Jean-Marc Généreux lance son autobiographie

Photo : Eric Myre

Marie-Hélène Goulet

2021-05-10T14:47:49Z

La pandémie a forcé le danseur et chorégraphe à l’immobilité pour la première fois de sa vie. Fortement impacté par l’arrêt de ses activités, Jean-Marc Généreux a choisi de continuer son dialogue avec les Québécois, en écrivant son histoire, et de profiter du temps avec les siens.

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Jean-Marc, dans quel état d'esprit étiez-vous quand vous avez décidé d’écrire votre autobiographie?
Avant la pandémie, je n’avais jamais manqué de boulot de ma vie. Pour la première fois, toutes les portes se fermaient en même temps devant moi. Pire, moi qui avais toujours eu l’impression d’apporter du bonheur aux autres, je devenais toxique, car mon travail pouvait causer des éclosions! Je ne me sentais pas bien, mais je ne suis pas allé consulter pour qu’on me diagnostique une dépression. Comme ma femme, France, est toujours au front aux côtés de notre fille, Francesca (qui souffre du syndrome de Rett), je ne voulais pas l’inquiéter avec mes petits problèmes. Je vivais mes moments d’émotion à l’écart; j’allais pleurer dans le garage... Moi qui, en quittant le cégep, avais mis tous mes œufs dans le même panier en optant pour la danse, j’ai remis mes choix en question. Je me demandais ce que je pouvais faire pour aider ma famille.

France a quand même dû sentir que vous n’alliez pas bien...
Oui, mais elle savait que je devais passer par cette étape, que je me redéfinisse. Elle connaît très bien son rôle: celui de garder notre famille unie et de protéger notre fils, Jean-Francis, et surtout Francesca. Le mien a toujours été de travailler pour faire vivre notre famille. 

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Qu’est-ce qui vous a donné l’idée du livre?
Les choses qui m’ont fait le plus mal, c’est l’arrêt de la tournée de Révolution et surtout le report de la troisième saison de l’émission. J’ai exercé mon métier partout dans le monde, et je commençais à peine à parler aux gens de chez nous, puis, tout à coup, on m’enlevait ça. Comme, il y a quelques années, les éditions Michel Lafon m’avaient offert de faire un livre sur mon parcours, j’ai décidé de saisir cette occasion pour écrire aux Québécois, et ça m’a réconcilié avec plein de choses.

Que vouliez-vous surtout leur dire?
Je trouvais qu’il leur manquait un morceau de mon histoire. Avec Révolution, ils ont vu à l’écran un être émotif qui faisait des envolées lyriques, mais dont ils ne connaissaient pas grand-chose. J’ai parcouru la planète, dans le domaine de la danse sportive, pour donner des spectacles tant à Tokyo qu’à Los Angeles et Victoriaville! J’ai travaillé avec les plus grands à So You Think You Can Dance aux États-Unis et j’ai fait 10 saisons de Danse avec les stars en France, mais ça, peu de gens le savent.

Malgré votre expérience, vous avez dû cogner à la porte de Révolution et parler avec les gens de la production durant des mois pour avoir votre siège de maître...
Oui. Longtemps, je me suis demandé pourquoi on ne me sollicitait pas chez moi. Avais-je trop d’énergie? Était-ce mon casting qui ne plaisait pas? J’ai compris que, si la montagne ne venait pas à moi, il fallait que j’aille à la montagne. Je n’ai jamais eu honte de le faire ailleurs, mais au Québec, j’étais intimidé.
 

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TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

 
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Pourquoi était-ce si important pour vous de vous démarquer ici?
Mon fils m’a souvent demandé: «Papa, tu travailles à Paris, à Los Angeles et à Toronto, ça ne te suffit pas?» Et je lui répondais toujours: «Oui, mais dans toutes ces villes, je n’ai jamais l’opportunité de dormir auprès de ta mère après une grosse journée de travail.»

Vous dites dans votre livre que c’est elle que les producteurs de Révolution voulaient comme maître au début...
Oui. C’est magique comme idée! Et, croyez-moi, ça m’aurait rempli de joie! Je ne veux pas empêcher ma femme de briller. Je sais qu’elle aurait été fabuleuse dans ce rôle et je l’aurais encouragée, mais je savais qu’elle n’accepterait jamais. Il faut comprendre qu’avec la condition de Francesca, France a mis sa vie publique derrière elle, et rien ne pourrait la faire changer d’avis! 

Forcément, vous vous êtes tous retrouvés à la maison. Cela vous a-t-il permis de voir encore plus son dévouement?
J’étais déjà très reconnaissant et admiratif de ce qu’elle fait, mais je le suis mille fois plus à présent! Avec mon horaire, j’étais rarement plus de trois jours d’affilée chez moi. Quand j’y suis, j’aide, mais jamais autant que France, qui est à la fois mère, infirmière et préposée aux bénéficiaires! Cette pause m’a aussi fait réaliser à quel point nous sommes invisibles, nous, les parents d’enfants différents.

Que voulez-vous dire par «invisibles»?
Je ne regardais plus les points de presse du gouvernement comme un artiste, mais plutôt comme un papa d’une jeune fille handicapée. Pendant des mois, il a peut-être été question deux fois de nous et de nos familles. Sans vouloir tirer la couverture de notre côté, durant le confinement, quelle aide des familles comme la nôtre ont-elles eue? Chez nous, Francesca était gagnante parce qu’elle se retrouvait tout d’un coup avec deux parents pour s’occuper d’elle. Mais combien de chefs de famille monoparentale ont été pris sans ressources à la maison, tout en devant gagner leur vie?

Qu’auriez-vous voulu que le gouvernement annonce?
Comprenez-moi bien: je sais que le feu était pris dans la maison de tout le monde, mais il aurait quand même peut-être fallu offrir des services. J’espère ouvrir les yeux des lecteurs sur la réalité des familles différentes. En me lisant, ils verront que, derrière le faste de mon métier, je suis aussi celui qui fait des FaceTime dans sa loge avec sa femme et qui est inquiet parce que sa fille est à l’hôpital en train de faire des crises d’épilepsie à répétition. 

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Avez-vous réussi à trouver du positif dans ce que vous avez vécu ces derniers mois?
Tous les soirs, j’ai pu prendre Francesca sur moi jusqu’à sentir sa tête s’abandonner sur mon épaule et la voir sourire avant qu’elle ne s’endorme. Ça ne m’arrivait plus. Je ne peux pas vous expliquer la joie que ça m’apporte. J’ai aussi retissé des liens avec mon beau et grand Jean-Francis. Il a pâti de la maladie de sa sœur et de mon horaire chargé. Là, j’avais tout mon temps pour lui. Nous avons recommencé à jouer au golf ensemble, et ça me remplit de bonheur! 

En outre, vous devriez reprendre en juin les tournages de Révolution 3. Vous devez être impatient de retrouver l’équipe!
Oui. Il existe une magie entre nous (les autres maîtres, Lydia Bouchard et Les Twins, ainsi que Sarah-Jeanne Labrosse) depuis notre première rencontre. On respecte nos parcours respectifs. On a fait des appels vidéos, mais j’ai hâte d’avoir une conversation en personne. On parlait de danse en coulisses, mais aussi de politique, de culture... Avec nos bagages différents, c’est très enrichissant. 


 

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