Anne-Élisabeth Bossé: le défi de tourner Caméra Café

Photo d'Archives, MARTIN ALARIE

Patrick Delisle-Crevier

2021-01-25T19:30:00Z

Dix ans après la première mouture de l’émission Caméra café, voilà que TVA reprend le concept et le met au goût du jour avec une nouvelle distribution. Anne-Élisabeth Bossé fait partie de cette nouvelle version. Entre deux tournages, celle-ci s’est entretenue avec nous sur son rôle, mais aussi sur ses autres projets, sur sa vie en confinement et sur Pauline, la magnifique golden retriever qui est entrée dans sa vie il y a quelques mois.

Anne-Élisabeth, qu’est-ce que ça représente de faire partie de la distribution de la version 2.0 de Caméra café?
C’est un beau projet surprise, et je le tourne avec beaucoup de bonheur. C’est une version différente de ce qui a été fait à l’époque, mais la base demeure la même. C’est toujours une équipe dans un bureau qui se retrouve devant la machine à café. De plus, quand j’ai su que c’était René Richard Cyr qui réalisait la série, j’ai capoté. Il y a 10 ans, j’ai joué au théâtre dans une pièce chez Duceppe dont il était le metteur en scène. Je n’avais pas retravaillé avec lui depuis et c’est donc un grand plaisir de le retrouver.

Que peut-on dire de ton personnage?
Ce qui est bien, c'est que je n'embarque pas dans les souliers de quelqu'un d'autre, c'est vraiment un nouveau personnage. Je joue Vicky, une éducatrice en garderie irresponsable qui ne travaille pas sur le même étage que les autres. On suppose que celle-ci travaille au rez-de-chaussée et qu’elle accueille les enfants des gens qui travaillent dans l’édifice. Elle est toujours en lendemain de brosse, elle cherche l’amour éperdument et trouve toujours une raison pour ne pas travailler. Elle aime niaiser, prendre un café, cruiser... Finalement, elle est tellement mal organisée que c’est probablement la dernière personne à qui tu veux confier tes enfants. Elle est aussi très premier degré; elle a une belle candeur.      

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Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin

Comment se passent les tournages dans un décor tout de même restreint?
C’est un méchant défi et, le plus drôle, c’est que je n’avais pas réalisé en embarquant dans ce projet que tout était filmé en plans séquence. Il n’y a aucun montage: le rythme est entre nos mains. Si on se trompe, il faut tout recommencer depuis le début. Des fois, il y a des scènes à six personnes, et on peut avoir une seule ligne après trois pages de texte. Si on manque notre coup, c’est un peu gênant. On a tous eu à s’adapter. Il fallait aussi toujours savoir où se positionner dans l’espace, car si on se trompe de quelques centimètres, on peut cacher quelqu’un. Donc, notre zone est limitée, le rythme est soutenu et il faut respecter le 2 m de distance. C’est un beau défi, mais on s’adapte. Quand la covid sera derrière nous, on va avoir l’impression de s’enlever un gros sac à dos plein de briques de sur les épaules.

Comment te sens-tu dans une telle barque de comédie?
Je me sens un peu comme dans Les Appendices ou en improvisation dans la LNI: il y a un côté super gamin et joueur qui ressort dans un tel tournage. J’ai débuté dans ce métier avec ma fibre comique et c’est ce que j’ai le plus exploré, même lors de mes auditions au Conservatoire. Donc, le comique, c’est naturel et agréable pour moi. J’aime jouer le drame, mais le comique, ce sont mes premières armes.

Comment vis-tu la période actuelle?
Au début, lors du premier confinement, j’allais super bien, mais ç’a été cyclique. À un moment donné, j’ai commencé à trouver ça difficile et déprimant. Mais j’ai eu la chance d’avoir un contrat de radio avec une équipe et une routine. Ça m’a fait du bien de sortir de chez nous tous les jours. Travailler sur une émission matinale m’a aussi apporté une discipline que je n’avais jamais eue dans ma vie. Je ne me suis jamais couchée aussi tôt, je n’ai jamais aussi peu bu. Je me sens privilégiée d’avoir eu cette bouffée d’air quand j’ai commencé à trouver le confinement difficile.

La radio, est-ce naturel pour toi?
Oui. Ç’a été une belle découverte. J’adore ça! Je suis en ondes à Rouge chaque jour de la semaine jusqu’au 24 juin prochain et je suis aussi dans Les Fantastiques le soir, une fois par semaine. Le beat du matin est particulier: se lever à 3 h du matin, beau temps, mauvais temps, c’est particulier. Parfois, après la radio, je pars pour aller tourner. C’est donc pour moi une deuxième journée qui commence. Il faut que je sois disciplinée, parce que je ne peux pas l’échapper. C’est un beau carré de sable dans lequel jouer, même si le rythme du matin est difficile sur le système. Ce serait plus difficile pour moi en temps normal s’il y avait des premières de théâtre ou de films, mais actuellement, le soir, il ne se passe rien. Je lis un livre dans mon lit et je m’endors. Ma job, c’est ma vie! Je me dévoue complètement à ça. Je n’ai pas d’enfant, alors tout se conjugue bien. La radio est une belle corde à mon arc. 

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Les Appendices sont de retour pour de nouveaux épisodes. Qu’est-ce que ça représente pour toi?
C’est un projet important pour moi et ça me fait plaisir que l’émission soit de retour. Les Appendices, ç’a été mon premier contrat à la télévision. Ce sont les premiers qui m’ont fait confiance et ce sont eux qui m’ont donné ma première chance. On a fait ça pendant neuf ans, alors j’ai pu apprendre mon métier sur ce plateau. C’est un magnifique cadeau qu’on redemande cette émission et que les gens nous manifestent à quel point ils sont heureux de ce retour. Faire des sketchs avec mes amis en portant des perruques, ç’a été les plus belles années de ma vie! Je suis chanceuse de le faire à nouveau. 

En novembre, tu présenteras ton premier one woman show, Jalouse. À quoi peut-on s’attendre de ce spectacle?
C’est beaucoup de préparation. J’ai eu envie de me lancer dans ce projet parce que même si j’aime être interprète, j’ai aussi un côté créatif que je ne peux pas complètement assouvir par le jeu. J’ai des idées et des choses à dire, alors j’ai eu envie d’être maître chez moi, en quelque sorte. Je travaille avec deux auteurs, et je pense que ce ne sera ni du stand-up conventionnel ni du théâtre. Ce sera peut-être un genre d’hybride. Je veux faire rire et réfléchir tout en m’amusant. J’ai le vertige juste à y penser!

Pourquoi le titre Jalouse? L’es-tu de nature?
Pour ce spectacle, je plonge beaucoup dans la vie de la petite Anne-Élisabeth que j’ai été. Ce titre s’est un peu imposé, et c’était bien d’en avoir un, parce que ça m’a donné une direction. C’est certain que j’ai été envieuse ou jalouse à certains moments. Qui ne l’a pas été? C’est super humain de l’être. Mais je ne le suis pas excessivement.

Ça fait plus de 10 ans que tu pratiques ce métier. Que gardes-tu de cette première décennie en tant que comédienne?
Je vis le moment présent. Je ne suis pas stratégique ni nostalgique, je suis dans un renouvellement constant. J’ai tellement l’impression que je fais ce métier depuis deux secondes! Et pourtant, ça fait 10 ans. Je suis fière de mon parcours et d’avoir gardé la tête froide, autant à travers les hauts que les bas de ce métier. Et puis, je m’aime de plus en plus en vieillissant. Ça me fait du bien de me donner un break! 

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Radio-Canada
Radio-Canada

As-tu des projets avec Guillaume? Un projet de couple est-il né pendant la pandémie?
Ç’a été abordé, mais on n’a rien de concret. J’aimerais faire un projet avec lui, mais je ne veux pas mélanger les affaires. Je ne ferais pas ses premières parties en humour, par exemple. Aussi, je pense que c’est bien d’avoir chacun notre bulle. En ce moment, notre projet commun, c’est de prendre soin de Pauline, une golden retriever qu’on a adoptée pendant la covid. Je suis folle des chiens, mais ça change la vie. C’est beaucoup de discipline et, pour une fille qui n’a jamais fait de gros sacrifices dans la vie et qui n’a qu’elle à qui penser, c’est une grosse étape. Quand Guillaume part en tournée et que je dois gérer Pauline seule, ça me demande de l’organisation. Je ne sais pas comment font les gens qui ont des enfants. Ils ont toute mon admiration.

Guillaume et toi êtes ensemble depuis quatre ans. Qu’est-ce qui t’a charmé chez lui?
On s’est rencontrés par l’entremise d’un ami commun qui nous a suggéré d’aller tous les deux en blind date, et ç’a été instantané entre nous. Mon chum, c’est beaucoup de franc-parler et de tendresse en même temps. C’est un gars qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense, mais qui a énormément d’empathie aussi. Il est très transparent, très authentique et il me fait vraiment beaucoup rire. Il est très «ressourçant» pour moi, et je l’aime.      

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Caméra café, mardi 21 h, à TVA. Les pays d’en haut, lundi 21 h, à Radio-Canada.

Les Appendices, disponible sur Tou.tv Extra.

On est tous debout, du lundi au jeudi à 5 h 30, à Rouge FM.

Pour plus d’info sur son spectacle: anneelisabethbosse.ca.

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