Le comédien Robert Toupin se confie sur le deuil difficile de son épouse

Photo : Julien Faugere / TVA Pu

Michèle Lemieux

2021-07-31T14:30:17Z

Il y a quatre ans, après 40 ans d’amour, Robert Toupin vivait la perte de son épouse, la mère de ses deux enfants. Le deuil a été particulièrement éprouvant pour l’acteur, mais comme il a réussi à se sortir de cette période sombre, il veut témoigner que la vie continue et qu’elle vaut la peine d’être pleinement vécue.

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Monsieur Toupin, vous êtes de la pièce Un contrat. On dit qu’il s’agit d’un western psychanalytique...
Oui. C’est une pièce de Tonino Benacquista, qui a aussi écrit pour les Sopranos. La pièce est drôle et profonde, et elle nous amène à réfléchir. Je joue un mafioso subitement aux prises avec des crises d’angoisse. Afin que sa gang ne s’en aperçoive pas, il veut vite régler le problème. Il consulte un psychiatre renommé, qui est joué par Raymond Cloutier, et qui ne sait pas à quel patient il a affaire! Ce n’est pas plate!

Combien d’années de carrière cumulez-vous?
Ça fait 55 ans que je fais mon métier, et je l’aime toujours. Je ne fais pas beaucoup de télé présentement. Quand on vieillit, on a moins de rôles. C’est moi qui ai provoqué cette rencontre au théâtre avec Raymond. Nous devions présenter la pièce en 2020, mais bien sûr ça n’a pas été possible. L’année précédente, j’avais été de Misery, à Sutton, dans un petit théâtre charmant de ma région. Nous travaillons par passion. J’ai été chanceux: je n’ai pas vécu de période creuse. Par contre, j’ai connu une période très dure il y a quatre ans, au décès de ma femme. 

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Photo : Pascale Levesque / TVA Publications
Photo : Pascale Levesque / TVA Publications



Depuis combien d’années étiez-vous ensemble?
Ça faisait 40 ans. Nous nous préparions à faire un beau voyage quand on lui a découvert un glioblastome de stade 4. Si vous cherchez sur Internet, on vous dira que vous en avez pour 11 mois, tout au plus. 

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Jusque-là, avait-elle été en santé?
Oui, elle l’était. Elle n’avait que 64 ans... Lisa était belle, elle était superbe! C’est une Américaine que j’avais rencontrée sur une petite île au Mexique. Elle est venue vivre avec moi ici, et nous avons eu deux beaux enfants. Lisa adorait le Québec! Elle parlait français. Honnêtement, je me pensais plus fort que ça. J’ai craqué. Je suis allé dans le fond. Vraiment.

Après tant d’années de vie commune, votre épouse était comme une partie de vous-même...
Oui. On a beau se dire que ça va aller, mais le corps ne suit pas. On arrête de manger, on ne dort plus. Ç’a été dur. J’en parle sans gêne parce qu’au moment où je l’ai vécu, j’ai pensé à des figures publiques qui se sont exprimées là-dessus. Je repensais à ce qu’elles avaient dit, et ça me redonnait un certain courage, un certain espoir que je n’avais pas. Comme disent ceux qui nous soignent, c’était un gros nuage qui finirait par passer, mais je n’y croyais pas. 

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La blessure est-elle moins vive?
Oui. Dieu merci! J’ai vraiment rebondi après avoir touché le fond. J’ai pris de grandes bouffées d’air et je continue d’en prendre. La phrase qui dit qu’il faut s’ancrer dans le moment présent est plus vraie que jamais. J’ai toujours été branché sur ça, mais là, je l’ai appris à la dure. Je remercie la vie et j’apprécie énormément de choses. Il y a des personnes qui sont en train de passer à travers ce genre de situation. Je sais bien que, quand les gens veulent nous donner espoir, on n’y croit pas. On pense que c’est brisé... Mais les choses finissent par s’améliorer.

Vous souhaitez à votre tour dire aux gens de garder espoir...
C’est important de le faire. J’avais une image de moi. J’ai perdu mon père à 11 ans. Ç’a été très, très douloureux, mais je me suis relevé les manches et je suis devenu un petit homme trop tôt. Je l’ai compris avec le recul, mais sur le coup, je suis bravement passé au travers. Je pouvais tout traverser. J’étais fort. 

À l’époque, on encourageait les hommes à ne pas exprimer leurs émotions, à les refouler...
Oui. Nous étions sept enfants de 7 à 12 ans. J’étais le plus vieux de cinq garçons. Ma mère avait 36 ans et elle nous a rendus heureux! C’était une femme tellement extraordinaire! Elle était très occupée avec nous, mais six ans après la mort de mon père, elle a rencontré un homme merveilleux. Ils ont été presque 30 ans ensemble. Il y a une vie après le deuil. Entre la tête et le cœur, ça s’est rebâti. 

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Parlez-nous de vos fils...
Ils ont 40 et 41 ans. Ce sont de belles personnes. Antoine crée des musiques de pub et de films. Il a longtemps été DJ à travers le monde. Il a eu un groupe, CB7, basé à Los Angeles. Il a fondé Boogie Collective avec le fameux Andres, du Studio Boogie. Zachary est producteur de spectacles de DJ et de festivals.

Ils sont donc tous deux dans la musique!
Oui, comme leur papa quand il avait 20 ans. C’est une passion pour eux. Antoine va se marier d’ici peu avec une superbe femme, Charlotte Martin, qui a une carrière en musique. Elle a deux enfants de 9 et 11 ans. Ce sont donc mes beaux-petits-enfants.

Qu’est-ce qui vous occupe, outre le travail?
Je fais beaucoup d’exercices. Je travaille sur mon terrain. Ma maison est vieille, elle demande que je m’en occupe beaucoup. J’adore ça! J’aime aussi lire et voir mes amis. 

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Jusqu’au 22 août, l’acteur joue dans Un contrat à la salle Alec & Gérard Pelletier, à Sutton (salleagpelletier.com).

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