Incursion exclusive sur le plateau d’Anna et Arnaud

Photo : Bruno Petrozza

Nathalie Slight

2022-07-01T04:00:00Z

L’autrice Francine Ruel ne pouvait pas souhaiter meilleure équipe pour adapter son roman Anna et l’enfant-vieillard au petit écran. Producteur, scénariste, réalisateur, comédiens et techniciens ont l’histoire «tatouée sur le cœur». Bouleversante, la série Anna et Arnaud changera assurément notre vision de l’itinérance. TV Hebdo s’est rendu sur le plateau.

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Pour adapter Anna et l’enfant-vieillard au petit écran, Francine Ruel a choisi de travailler avec la boîte de production Pixcom. La première démarche de l’autrice a été de rencontrer quelques scénaristes et le producteur. 

Deux trajectoires en parallèle

«Excellent roman, Anna et l’enfant-vieillard dépeint toute l’impuissance d’une mère à venir en aide à son fils toxicomane, qui s’enfonce lentement mais sûrement dans l’itinérance. Toutefois, pour transposer ce récit au petit écran, je trouvais qu’il nous manquait le point de vue du fils, qui vit une longue et douloureuse descente aux enfers. J’ai donc proposé d’écrire un scénario qui dépeint les deux trajectoires en parallèle, celle de la mère et celle du fils. Francine Ruel a été séduite par cette idée», explique le scénariste, François Archambault, lors de la visite de plateau de la série Anna et Arnaud, à Pierrefonds, dans l’ouest de l’île de Montréal.

François Archambault
François Archambault Photo : Bruno Petrozza

«Aujourd’hui, les comédiens tournent une scène pivot de la série: accompagnée de sa meilleure amie, Anna conduit pour la première fois son fils Arnaud dans un centre de désintoxication», ajoute le scénariste.

Des conversations bouleversantes

Au moment où le projet de série allait de l’avant chez Pixcom, Francine Ruel a renoué avec son fils Étienne, qui vit dans la rue. Elle lui a demandé de donner sa version de l’histoire, et il a volontiers rencontré François Archambault.

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«J’ai discuté une quinzaine de fois avec Étienne. Il m’a raconté en détail le crime gratuit dont il a été victime à 20 ans et qui l’a laissé avec plusieurs cicatrices de projectiles sur le corps. Cet événement représente le point de bascule dans sa vie; il ne s’en est jamais remis. Étienne nous a ensuite parlé de sa consommation de drogue et de sa vie dans la rue, racontant non seulement ses anecdotes personnelles, mais également celles de ses compagnons d’infortune. Parallèlement à ces rendez-vous avec Étienne, j’ai discuté avec Francine Ruel. Dans le roman, elle explique la détresse d’Anna d’un point de vue intérieur, alors que pendant nos entretiens, elle m’a fait un résumé plus factuel de ce qui a mené son fils à la rue.»

Louis Bélanger
Louis Bélanger Photo : Bruno Petrozza

C’est avec tout ce bagage de confidences que le scénariste s’est installé devant son ordinateur pour écrire la touchante série Anna et Arnaud, une expérience qui l’a transformé sur le plan humain. «Je ne verrai plus jamais les gens en situation d’itinérance de la même façon», confie-t-il avec émotion. 

Marie-Hélène Thibault campe la meilleure amie d’Anna.
Marie-Hélène Thibault campe la meilleure amie d’Anna. Photo : Bruno Petrozza


Espoirs et déceptions
La série met en scène une couturière de grand talent qui se voit dans l’obligation de mettre ses rêves professionnels de côté pour tenter de sauver son fils de l’enfer de la drogue et de l’itinérance. Le réalisateur, Louis Bélanger, a immédiatement pensé à la comédienne Guylaine Tremblay pour se glisser dans la peau d’Anna. «Guylaine peut jouer tant la force que la sensibilité, et ce sont justement ces traits de caractère qui ressortent chez son personnage. Anna veut à tout prix sauver son fils de l’itinérance, mais à force de vivre d’espoirs et de déceptions, elle s’enfonce peu à peu avec lui. À un moment donné, elle devra se choisir, faire passer ses besoins en premier... et essayer de faire le deuil d’un enfant toujours vivant.»

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Sur le plateau, les journalistes ont assisté au tournage d’une scène dans laquelle Anna amène Arnaud dans une clinique de désintoxication. La comédienne Julie Roussel donne la réplique à Guylaine Tremblay et Nico Racicot.
Sur le plateau, les journalistes ont assisté au tournage d’une scène dans laquelle Anna amène Arnaud dans une clinique de désintoxication. La comédienne Julie Roussel donne la réplique à Guylaine Tremblay et Nico Racicot. Photo : Bruno Petrozza

À l’audition, le réalisateur a eu un véritable coup de cœur pour Nico Racicot. «Comme les intrigues se déroulent en deux temps, je devais choisir un comédien capable de jouer un jeune homme naïf dans la vingtaine, qui a toute la vie devant lui, et un toxicomane brisé qui vit dans la rue. Avec ses grands yeux bleus, son sourire franc et son côté charmeur, Nico était parfait pour rendre les différentes facettes d’Arnaud. La magie opère sur le plateau: Guylaine et Nico campent à merveille toute la complicité et la complexité de cette relation, dans laquelle la toxicomanie se met au travers de l’amour d’une mère envers son fils», conclut le réalisateur. 

Le réalisateur donne des consignes aux comédiens avant le tournage.
Le réalisateur donne des consignes aux comédiens avant le tournage. Photo : Bruno Petrozza

De grandes questions

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

Guylaine Tremblay devient très émotive lorsqu’elle parle d’Anna et du drame qu’elle vit au quotidien. «L’élément déclencheur de la descente aux enfers d’Arnaud, c’est un crime gratuit. Certains auraient pu vivre le même drame et s’en servir comme moteur pour devenir intervenants auprès des victimes d’actes violents. Arnaud, lui, a sombré dans la toxicomanie. Ça m’amène à me poser de grandes questions sur la résilience de chacun. Je pense que nous n’avons pas tous le même seuil de tolérance en matière de douleur physique et psychologique.»  

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Une série nécessaire 

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

Nico Racicot est complètement investi dans son rôle. En amont du tournage, il s’est préparé en effectuant des recherches sur la toxicomanie et l’itinérance, et en rencontrant différents spécialistes. À trois reprises, il est allé mendier dans la rue pour mieux comprendre le quotidien de son personnage. «L’indifférence des passants, c’est ce que je retiens de cette expérience. Les gens sont tellement mal à l’aise face à l’itinérance! Je me sentais invisible, moins que rien, inexistant à leurs yeux. Je pense que la série Anna et Arnaud est nécessaire, parce qu’elle nous ouvre les yeux sur la réalité des itinérants. Derrière chacun d’eux, il y a une histoire, un drame, une souffrance. Ils n’ont pas choisi de vivre dans la rue, et c’est ce que nous allons comprendre grâce à la série. Espérons qu’un vent de sympathie envers ces gens démunis soufflera sur le Québec grâce à elle.» 

 ► La série Anna et Arnaud sera présentée cet automne à TVA.

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