Vincent-Guillaume Otis s’ouvre sur la suite de sa carrière après District 31

Photo: Eric Myre / TVA Publications

Daniel Daignault

2022-04-25T10:00:00Z

Le personnage de Patrick Bissonnette collera encore un moment à la peau de Vincent-Guillaume Otis, mais pour l’heure, le comédien est en vedette aux côtés de François Arnaud dans Norbourg. Ce film raconte la montée et la chute de cette entreprise dirigée par Vincent Lacroix, un scandale financier dont ont malheureusement été victimes plus de 9000 personnes, qui ont vu leurs épargnes s’envoler en fumée. 

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Vincent-Guillaume, tout le monde a déjà entendu parler de Vincent Lacroix. Mais Éric Asselin, lui, le personnage que tu défends dans le film, n’est pas connu du grand public.
Je ne connaissais pas l’existence de cet homme mais, comme tout le monde, j’avais entendu parler de Vincent Lacroix. Quand le réalisateur Maxime Giroux m’a téléphoné pour me parler d’un projet, j’étais d’abord enchanté qu’il m’appelle parce qu’il est l’un des grands réalisateurs qu’on a au Québec. Puis, il m’a parlé du projet Norbourg et m’a dit qu’il m’offrait le rôle d’Éric Asselin. Il m’a expliqué qui il était, et j’ai été enchanté. Si Éric n’avait pas été là, les gens n’auraient pas été escroqués, et c’est ce qui le rend plus vil. Ses motivations ne sont pas les mêmes que celles de Vincent Lacroix, qui est tout aussi malveillant. Vincent voulait être une star de la finance, que les gens l’aiment, alors qu’Éric Asselin, c’est le contraire: il est beaucoup plus calculateur, et son moteur est l’amertume et la frustration. Je sais ce qu’il a fait, mais je ne lui ai jamais parlé et je ne sais pas par quoi il a été motivé. Mon travail d’interprète, c’est de dire qu’il était frustré, qu’il aurait aussi voulu être une star de la finance et que ça n’a pas marché. J’ai imaginé qu’il avait tout calculé, qu’il n’attendait qu’une occasion et qu’il l’a eue avec Norbourg.

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Donc, sans Éric Asselin, Vincent Lacroix n’aurait pas fait long feu avec Norbourg?
Vincent Lacroix avait déjà des problèmes, il était presque en faillite, il n’aurait jamais réussi. Éric Asselin est arrivé, il lui a évité l’enquête et lui a permis de placer son argent pour mal faire. Notre empathie va encore plus vers les victimes.

As-tu eu du plaisir à jouer ce personnage?
Vincent Lacroix, on le connaît physiquement, alors que ce n’est pas le cas pour Éric. Ça m’a donc donné une latitude intéressante pour créer ce personnage. Il n’avait pas de lunettes, mais j’ai décidé d’en porter pour que le personnage soit opaque. Néanmoins, le scénario et le personnage étaient tellement bien écrits par Simon Lavoie et bien dirigés par Maxime Giroux, que je ne voulais pas trop lui ressembler pour ne pas me perdre là-dedans. C’était mieux d’être accroché à ses motivations profondes, humaines et dramatiques. Ç’a aussi été intéressant de travailler sur les connaissances financières techniques. Plus je travaillais de façon froide et apprenais quel était son modus operandi, plus je m’éloignais du côté humain quand je le créais. Il s’en foutait, des victimes, et j’ai créé un personnage cérébral qui travaillait pour lui-même. Le contraire de ce que je suis.

Photo : Eric Myre / TVA Publications
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Évidemment, on ne peut passer sous silence la fin de District 31. Qu’est-ce qui va te manquer le plus?
Mon personnage, je l’emporte avec moi. Je suis allé au bout de toutes les possibilités que Luc m’a offertes avec ce rôle. J’ai le sentiment du devoir accompli et il va me manquer parce que je suis habitué à le jouer. La routine très prenante, la régularité et la sécurité vont me manquer. Surtout, il y a cette famille que je quitte. J’ai fait 125 jours de tournage par an avec elle, des journées très intenses. J’ai eu la chance de tomber sur des humains merveilleux, tous plus extraordinaires les uns que les autres. 

Comment as-tu vécu avec la popularité de District 31 et de ton personnage?
Je suis passé de la personne qu’on pense connaître parce qu’on est allé à l’école ensemble à Vincent-Guillaume Otis, l’acteur qui joue Patrick Bissonnette. On prend ça avec beaucoup d’humilité, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver dans ce métier. En même temps, je suis content d’avoir cette popularité. Mais elle m’effraie un peu, parce que je fais ce métier pour essayer de me cacher derrière un personnage et pour que ma personnalité ne prenne pas le dessus sur ce que je joue. Patrick Bissonnette est devenu populaire et après ça, Vincent-Guillaume Otis a pris le dessus. Je suis content, je suis bien fier de ça. C’est Patrick Bissonnette qui m’a fait connaître.

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Sur District, tu as dû être heureux d’avoir l’occasion de jouer avec Éveline Gélinas, ta compagne de vie?
Oui, on n’a pas beaucoup joué ensemble, on n’a eu que quelques scènes. Mais on a tous deux joué au théâtre deux fois, et on a aussi tourné un film ensemble (Ce qu’il faut pour vivre, en 2008). On a aussi été ensemble dans Apparences, mais on n’était pas nécessairement engagés parce qu’on est un couple. Je tiens à séparer ça. Elle est une grande interprète et elle est engagée pour ses talents de comédienne. Je lui dis tout le temps: j’aime encore plus jouer avec Éveline Gélinas l’actrice qu’avec la compagne. Je l’aime déjà comme blonde, j’aime la côtoyer dans la vie, elle est une super partenaire de travail. Elle est excellente partout, elle a toujours été bonne. Je suis bien chanceux.

Comment s’annonce la suite pour toi, maintenant que District est terminé?
Je vais commencer à travailler sur un long métrage de Charles Grenier, un jeune réalisateur que j’ai rencontré lorsqu’il est venu travailler sur District. C’est un projet qui en est à ses tout débuts. Mon gros projet cette année, c’est le théâtre, et j’y retourne en septembre. C’est un retour aux sources nécessaire pour moi. 

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Il y a combien de temps que tu as joué au théâtre?
La dernière fois, c’était juste avant de faire District. J’ai fait L’orangeraie au Théâtre Denise-Pelletier avec Claude Poissant. Puis j’ai fait la mise en scène de Des souris et des hommes au Théâtre Jean-Duceppe. Là, j’ai vraiment besoin de m’enfermer dans une salle de répétition, de travailler un personnage en amont. Je retrouve des collaborateurs, des gens que j’aime. C’est une pièce magnifique, très dure. Je vais sortir de ma zone de confort et aller me confronter à un texte, des personnages et des metteurs en scène. J’ai eu des invitations, que j’ai déclinées parce que c’est arrivé en même temps. Je n’aime pas faire plusieurs projets à la fois, parce que sinon j’ai l’impression d’être moyen partout. J’essaie d’aller un peu à contre-courant de ce monde dans lequel on vit en ce moment, où il faut être partout et tout faire. J’essaie de me dire qu’il faut que je fasse une chose à la fois. C’est ce que j’ai toujours fait et j’essaie de continuer à le faire. Je vais aller au théâtre et ensuite, il arrivera ce qui arrivera. Mais pour l’instant, j’ai besoin de recharger ma batterie. Le Québec est à la fois un grand et un petit milieu artistique. Les opportunités arrivent souvent en même temps et il est difficile de dire non. C’est très difficile pour tout le monde, parce que tous les projets sont intéressants, et tu ne sais jamais ce qu’il va arriver après. Je ne tiens rien pour acquis, je n’ai pas l’impression d’être arrivé. Tout ce que je fais, je le fais avec tout mon cœur, comme si c’était la première fois.

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Maintenant que la promotion de Norbourg est complétée, quels sont tes projets pour l’instant?
Il faut que je me repose. Ensuite, je vais retrouver ma gang et prendre un peu de temps pour redonner à ma blonde ce qu’elle a fait pour moi au cours des six dernières années. Elle a été extrêmement présente, elle a monté la garde pendant ce temps-là, et je sais que je ne pourrai jamais lui redonner ce qu’elle a fait. Si ça arrive, je vais le faire, mais je suis très reconnaissant. Il y a de beaux projets qui s’en viennent pour elle aussi, dont vous allez bientôt entendre parler.

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Sur scène au Rideau Vert   

Photo: © Gracieuseté
Photo: © Gracieuseté

Au moment de notre rencontre, Vincent-Guillaume ne pouvait nous révéler les détails de la pièce dont il sera la vedette en septembre, mais la nouvelle est maintenant connue: il sera de la pièce Le fils, au Théâtre du Rideau Vert. Il s’agit d’une pièce de Florian Zeller, l’un des dramaturges français les plus joués et traduits dans le monde. Le comédien jouera notamment aux côtés d’Émile Ouellette, un finissant de l’École nationale de théâtre, qui défendra le rôle du fils en question. La pièce sera jouée du 27 septembre au 29 octobre, dans une mise en scène de René Richard Cyr. Pour en savoir plus: rideauvert.qc.ca.

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