Jeanick Fournier, la gagnante de Canada’s Got Talent, se confie
Carolyn Richard
C’est le 17 mai que Jeanick Fournier a remporté Canada’s Got Talent grâce à ses interprétations émouvantes. Un grand bonheur de plus dans la vie de la préposée en soins palliatifs, qui a récemment trouvé l’amour et est comblée par ses deux enfants, atteints de trisomie. Son existence est devenue un conte de fées, et ce n’est que le début. Au-delà de l’artiste au talent extraordinaire, c’est une femme remplie d’amour et d’empathie qui s’ouvre sur son histoire.
Jeanick, vous êtes la grande gagnante de Canada’s Got Talent et tout le Québec a voté pour vous. Vous êtes-vous remise de vos émotions?
Je ne sais pas, je tripe tellement dans toute cette grande aventure! Tout ça a commencé il y a un an, quand j’ai envoyé ma candidature. C’est en novembre que j’ai chanté Surrender sur scène, ç’a été difficile de garder le secret jusqu’à la diffusion! Depuis la grande finale, le public m’envoie des vidéos d’eux pour me montrer leur réaction quand j’ai gagné. C’est merveilleux et touchant de voir tout ça. Quand je vois qu’autant de gens se sont rassemblés ainsi pour me soutenir, j’ai l’impression d’avoir gagné 50 millions à la loto. (rires)
En fait, c’est 150 000 $ que vous avez gagné.
Oui, et ça va changer ma vie et celle de mes enfants. Présentement, on habite un quatre et demi dans une coopérative, alors on va vraiment améliorer notre situation. Juste de penser que mes enfants auront chacun leur chambre, je suis émue. Tout bouge vite et le fait d’en parler me donne encore des frissons. (rires)
Et vous nous en avez donné de grands avec vos prestations! Votre envie de faire cette carrière de chanteuse vous habite-t-elle depuis l’enfance?
Oui, j’en ai donné des spectacles en chantant pour ma famille, debout sur le divan avec une brosse à cheveux. (rires) J’ai commencé surtout à huit ans à chanter dans les chorales, dans le sous-sol de l’église Sainte-Thérèse-d’Avila. À 10 ans, j’ai été choisie pour tenir le rôle principal dans l’opérette Riquet à la houppe. J’ai donc eu très jeune la piqûre pour le chant.
Et quel genre d’enfance avez-vous eue?
Je suis née à Roberval, j’ai deux sœurs plus jeunes. Mon père était enseignant et, quand j’avais deux ans, il a été muté à Dolbeau-Mistassini. C’est là que j’ai passé mon enfance et mon adolescence. Je me souviens du jour où j’ai vu Céline Dion chanter Ce n’était qu’un rêve à la télé pour la première fois. J’avais alors dit à ma mère: «Maman, moi, plus tard, je veux chanter comme ça.»
Et c’est exactement ce que vous faites aujourd’hui!
Je sais, c’est fou! J’ai même donné un spectacle hommage à Céline à travers le Québec pendant des années.
En dépit de vos rêves d’artiste, vous travaillez en soins palliatifs, deux domaines complètement différents...
À 16 ans, j’étais déjà recrutée par des musiciens pour chanter dans des bars. Mais, comme mon père me disait tout le temps: «C’est bien beau de vouloir chanter, ma fille, mais tu dois poursuivre tes études.» J’ai grandi avec une sœur déficiente intellectuelle sévère, et c’est grâce à elle que je suis devenue la femme que je suis. Et c’est aussi grâce à elle que j’ai adopté mes beaux enfants, Yohan et Emma, qui sont tous deux trisomiques. J’ai étudié en éducation spécialisée et depuis environ 20 ans, en plus de donner des spectacles dans les pianos-bars partout au Québec, je suis préposée en soins palliatifs. J’adore faire ça, car ça me nourrit différemment, mais autant que d’être sur scène.
À travers ce travail en soins palliatifs, vous devez vivre des moments précieux.
Oh oui! Quand je me retrouve avec mes patients, je prends le temps, car avec eux, chaque minute est importante et tout le bonheur que je peux leur donner en est un pour moi. Accompagner les gens dans leurs derniers moments est un privilège et un cadeau de
la vie.
Revenons à vos enfants. Quel âge avaient Yohan et Emma quand vous les avez adoptés?
Mon garçon était âgé de trois mois et ma fille n’avait que cinq semaines. Je ne suis plus avec leur père, car on s’est séparés il y a quelques années et malheureusement, il est décédé aujourd’hui.
Et c’est l’homme qui vous accompagnait à Canada’s Got Talent qui partage votre vie, maintenant?
Oui, c’est mon amoureux. Je suis avec Michel depuis un an et demi seulement. Je l’ai rencontré dans un souper d’amis célibataires. On s’était vus quelques fois, mais il y a eu un soir où l’électricité entre nous était très forte et, de là, tout a pris forme.
Un nouvel amour, c’est toujours un peu déstabilisant. Son intégration dans votre famille s’est-elle bien passée?
Très bien, car Michel et moi n’habitons pas ensemble. Notre relation est basée sur le respect, alors on ne s’impose rien. Nous sommes deux grands complices, on s’accompagne dans nos vies, et ça fait du bien. Évidemment, quelques mois après le début de notre relation, j’avais hâte de le présenter à mes enfants et je dois dire qu’il y a tout de suite eu une belle harmonie.
Michel est un homme bon, très doux et patient; j’étais émue de voir des liens se tisser entre eux. Il a été une belle surprise dans ma vie, car je ne courais pas après l’amour. Michel s’est présenté sur mon chemin comme un cadeau, en toute simplicité. On marche côte à côte et je suis heureuse de l’avoir trouvé.
L’aventure Canada’s Got Talent a débuté pour vous il y a un an et Michel était alors votre amoureux depuis seulement six mois?
Exactement. Il me dit à la blague que la vie avec moi est loin d’être plate. (rires)
Jeanick, à plusieurs reprises, vous aviez auditionné à La Voix sans être sélectionnée. Savez-vous pourquoi?
Oui, je crois tout simplement que je n’étais pas rendue là, ni dans mon cœur ni dans mon environnement, et que je n’étais pas prête à vivre tout ce que je vis présentement. Ces dernières années, j’ai fait beaucoup de ménage dans ma vie, j’ai grandement travaillé sur ma personne. J’aime dire que j’ai travaillé sur mon «moi m’aime». (rires) Je sens que tout ça a fait la place pour accueillir ce qui se passe présentement. Rendue à 50 ans, je sens que les étoiles sont alignées, je me sens prête plus que jamais.
Après votre victoire, de belles choses se préparent pour votre carrière artistique.
Tout va tellement vite que j’en perds des bouts. (rires) Pour moi, la priorité est de déménager très bientôt, probablement vers Montréal. Je viens de signer un contrat de disques avec Universal Music Canada et en plus de mes spectacles au Québec, j’irai chanter à Las Vegas, dans un spectacle d’America’s Got Talent, plus tard cette année.
Votre vie va changer. Celles de vos enfants et de Michel aussi, non?
Oui, tout va changer, et pour Michel, il vient de prendre sa retraite. À partir de maintenant, sky is the limit! (rires)
► On peut suivre Jeanick sur ses réseaux sociaux. Grâce à la signature d’un contrat avec Universal Music Canada, elle lancera entre trois et cinq albums dans les trois prochaines années.
