Les plus gros scandales québécois de 2020

Valerie Blum / Julien Faugère / Patrick Séguin

Échos Vedettes

2020-12-10T20:50:15Z

Plusieurs vagues de dénonciation ont déferlé au cours des dernières années. En 2017, le mouvement #MeToo a permis à de nmbreuses victimes de dénoncer leurs agresseurs. Dans ce contexte particulier, Éric Salvail et Gilbert Rozon ont été accusés et poursuivis en justice. Plus tard, d'autres procès d'artistes, pour agressions sexuelles ou violences faites aux femmes, se sont ajoutés à la liste.

Éric Salvail  

Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum

 

Publicité

Le 18 octobre 2017, La Presse dévoilait un dossier étoffé sur les avances sexuelles, les tentatives de séduction insistantes, le harcèlement et les nombreuses inconduites à caractère sexuel de l’animateur Éric Salvail. Onze personnes parmi ses plus proches collaborateurs ont livré des détails précis. En moins d’une semaine, celui qui jouissait d’une grande place dans le milieu artistique avait tout perdu: sa compagnie, ses émissions de télé et de radio, ses contrats publicitaires et de commandites... L’opprobre populaire s’est ensuite transformé en véritables accusations criminelles avec le témoignage d’un ancien collègue, Donald Dugay. Ce dernier ne faisait pas partie de la dénonciation initiale, mais il en a profité pour aller plus loin dans sa démarche et sa demande de réparation. Il a décidé de porter plainte contre l’animateur pour harcèlement sexuel, séquestration et agression sexuelle. Les faits se seraient déroulés en 1993, alors qu’il travaillait avec Savail à Radio-Canada.      

Rebondissements
Devant le tribunal, en février dernier, les deux hommes ont livré deux versions différentes de l’événement. Dans une déclaration, Éric Salvail a même avancé qu’il «n’agresse pas les gens dans la vie». Mais la couronne avait dans sa poche trois témoignages d’anciens collègues de l’animateur qui démontrent exactement le contraire. Deux d’entre eux allèguent notamment qu’il leur aurait fait des commentaires de nature sexuelle à répétition, et le troisième soutient qu’il lui aurait glissé une main sur la craque de fesses, jusqu’aux testicules. Le juge Alexandre Dalmau, de la Cour du Québec, a accepté d’entendre ces témoignages, ce qui a fait dire à la procureure de la couronne, Me Amélie Rivard, dans sa plaidoirie: «Avec ces témoignages, vous avez la preuve qu’il agresse les gens dans la vie.» 

Publicité

Éric Salvail devrait connaître la décision du juge le 18 décembre. Si celui-ci penche du côté de la version de la défense ou si la preuve soulève un doute, l’ex-animateur pourrait être acquitté, mais si le juge croit le plaignant hors de tout doute raisonnable, Salvail pourrait alors être déclaré coupable. 

En attendant de connaître son avenir à moyen terme, Éric Salvail est très actif dans le domaine de l’immobilier. Il aurait vendu un immense condo à Saint-Lambert et serait sur le point de conclure la vente de sa demeure en Floride. Avec son conjoint, il s’est aussi acheté un appartement dans un nouveau projet à L’Île-des-Sœurs.

Tout comme Gilbert Rozon, en date du 18 décembre, Éric Salvail a lui aussi d’être acquitté pour une agression sexuelle sur un ex-employé de Radio-Canada avec qui il travaillait, car le juge n’a pas cru la version du plaignant, faisant ainsi bénéficier l’ex-animateur du doute raisonnable.

Gilbert Rozon  

Chantal Poirier / JdeM
Chantal Poirier / JdeM

 

Le lendemain de la descente aux enfers de Salvail, Le Devoir et le 98,5 FM portaient la parole de neuf femmes qui auraient été victimes, au cours des trois dernières décennies, de harcèlements et d’agressions sexuelles de la part de Gilbert Rozon, le grand manitou derrière l’empire Juste pour rire. Le soir même, ce dernier quittait toutes ses fonctions. L’animatrice Pénélope McQuade, la comédienne Salomé Corbo, la      

Publicité

recherchiste Sophie Moreau, la réalisatrice Lyne Charlebois, l’entrepreneure Geneviève Allard, la recherchiste Anne-Marie Charrette ainsi que l’étudiante Marlène Bolduc ont raconté ouvertement les agissements de Gilbert Rozon. Toutefois, aucune de ces accusations n’a été retenue contre l’ancien homme d’affaires. En 2018, la Cour supérieure du Québec a autorisé une action collective du groupe Les Courageuses, qui rassemblait toutes les femmes qui auraient été agressées ou harcelées sexuellement par Rozon. En janvier dernier, la Cour d’appel du Québec a rejeté cette demande d’autorisation, une décision qui a finalement été suivie par la Cour suprême en novembre. 

Mais Gilbert Rozon ne s’en sort pas indemne. Sur les 14 plaintes de différentes victimes faites à la police, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) en a retenu une pour viol et attentat à la pudeur. Le procès du fondateur de Juste pour rire, compagnie qu’il a finalement été contraint de vendre, s’est ouvert au début du mois de novembre 2020. La plaignante, âgée de 20 ans au moment des faits — qui se seraient déroulés en 1980 —, a finalement raconté son histoire devant le tribunal. Elle a notamment affirmé que Rozon l’avait violée durant son sommeil, bien qu’elle lui avait signifié, la veille au soir, qu’elle n’était pas consentante. De son côté, l’homme affirme que c’est elle qui est venue le rejoindre dans son lit.

Face à ces deux versions totalement contradictoires, la juge Mélanie Hébert a rendu sa décision le 15 décembre: Gilbert Rozon a été acquitté.

Publicité

Edgar Frutier  

Photo : Valerie Blum
Photo : Valerie Blum

 

En juillet 2018, le comédien mélomane et animateur de radio Edgar Frutier a fait l’objet d’accusations d’attentat à la pudeur sur un mineur de 15 ans. Les faits remontent aux années 1974 et 1976. Le procès de l’homme, maintenant âgé de 90 ans, s’est déroulé sur une seule journée, en juin dernier. Fruitier est ensuite revenu en cour cet automne, car son avocat a demandé une expertise médicale compte tenu de son âge avancé et du risque important qu’il aille en prison. Le juge dévoilera sa sentence en janvier 2021. 

Goûchy Boy  

Photo : Ghyslain Lavoie / Echos
Photo : Ghyslain Lavoie / Echos

 

Chijoke Onyechekwa Ugochukwu, alias Goûchy Boy, est le dernier en date à être accusé d’infractions d’ordre sexuel. Le comédien, qu’on a notamment vu dans les séries Unité 9 et Cheval-Serpent, a été arrêté à deux reprises, les 9 mars et 27 août 2020, en lien avec deux affaires d’agressions sexuelles, qui se seraient déroulées en 2016 et 2018, à Brossard. Selon son avocat, Goûchy Boy a plaidé non coupable aux accusations, le 20 novembre dernier. Il sera de retour en cour en février 2021. 

Éric Lapointe  

Ben Pelosse / JdeM
Ben Pelosse / JdeM

 

Sans rapport avec le mouvement #MeToo et la vague de dénonciations sur les réseaux sociaux, Éric Lapointe a néanmoins passé son année dans les coulisses de la justice en raison d’une accusation de voies de fait contre une femme. Tout a commencé le 29 septembre 2019, le lendemain du 50e anniversaire d’Éric. La plaignante aurait conduit le chanteur à une soirée. Elle y serait restée peu de temps, avant de retourner au domicile de l’homme. Au petit matin du 30 septembre, elle aurait retrouvé Éric Lapointe assis, seul et intoxiqué. Des discussions tendues sur plusieurs sujets auraient eu lieu. Il se serait alors approché d’elle et aurait posé sa main sur son cou, tout en l’adossant contre le garde-manger. La plaignante a indiqué aux policiers ne pas avoir eu peur du chanteur et n’aurait eu aucune blessure apparente. 

Publicité

Lors de son procès à la cour municipale de Montréal, en septembre dernier, Éric Lapointe a plaidé coupable. Une entente entre son avocat et le procureur pour une suggestion commune d’imposition de la peine a finalement été proposée. Lors de l’audience suivante, le 27 octobre, le juge a accepté la suggestion commune, à savoir une absolution conditionnelle avec probation d’un an, et son casier judiciaire sera automatiquement effacé après trois ans. Parmi ses conditions, il doit avoir une bonne conduite et suivre une thérapie. Il a aussi dû faire un don de 3000 $ à un organisme. 

Après la fin de son procès, Éric Lapointe a décidé de rependre ses activités, puisqu’il a annoncé un concert virtuel pour le 27 décembre. 

Au Québec, l'été apporte habituellement des vagues de chaleur. Même si celles-ci ont donné chaud à nombre d'entre nous, c'est plutôt une vague de dénonciations qui a chauffé sur les réseaux sociaux en juillet dernier. Certaines personnes ont tout perdu à la suite de ces dénonciations, alors que d'autres sont en pause avant un hypothétique retour à la vie publique.

Maripier Morin  

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

 

Safia Nolin a jeté un pavé dans la mare, le 7 juillet, en publiant sur son compte Instagram une accusation formelle et directe contre Maripier Morin. Décrivant une soirée alcoolisée de 2018, elle a avancé que l’animatrice l’aurait harcelée sexuellement et aurait tenu des propos racistes, avant de la mordre gravement à la cuisse. Maripier Morin a immédiatement présenté ses excuses sur les réseaux sociaux, mais la vindicte populaire a fait son effet. En quelques heures, tous ses commanditaires et partenaires d’affaires se sont désolidarisés de la vedette, de même que les chaînes de télé pour lesquelles elle travaillait. 

Publicité

Deux jours après, Maripier Morin annonçait qu’elle mettait sa carrière sur pause. «Je ne cherche pas à excuser mes gestes et mes paroles, je cherche plutôt à comprendre et, surtout, à trouver l’aide dont j’ai besoin, a-t-elle indiqué dans un communiqué. J’entame donc une thérapie avec des professionnels de la santé qui sauront m’aider.» 

Le 19 octobre, après plusieurs mois de silence, l’animatrice a donné de ses nouvelles en publiant un message indiquant qu’elle cheminait tranquillement dans un processus de responsabilisation. «Apprendre, grandir et être plus consciente de soi et des autres est le travail d’une vie, mais une chose est certaine, je tente chaque jour de devenir une meilleure version de moi-même. Un jour à la fois, dans la bonne direction.» 

Il a été annoncé, en décembre, qu'elle reprendrait son rôle dans La Faille en 2021.

Yann Perreau  

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

 

Visé par des allégations d’agissements incorrects remontant à plus de 10 ans, la maison de disques de Yann Perreau s’est immédiatement dissociée de lui, annulant du même coup la sortie imminente d’un nouvel album. 

Bernard Adamus et Éli Bissonnette  

ANNIE T. ROUSSEL/JOURNAL
ANNIE T. ROUSSEL/JOURNAL

 

Bernard Adamus n’est pas tombé tout seul sur le front des dénonciations. Accusé de troublantes allégations de mauvais traitements physiques et sexuels contre des jeunes femmes, le chanteur de 42 ans a plaidé coupable sur ses réseaux sociaux, invoquant un alcoolisme latent depuis plusieurs années. Le patron de sa maison de disque Dare To Care, Éli Bissonnette, a également démissionné. Non seulement était-il au courant des agissements de son chanteur — sur lesquels il aurait fermé les yeux —, mais il aurait lui aussi fait régner un climat de travail malsain dans sa compagnie. À la suite de ce départ, Cœur de pirate, qui faisait aussi partie de l’écurie de cette compagnie, a signifié son intérêt à prendre les rênes de l’entreprise. La procédure est encore en cours. 

David Desrosiers  

Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin

 

Publicité

David Desrosiers, le bassiste du populaire groupe Simple Plan, a fait aussi son mea culpa. «Des déclarations publiques récentes m’ont fait reconnaître que certaines interac-tions que j’ai eues avec des femmes leur ont causé du tort», a-t-il déclaré avant d’annoncer qu’il quittait le groupe, disparaissant du même coup des réseaux sociaux. 

Kevin Parent  

Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin

 

À la mi-juillet, un témoignage d’inconduite sexuelle a frappé Kevin Parent, obligeant le chanteur à prendre du recul. Il a notamment été accusé de montrer ses parties génitales sans avertir et de tremper son pénis dans les verres d’alcool quand les filles ont le dos tourné. Il a été rapidement lâché par son agence de spectacle. Kevin Parent a toutefois présenté ses excuses dans une vidéo sur Facebook. «J’ai fait bien des erreurs dans ma vie, et j’ai dit et fait bien des niaiseries, pis je les assume.» Cet automne, il est toutefois sorti de son silence pour annoncer le décès de son grand- père de 104 ans, si précieux à son cœur. 

Alex Nevsky  

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

 

De son côté, Alex Nevsky a lui-même présenté des excuses sur sa page Instagram après avoir reçu un courriel d’une femme avec qui il a déjà été en couple. (On a su plus tard que son ex en question était Stéphanie Boulay.) Elle l’accusait notamment d’avoir entretenu une relation abusive en faisant du chantage émotif et de la coercition sexuelle. «Je découvre que mon comportement lui a fait extrêmement mal et qu’elle en porte encore les blessures, a-t-il reconnu. Je prends aujourd’hui l’entière responsabilité pour toutes les fois où une femme s’est sentie insuffisante ou obligée d’avoir des rapports intimes avec moi.» Depuis, silence radio. 

Publicité

Julien Lacroix  

Photo d'archives
Photo d'archives

 

Si la plupart des artistes visés par ces allégations ont choisi de mettre leur carrière sur pause le temps d’aller chercher de l’aide, d’autres ont toutefois complètement disparu du milieu artistique. La carrière de Julien Lacroix n’a pas résisté aux témoignages d’une dizaine de femmes disant avoir été embrassées sans consentement, voire agressées sexuellement, par le jeune humoriste. Aucune n’a toutefois porté plainte à la police. En quelques jours, tous les engagements, contrats et entrevues de Julien Lacroix ont été annulés. «Je suis bien sûr désolé si j’ai déjà blessé quelqu’un, ça n’a jamais été dans mes intentions», a-t-il publié dans un premier temps sur Facebook, avant d’annoncer son intention de prendre du recul. Tous ses réseaux sociaux ont disparu de l’Internet. 

Gabriel D'Almeida Freitas et Brandon St-Jacques Turpin  

TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

Dominick Gravel/Agence QMI
Dominick Gravel/Agence QMI

 

La même réalité est arrivée à Gabriel D'Almeida Freitas. Le comédien avait pourtant commencé l’année avec un gros succès, puisqu’il interprète un des rôles principaux dans le dernier long métrage de Xavier Dolan, Matthias et Maxime. Gabriel a été accusé d’inconduites sexuelles et d’avoir eu un rapport non consenti. Son agence a immédiatement mis un terme à leur relation professionnelle. Même chose pour un des comédiens de L’Échappée, Brandon St-Jacques Turpin. Les deux hommes ont eux aussi disparu des réseaux sociaux. 

Publicité

Sur le même sujet