Peter MacLeod fait le point après avoir mis sa tournée sur pause

Photo : Patrick Seguin

Daniel Daignault

2022-02-09T13:00:00Z
2022-02-09T14:00:00Z

C’est chez lui que Peter MacLeod nous a reçus pour les besoins de cette entrevue et de la séance photo. Il est en grande forme, le Pete, et il se félicite encore d’avoir décidé de mettre son prochain spectacle sur pause pour s’écouter, penser à lui, définir ce qu’il aimait et ce qu’il n’aimait pas. Les confidences que l’humoriste, animateur et homme d’affaires nous a livrées vont certainement inspirer beaucoup de gens ou, du moins, les amener à réfléchir à leur situation.

• À lire aussi: Peter MacLeod reporte sa tournée et prend une pause pour des raisons de santé mentale

Publicité

Comment va la vie, mon Pete?
La vie est bonne, mais il y en a qui ne l’ont vraiment pas facile. Je n’aime pas les clichés, mais... quand on se compare, on se console.

Est-ce que la décision de mettre ton nouveau spectacle sur pause a été difficile à prendre?
Quand tu commences à te demander pourquoi tu ne files pas, tu réalises que c’est dû à l’accumulation de tout ce que tu as vécu avant. C’était rendu que je n’avais pas le bonheur facile. Je pense qu’au cours des dernières années, j’avais réussi à atteindre un certain équilibre, mais que j’étais quand même stressé et je ressentais beaucoup de culpabilité. Quand j’allais au chalet, je me disais que j’aurais dû rester à la maison pour écrire; j’étais tiraillé. Avec le recul, c’est facile de voir les choses, mais quand on n’a pas de perspective, on ne voit rien. 

• À lire aussi: Après son départ de CKOI, Peter MacLeod donne de ses nouvelles

Et à ce stress s’est ajouté celui de la pandémie...
C’est sûr que ça m’a donné un coup. Mais la dernière tournée de spectacles, en particulier la fin, a été vraiment tough. J’aime tellement la créativité! Je suis toujours en train d’écrire. Quand je peux créer, je suis comme un enfant; alors que la tournée, ça m’éteint. Il y avait une image qui me revenait tout le temps en tête et qui m’a amené à avoir cette boule de stress dans l’estomac: je me voyais assis dans une chambre d’hôtel, en train d’attendre d’aller faire mon show. C’était difficile. Il y a aussi une grande solitude qui est associée à ça. Et tu vois, pourtant, je suis un gars qui aime la solitude: je peux aller passer une semaine ou deux à mon camp, et je suis bien et super heureux. Mais ça, c’est moi qui le veux, tandis que la tournée, je m’impose ça durant un cycle de trois ans. Tout ça était devenu très pesant. 

Publicité

Photo : Patrick Seguin © 2021
Photo : Patrick Seguin © 2021

• À lire aussi: Voici qui remplacera Peter MacLeod à CKOI

Tu as donc pris le temps de réfléchir à une foule de choses.
Oui. Par exemple, je vais atteindre bientôt le million de billets vendus. Il y a des gens autour de moi qui me disent qu’il faudrait que j’y arrive; mais si je l’atteins, je veux faire les choses différemment. Tu sais, je n’ai plus rien à me prouver... Il y a 30 ans que je fais rire le monde. Je me lève le matin et je suis un con! Et je suis bien dans ma peau. Depuis que j’ai pris la décision de mettre les spectacles en veille, je suis super bien. Je pense à ma compagnie de produits alimentaires: ça ne se peut pas le bonheur que ça m’apporte de faire ça! Toute ma vie, j’ai fait des entrevues pour promouvoir, entre autres, des spectacles. Et là, pendant deux, trois mois, j’ai fait des entrevues avec tous les médias pour faire la promotion de mes sauces à spag, et c’était génial! Et ça m’apportait juste du bonheur! Je veux que Pete Authentique devienne une belle bannière et que ce soit le fun. En fait, il y a plein de choses qui s’en viennent: plusieurs produits vont être mis sur le marché dans les prochaines semaines et les prochains mois, et j’aurai du nouveau aussi du côté divertissement, mais je ne peux pas en parler pour l’instant.

Combien de temps a duré la période où tu n’allais pas bien avant que tu sentes le besoin de faire une pause?
Quand j’ai terminé la radio (il animait l’émission Le clan MacLeod depuis 2012 à CKOI et a quitté en juin dernier), je me suis dit que ce n’était pas ça que je voulais dans la vie. Je me suis tassé de la radio. À partir de ce moment-là, j’ai parlé avec mes équipes de ce que j’avais envie de faire, et il a été question d’une tournée avec un nouveau spectacle. J’étais d’accord, mais je ne voulais pas qu’il y ait beaucoup de dates: je voulais cibler des endroits où j’irais jouer. Mon chum Louis-Philippe (Rivard) et moi, on a écrit le show. Je pense qu’il y a trois heures et demie de matériel! C’est important que je le dise, parce que j’aime encore beaucoup écrire. Quand LouisPhilippe, Marc Gélinas et moi, on se fait des journées d’écriture, c’est un gros party. Et monter sur une scène et faire rire le monde, j’aime toujours ça. Mon problème, c’est la tournée. J’ai réalisé que c’était ça qui me causait un grand stress.

Finalement, tu as donc décidé de ne pas faire ce spectacle...
Pour le moment, je l’ai mis sur pause. Il est là, il est dans l’univers. J’ai dû faire quelques compromis avec moi-même, parce que je veux essayer de me motiver. Alors, je vais faire ici et là quelques spectacles corporatifs, des shows privés, tout simplement pour voir comment je me sens sur scène. Si jamais je n’aime pas ça, ben... c’est pas mal là que je vais prendre ma décision.

Publicité

• À lire aussi: Peter MacLeod ne reviendra pas à CKOI l'automne prochain

Tu t’es senti mal de ne pas aller de l’avant avec ce spectacle qui avait pour titre Zen en kilt et pour lequel il y avait même une affiche...
J’étais pogné avec une certaine culpabilité... On a toujours peur de décevoir les gens autour de nous, ceux qui nous ont suivi durant toutes ces années-là; et on a peur de se décevoir aussi. J’étais tout le temps en train de me mettre de la pression. J’ai parlé avec Pat (Patrick Huard), à son émission, du fait qu’il faut toujours super performer. Performer, je n’ai pas peur de ça, dans un contexte où j’ai du fun. Quand tu fais de l’humour ou que tu tournes une série, il faut que ça reste du divertissement; et il ne faut pas que tu te prennes au sérieux non plus. Tout dépend du contexte dans lequel tu travailles et des gens qui t’entourent. Par exemple, on a fait quatre saisons de la série Week-end de bois à mon chalet. On avait quasiment choisi chacune des personnes qui travaillaient là-dessus, pour que chaque jour soit le fun. On ne voulait pas s’entourer de gens désagréables. On voulait avoir du plaisir à faire nos affaires.

Ç’a toujours été la clé pour toi, d’avoir du plaisir?
Oui, c’est la clé pour moi. Et je ne fais pas de déni: je sais qu’il y a des journées où ce sera plus difficile. Et c’est correct, il faut qu’il y ait des journées de merde pour qu’on puisse apprécier celles qui sont exceptionnelles.

Comment décrirais-tu ce que tu as vécu? Ce n’était pas une dépression...
Pantoute! Je ne suis pas passé proche de ça. J’ai des idées et je me réinvente tout le temps. Notre limite, on l’établit chacun soi-même. J’ai généré beaucoup de sous dans ma vie et je suis rendu à un moment où je ne veux plus avoir plus de choses; même, je te dirais que je suis en train d’en liquider. J’aimerais mieux profiter des choses que j’ai au lieu de toujours en vouloir plus. J’ai passé une grande partie de ma vie à remplir des espaces en travaillant sans arrêt. Et mes vides, je les remplissais en consommant du matériel. On peut faire un achat sur un coup de tête, parce qu’on n’est pas bien; après, on se sent mieux pendant une demi-heure ou quelques jours, mais c’est éphémère. Ce n’est pas comme aller à l’intérieur de soi, comme je l’ai fait pour le livre que j’ai publié il y a quelques années (L’homme de ma vie, publié en 2019); ça, ç’a été le plus beau cadeau de ma vie.

Publicité

• À lire aussi: Peter MacLeod lance une gamme de produits alimentaires à son image

Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin

Tu as donc pris le temps de définir comment tu voyais la suite des choses pour toi.
Exact, et peut-être pour la première fois de ma vie, je me suis choisi. Il y a quelques années, si j’avais eu cette espèce de boule de stress, j’aurais trouvé un système de protection encore plus solide, en faisant beaucoup de déni. Ça m’aurait peut-être conduit à tomber en pleine face sur scène un an plus tard, mais c’est ce que j’aurais fait. J’ai toujours été perçu comme un gars très fort et très viril, mais les décisions que j’ai prises dernièrement ne font pas de moi un gars moins viril, au contraire. C’est juste qu’avant, j’étais capable de ne pas ressentir les choses, alors que maintenant, je me le permets. Après l’écriture de mon livre, je me suis promis que j’arrêterais de me faire du mal; parce que je me suis fait du mal longtemps, je me suis fait violence. Quand la vie m’a mis face à une situation et que je suis allé voir à l’intérieur de moi, j’ai compris que j’étais en train de me faire du mal, et les outils se sont automatiquement présentés à moi. C’est à ce moment-là que j’ai pu me choisir. À partir du moment où j’ai pris la décision, c’était une bonne décision! J’ai ressenti une grande paix en dedans de moi. Je n’avais à convaincre personne que je n’étais pas capable de faire quelque chose, je ne me sentais tout simplement pas prêt à le faire. Je suis devenu zen par rapport à ça. Mon chum et ami Éric Young et toute l’équipe d’Entourage m’ont appuyé.

Dirais-tu que ce stress que tu ressentais est disparu?
Oui, il a fait place aux projets et au plaisir.

Publicité

• À lire aussi: Le chaleureux chalet rustique de Peter MacLeod est à vendre pour 799 000$

Tu parlais de ton image de gars viril... As-tu l’impression que le fait de parler de ce que tu as ressenti va toucher beaucoup de gens?
Tu n’as pas idée de tous les messages que j’ai déjà reçus. C’est fou! Des gens très connus m’ont dit qu’ils vivaient la même chose et qu’ils étaient fiers de moi. Tu serais impressionné. J’ai aussi reçu plusieurs messages de personnes qui suivent ma carrière depuis des années, et d’autres qui ne m’aimaient pas, mais qui m’ont écrit qu’ils étaient fiers de moi que j’aie pris la décision de me choisir. Il y a beaucoup de jeunes aussi, des ados, qui m’en ont parlé. La pandémie a amené beaucoup de jeunes à vivre de l’anxiété, et je pense que la vision du gars très fort qu’ils ont de moi est différente parce que j’ai mis un genou par terre. Il reste que mon message était très clair: je vais très bien, ma vie de tous les jours va bien, et ma créativité est à son maximum. Il y a bien des gens qui ont su que je reportais ma tournée et qui ont pensé que j’étais roulé en petite boule par terre et que j’étais en train de mourir! Ce n’est pas ça du tout.

Ta démarche s’inscrit aussi dans le contexte de la pandémie, alors que beaucoup de personnes se sont remises en question et ont fait des choix...
Oui. Et quand on se choisit, c’est fou raide à quel point on se met à rayonner. Je pense que le problème de bien des êtres humains est qu’ils ne s’aiment pas assez ou pas pantoute. Le matin où on réalise qu’on ne s’aime pas, il fait pas mal noir! Si on est assez honnête pour se le dire, c’est là qu’on se demande ce qu’on peut faire et qu’on se choisit. Souvent, on veut rendre service aux gens en faisant des choses qu’on n’a pas envie de faire, mais on ne se fait pas du bien. Il y a eu des étapes dans ma vie où j’ai commencé à évoluer. Je me souviens d’un jour où j’ai décidé que j’allais arrêter de penser que tout était toujours de la faute des autres. Et si quelqu’un ne va pas bien dans mon entourage, je vais être là, mais ce n’est pas moi qui vais me précipiter pour aller aider quelqu’un qui ne veut pas s’aider, parce que ce serait une perte de temps. Si quelqu’un a besoin de parler, je vais être là aussi, mais maintenant je me tiens loin de ceux qui jouent à la victime. C’est important de se choisir et de s’aimer, et on se met à changer pour le mieux à cause de ça.

À quel moment crois-tu que tu seras en mesure de remonter sur scène?
Les prochains mois vont être déterminants. Si jamais on décide qu’on fait cette tournée-là pour un certain nombre de dates, c’est sûr que ça n’ira pas avant l’automne. Si on va de l’avant, on fera de 40 à 50 shows par année. Si j’ai du plaisir à aller faire chacun de ces spectacles-là, ça va paraître sur scène. Durant les deux premières années de ma tournée précédente, ça allait bien; mais pendant la troisième année, c’était tout le temps difficile, et personne ne pouvait le savoir. Moi, je savais, durant la journée, que ça devenait de plus en plus pesant. Aujourd’hui, j’essaie d’accepter un peu l’inconnu. C’est difficile, parce que l’être humain a besoin de contrôler des choses, et avec la pandémie, on en contrôle encore moins. C’est gros, ce que j’ai fait pour ma carrière ou mon gagnepain: je me suis lancé dans l’inconnu. J’ai vraiment tout arrêté et je m’ouvre à l’inconnu, mais je suis convaincu que les cadeaux sont cachés derrière tout ça. Je suis prêt à provoquer des choses, je lance des choses dans l’univers, mais je ne me crée pas d’attentes. 

Publicité

• À lire aussi: Le chalet de Peter MacLeod est à louer

courtoisie
courtoisie



Ses produits alimentaires Pete Authentique sont en vente en exclusivité chez les épiciers Metro. Surveillez les belles nouveautés à venir dans les prochaines semaines.

À VOIR AUSSI: 22 mères mémorables de la télé québécoise 

Publicité

Sur le même sujet