent Leclerc peut se vanter de nous avoir épatés par son interprétation du mythique personnage de Séraphin dans Les pays d'en haut. L'artiste trace le bilan de cette belle aventure qui a changé le cours de sa carrière et qui aurait pu ne jamais voir le jour...

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Pour Vincent Leclerc, cette sixième et dernière saison des Pays d’en haut, diffusée à Radio- Canada, marque la fin d’une aventure qu’il n’oubliera jamais. «C’est le type d’expérience qu’on ne vit qu’une seule fois. C’était beaucoup de pression et un immense privilège de jouer Séraphin. Je ne crois pas que j’aurai à nouveau l’occasion de jouer une si belle partition. En six ans, mon personnage est passé par toute la gamme des émotions. J’ai ainsi pu jouer le drame, l’amour, le burlesque et même l’épouvantable. J’ai énormément appris et j’ai aujourd’hui le sentiment du travail accompli.» 


UNE BELLE ÉVOLUTION
Le comédien tient à lever son chapeau à l’auteur Gilles Desjardins pour son audace et sa créativité dans l’écriture des six saisons de cette série d’époque qui aura marqué une génération. «Il a fait en sorte que mon personnage évolue subtilement. J’ai l’impression que, dans cette dernière saison, Séraphin est enfin devenu adulte. Après s’être opposé pendant quatre ans au curé Labelle (Antoine Bertrand), il a décidé de reprendre le flambeau à titre de protecteur du Nord et des habitants de Sainte-Adèle. On constate ainsi qu’il n’est plus seulement centré sur son nombril, mais que désormais, il se soucie plus des membres de sa communauté. Je dois admettre que j’ai moi-même pris du temps à constater cette lente évolution chez lui.» 

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UNE FIN SANS CÉLÉBRATION
Alors que les tournages sont terminés, Vincent Leclerc n’a toutefois pas eu l’occasion de fêter la fin de cette belle expérience comme il le souhaitait. «À cause de la pandémie, nous n’avons malheureusement pas pu célébrer la fin des tournages. À la place, chaque fois qu’un comédien tournait sa dernière scène, nous l’applaudissions. Pour ma part, à la suite de ma dernière scène, je me suis démaquillé et je suis reparti tranquillement chez nous. Ce soir-là, avec ma blonde, nous avons fait livrer un bon repas et pris une petite bouteille à deux. J’ai bu du champagne, j’ai pleuré et je suis allé me coucher. C’était frustrant pour moi de le vivre ainsi. Je ne peux toutefois pas m’apitoyer sur mon sort. J’ai plusieurs amis en théâtre, en danse et en musique qui ne peuvent plus travailler. J’espère néanmoins qu’un jour, on pourra faire un vrai party. On a d’ailleurs demandé à Rémi-Pierre Paquin (qui joue Bidou Laloge) de nous réserver un de ses bars pour qu’on y fasse la fête le moment venu.» 

Photo : Bertrand Calmeau / RADIO-CANADA
Photo : Bertrand Calmeau / RADIO-CANADA


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DE JOYEUX CAMARADES
Le comédien quitte le plateau des Pays d’en haut avec plusieurs nouveaux amis. «La camaraderie que j’avais avec mes partenaires de jeu va beaucoup me manquer. J’ai eu grand plaisir à côtoyer Michel Charette, qui joue le père Ovide. Il est un très grand acteur, autant comique que dramatique, et je le trouve excellent dans District 31. Il y a aussi Antoine Bertrand, avec qui j’ai partagé de grandes scènes pendant quatre ans. Je me souviendrai toute ma vie de celle marquant la mort de son personnage du curé Labelle. De plus, j’ai beaucoup d’affection pour Madeleine Péloquin, qui incarne Angélique, avec qui j’ai aussi joué dans Alerte Amber, à TVA. Nous avons tourné plusieurs scènes dramatiques ensemble.» 

Par ailleurs, Vincent Leclerc n’a que des éloges pour sa complice Sarah-Jeanne Labrosse, qui a tenu le rôle de Donalda du début à la fin de la série. «J’ai une affection particulière pour Sarah- Jeanne. Elle et moi avons 17 ans de différence et, comme nos personnages, nous avons appris à nous connaître et à nous découvrir. Avec le temps, nous avons développé une si belle complicité que nous n’avions qu’à nous regarder avant une scène pour la réussir. C’était pour moi très rassurant de jouer avec elle. On reste toujours en contact et on s’écrit à l’occasion.» 

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DES SCÈNES AVEC SA BLONDE
L’artiste est aussi très heureux que son amoureuse, Mélanie Pilon, ait pu se joindre à la distribution des Pays d’en haut pour cette dernière saison. Rappelons que la comédienne prêtait ses traits à la Dre Miller, venue au village pour soigner Séraphin. «Ma blonde sait mieux que quiconque à quel point cette série a été importante dans ma vie. C’était pour moi un beau cadeau de la voir se joindre à nous. Elle a tenu son rôle de façon remarquable en incarnant une femme à la fois moderne, forte et féminine», lance-t-il avec admiration à l’égard de celle qui partage sa vie.

Photo : Bertrand Calmeau
Photo : Bertrand Calmeau

 

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LA DÉCISION D’UNE VIE
Alors que l’aventure prend fin, Vincent Leclerc déclare en avoir retiré une grande confiance en lui. «Jusqu’à la fin de ma trentaine, j’ai eu le syndrome de l’imposteur. Grâce aux Pays d’en haut, j’ai enfin pu faire mes preuves auprès des réalisateurs et des diffuseurs, qui savent maintenant qu’ils peuvent me faire confiance.» Ce manque de confiance en lui, le comédien le devait à son parcours particulier. «Contrairement à d’autres acteurs, je n’ai pas fait l’École de théâtre ni le Conservatoire d’art dramatique. J’ai plutôt tracé mon chemin de façon autodidacte. Quand j’ai quitté Ottawa pour m’établir à Montréal, en 1998, je me suis mis à jouer en anglais et à tourner dans des publicités.» 

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L’acteur se dit aussi très reconnaissant envers le réalisateur Sylvain Archambault, qui lui a offert ses premiers rôles en français à la télévision. «C’est Sylvain qui m’a invité à passer l’audition pour Les pays d’en haut. Au départ, il me voyait jouer le personnage du marchand Lacour, incarné par le fantastique Pierre Mailloux. Après l’audition, il m’a finalement rappelé pour que je fasse l’audition pour jouer Séraphin, et j’ai décroché le rôle. Ce que les gens ignorent, c’est qu’au même moment, j’avais une offre sur la table pour jouer dans une série historique à gros budget, produite par le réseau américain HBO. Toutefois, les textes des Pays d’en haut étaient si solides et la distribution si extraordinaire que je ne pouvais pas dire non. La série de HBO n’a finalement jamais vu le jour; si j’avais choisi ce projet, j’aurais tout perdu. Après coup, je réalise que cette décision de choisir Les pays d’en haut a été la plus importante que j’ai prise à ce jour.»

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