Peter Miller se confie sur sa carrière et sa vie de couple

Photo : Sebastien Sauvage / TVA

Saskia Thuot

2021-08-23T13:00:00Z

En ce beau matin d’été, j’attends mon invité, l’acteur Peter Miller. Je ne le connais pas beaucoup, mais je sais déjà que je passerai un bon moment avec lui. Je découvre un homme calme, très drôle, et un grand passionné. L’acteur de 53 ans pose sur la vie un regard fort inspirant.

Photo : Sebastien Sauvage / TVA
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Je commence avec une confidence. Au temps de Lance et compte, j’avais un petit faible pour lui: je le trouvais tellement beau! Il rit et accepte le compliment. Il me confie que les années où il interprétait le célèbre joueur de hockey restent pour lui de magnifiques souvenirs. «C’était le rêve! Il y a toute une histoire derrière ça. Tout a commencé à San Francisco. J’allais à l’université en Californie où j’étudiais en affaires internationales. J’avais reçu une bourse de football. J’étais un sportif, mais comme cours optionnel, j’ai choisi le théâtre. Je ressentais l’appel. Ça m’a pris tout le courage du monde pour faire ce choix. J’ai été repêché par la Ligue canadienne de football, mais durant la saison morte, j’étudiais le théâtre à San Francisco. Finalement, j’ai quitté le football quand j’ai été accepté au Conservatoire, à New York, en 1997.»

DE GRANDES AMBITIONS
Une aventure exceptionnelle commençait alors pour lui. De nature téméraire, Peter n’a jamais eu peur de rêver grand. Il a eu l’audace d’auditionner dans une prestigieuse école de New York où des acteurs tels que Al Pacino et Robert De Niro ont étudié, rien de moins! «Je n’oublierai jamais cette étape de ma vie! Il fallait écrire quatre ou cinq pages sur notre expérience, en plus de passer une entrevue très poussée. C’est le genre d’endroit où on est très, très sélectif. Il y avait beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. J’ai été accepté. Je jubilais!» 

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Photo : inconnu / TVA
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Il poursuit: «Pour mes études, je me suis acheté un ordinateur. La première recherche que j’ai faite, c’est Lance et compte. Je ne sais pas pourquoi... L’instinct peut-être? C’est comme ça que j’ai appris qu’on prévoyait tourner la deuxième génération. Je me suis dit qu’il fallait que je sois là-dedans! De New York, je suis monté à Montréal pour aller porter ma cassette d’audition.» Le destin étant ce qu’il est, le personnage de Mike Ludano l’attendait au tournant, et c’est à partir de ce moment que tout a déboulé pour lui. Il y a eu, entre autres, les films Mambo Italiano et Elles étaient cinq. Dans ce dernier, Peter interprétait un violeur et un tueur, un rôle bien différent de ceux qu’il avait tenus jusque-là. «Quand j’ai lu le scénario, j’ai braillé comme un chiot, se souvient-il. Ç’a été très difficile à tourner. Le fait qu’on ne voie pas mon visage m’a aidé. Ce n’était pas l’histoire du violeur. C’était lourd, mais ça valait la peine de faire partie de ce projet. Je me souviens qu’à Sherbrooke, où on était allés présenter le film, les gens m’avaient hué. J’avais pris le micro et je leur avais dit: “Là, on va se calmer, la gang! C’est un rôle!” Je les avais regagnés en deux secondes. ;)»      

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Photo : Sebastien Sauvage / TVA
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LA FAMILLE AVANT TOUT
Venant d’une famille tricotée serrée, Peter me parle de ses parents avec beaucoup d’amour. «On a toujours eu une belle relation. Mes parents sont partis beaucoup trop tôt. Encore aujourd’hui, ils me manquent énormément... Leur départ a été un moment très éprouvant. Ils sont décédés trop jeunes. Ma mère en 2013, à 69 ans, mon père en 2015, à 75 ans. Ça s’est passé pendant des moments très tranquilles sur le plan professionnel. J’ai pris soin de mes deux parents. J'ai aussi un frère dont je suis proche: Bobby Miller. Tu devrais le voir: il est tellement beau bonhomme!» (rires) Homme de famille, l’acteur est comblé sur le plan amoureux. Il est en couple avec la chorégraphe Émilie Leblanc, et tous les deux vont bientôt célébrer 16 ans de vie commune. Son regard scintille encore plus! «Oui, 16 belles années, confirme l’acteur. Après trois martinis, on s’est mariés, seuls, à Vancouver. On s’est rencontrés sur Le match des étoiles: c’était ma chorégraphe.» Cette histoire d’amour, qui a débuté par un véritable coup de foudre, a chamboulé leur vie. Comme dans un film! «Tu sais? L’acteur qui s’en va faire une gig de danse de vedettariat et qui rencontre sa conjointe? C’était quelque chose! C’était déstabilisant. J’étais scié en deux... Après la première répétition, on a pris un verre ensemble. On aurait continué, mais il fallait qu’Émilie parte. Elle et moi, on est comme tous les couples: on vit nos choses, mais on les vit bien. On grandit ensemble. On s’en va dans le même sens tout en respectant le chemin de chacun. Tous les deux, on est un peu gitans dans le cœur...» 

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APPRIVOISER LE TEMPS
Les amoureux sont aussi des amants de la nature. Établis à Bromont, tout près de la montagne, c’est là qu’ils se ressourcent. «J’ai tout le temps le nez dehors. L’hiver, à 5 h du matin, je pars seul en raquettes. Je me souviens quand j’ai commencé à pratiquer cette activité; je faisais à peine 200 m. Je n’étais pas en forme. Il faut dire que je fumais encore à ce moment-là. Aujourd’hui, c’est une autre histoire. Je monte la montagne en écoutant de la musique. Ça me remplit et me nourrit, il y a quelque chose d’ésotérique que j’aime. Gravir la montagne me permet de méditer en mouvement, en action. Quand je fais de la raquette,je rentre chaque fois chez nous dans un état extraordinaire. J’aime être seul. J’aime quand tout le monde dort et que je suis debout. C’est vraiment un exercice de spiritualité, cette affaire-là. D’habitude, je suis très tôt sur District, mais quand j’arrive à monter la montagne le matin et à aller travailler après, j’adore ça! Peux-tu imaginer assister au lever du soleil? C’est un moment de grande sérénité!» À 53 ans, celui qui écoute beaucoup sa petite voix aborde chaque nouvelle année comme une page blanche à remplir. Une façon de créer sa vie. Pour lui, tout est possible! «Avec le recul, je réalise que, quand on est plus jeune, on nous dicte un peu ce qu’est la vie, ce qu’on devrait faire pour réussir et pour s’épanouir.» Au fil du temps, il a appris à se choisir, à se prioriser, à se donner la place qu’il mérite. C’est peut-être le travail d’une vie. «Finalement, je ne crois pas qu’on ait besoin de souffrir pour avancer. Comme tout le monde, j’ai eu des moments plus difficiles, dans ma vie personnelle et ma vie professionnelle, mais tout ça me permet d’avancer et de me recentrer. Aujourd’hui, disons que je n’ai pas peur de mettre ma confiance de l’avant. Je me suis beaucoup mis de côté par le passé. Maintenant, je fais de mon mieux pour me mettre à l’avant-plan dans ma vie. J’essaie d’identifier toutes les distractions, d’en prendre conscience et de les tasser ou de m’en servir quand ça me tente.»     

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Photo : Sebastien Sauvage / TVA
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UN RÔLE DÉTERMINANT
Dans sa vie professionnelle, l'acteur est réputé pour son efficacité. Il confirme: on l'appelle One-take Pete. Un grand avantage sur un plateau de tournage où chaque minute compte. Parlant de travail, c'est le personnage de François Labelle dans District 31 qui lui a donné cette belle visibilité qui est actuellement la sienne. Ce personnage sera-t-il de retour la saison prochaine? «Je n'ai pas été assassiné, alors j'imagine que je vais faire partie de certains épisodes», blague-t-il. On a souvent l'impression, à tort, que parce qu'un acteur fait partie d'une série, il travaille constamment. Ce n'est pas le cas. Peter raconte à ce sujet: «Ce qui est drôle avec District 31, c'est que toutes les semaines, tu ne sais pas si tu as une job ou non. Durant un mois, tu peux tourner dans 13 épisodes, puis ne plus rien faire pendant deux mois. Il faut se tenir occupé avec d'autres affaires. On n'a pas le choix. Justement, à quoi rêve le comédien pour son métier? Il répond avec enthousiasme: «Admettons que District se termine demain matin, c’est sûr que j’accroche Luc Dionne et que je le remercie pour le travail qu’il m’a donné. C’est extraordinaire ce que je vis avec cette série! Je tripe sur mon rôle, le biker que j’incarne est hyper intelligent. Mais pour répondre à ta question, je prendrais bien un premier rôle dans une série. Je suis prêt pour LE rôle. 

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Je m’investis corps et âme dans mes personnages, et là, je pense que c’est à mon tour. Faire ce travail que j’adore me remplit de gratitude et je donne toujours le meilleur de moi-même.» Sur petit et grand écran, il a souvent joué les mauvais garçons. Il a aussi souvent incarné des étrangers, des Italiens notamment. «Ça, ça vient de maman; je suis Amérindien par ma mère. On me confie souvent des rôles d’Italiens, d’Amérindiens, d’Européens de l’Est. C’est un bon casting, notamment aux États-Unis, où j’ai fait carrière. J’ai déjà eu des agents là-bas. J’ai décidé d’arrêter, mais je me sens présentement en pleine confiance et en possession de mes moyens, alors je me dis que ce serait un bon moment pour relancer ma carrière à l’international! Qu’en penses-tu?»      

Je trouve que c’est une bien belle idée! La cinquantaine lui sied à merveille, l’expérience fait de lui un homme bien enraciné, habité par ce désir de toujours aller plus haut. «Effectivement, et ce, dans toutes les sphères de ma vie. Choisir d’entrer en contact avec soi, c’est développer cette relation-là avec ton intérieur, qui est ta seule vraie vérité. Ce n’est pas la vérité absolue, mais c’est la tienne... et je la laisse me guider!» On se quitte sur ces mots inspirants. Merci, Peter! 

District 31, du lundi au jeudi 19 h, dès le 13 septembre à Radio-Canada.

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