Mario Pelchat s’offre un grand cadeau pour ses 60 ans
Samuel Pradier
Mario Pelchat fête son 60e anniversaire de naissance ce 1er février. Une date charnière que le chanteur aborde avec autant de réticence que de bienveillance. Pour l’occasion, nous avons pu parler avec lui de sa carrière, de ses souvenirs, de son état d’esprit, mais aussi de la manière dont il aborde la vieillesse et les prochaines années. Une discussion sans tabou, au cours de laquelle iol s’est confié sans retenue.
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On ne peut pas dire que Mario Pelchat saute de joie à l’idée de passer la barre des 60 ans. «Comme je l’ai souvent entendu, c’est juste un chiffre, mais je n’aime pas ça, a-t-il confié en débutant l’entrevue. Avec la soixantaine, et même avant, arrivent toutes sortes de petits bobos, de petits maux... Je suis, comme on dit, un “tamalou”.» Reste que le chanteur est plutôt en forme, même s’il relativise rapidement les choses. «Je suis en forme pour l’âge que j’ai. Je me suis dit récemment qu’il faudrait que je me remette à l’entraînement. Ça fait quelques années que je ne vais plus au gym. Quand j’avais 25-30 ans, l’entraînement était une drogue pour moi. J’habitais dans le Vieux-Montréal et j’allais m’entraîner à Laval — c’est dire à quel point j’aimais ça! Et c’était important pour moi. Maintenant, j’ai un gym dans mon sous-sol et je n’y vais pas souvent. Il y a quelque temps, je m’y étais remis et, le lendemain, on aurait dit qu’un camion m’était passé sur le corps!» Malgré tout, il sait que ce n’est qu’une phase et il a décidé de persister dans sa pratique, car il souhaite retrouver la forme. «Je trouve qu’il est important de bouger.»
D’autant plus qu’il a aussi la possibilité de se dépenser dans ses vignes. «C’est vrai que, dans les dernières années, j’ai quand même bougé en travaillant dans les vignes. Mais c’était différent. Tout le travail dans les champs, dans les premières années, c’était très physique, mais ce n’était pas un exercice de levée de poids ou de cardio. Aujourd’hui, ce que je fais pour le vignoble est davantage un travail d’administration, mais quand on a commencé, nous devions nous faire la main et nous-mêmes comprendre tout le principe de ce qui se passe avant de former des employés.»
PAS DE BILAN
L’homme n’a pas l’habitude de faire des bilans quand arrivent des dates importantes. C’est au fil du temps qu’il fait des mises au point et essaie de s’ajuster. «D’année en année, j’essaie d’apporter des changements positifs. Je fais des changements dans mon bureau, dans mon atelier, dans la maison, mais aussi dans ma façon d’interagir avec mes proches.» Il en profite au passage pour relativiser le peu d’intérêt qu’il manifeste à l’idée de vieillir. «Pour moi, avoir 60 ans, c’est aussi le privilège d’être parvenu là. J’ai perdu des amis qui étaient jeunes, j’ai perdu une soeur à l’âge de 16 ans. Des gens que j’ai côtoyés n’ont pas eu la chance de se rendre à 25 ou 30 ans... Quand je me vois à 60 ans, avec de l’expérience et de la maturité, je me trouve chanceux et je l’apprécie.»
LE TEMPS QUI PASSE
Mario Pelchat a l’impression qu’on reste toujours l’enfant qu’on a été. «J’ai un paquet de souvenirs de mon enfance, mais en même temps, je me rends compte qu’on a tous une date de péremption. Je le savais, mais ça devient encore plus réel quand je vois mes parents vieillir ou partir; ma mère est décédée il y a environ quatre ans. Je vois aussi des membres de ma famille disparaître, et je me rends compte que la vie va vite. On a l’impression que c’est hier qu’on a franchi le cap de l’an 2000, mais ça fait déjà 24 ans! J’ai 60 ans, et dans 24 ans, je vais avoir l’âge de mon père. Ça va passer aussi vite.» Comme il ne sait pas dans quel état physique il sera à cet âge-là, il souhaite en profiter et faire le plus de choses possible. «Je suis un bâtisseur, pas forcément de maison, mais j’aime construire, et je veux laisser quelque chose. J’ai démarré mon vignoble un peu dans cette optique: je tiens à la pérennité de ce projet et j’aimerais beaucoup que ça reste dans la famille.»
UNE CARRIÈRE IMPRESSIONNANTE
S’il y a une chose incroyable qu’il a construite durant toutes ces années, c’est sa carrière impressionnante, avec des succès retentissants et des chansons qui ont fait le tour du monde. «C’est un beau patrimoine. Je ne le voyais pas comme ça, mais quand je regarde en arrière, que je réécoute des albums plus vieux, je m’aperçois qu’il y a beaucoup de chansons qui n’ont pas été connues et qu’on découvrira bien après. C’est quelque chose que je vais laisser et qui me rend fier.» Pour lui, ce qui est fascinant dans ce métier, c’est que les artistes enregistrent des chansons, et que, des années après leur mort, leur voix demeure. «Ce n’est pas le cas de tout le monde. La plupart des gens ne laissent pas de traces comme ça. Édith Piaf, par exemple, a fait partie de ma vie. Sa voix a résonné pour moi, mais elle est pourtant décédée avant que je vienne au monde. Les enregistrements qu’on laisse sont des traces qui nous survivent très longtemps.»
UN FLAIR AIGUISÉ
Mario Pelchat s’est aussi bâti une réputation de producteur à succès, en contribuant à faire connaître des artistes comme Cindy Daniel, Nadja, 2Frères et Paul Daraîche. «Quand j’ai commencé, je ne savais même pas que j’avais la fibre entrepreneuriale ni que j’allais réussir. En fait, j’ai été frustré longtemps, parce que je n’avais pas le loisir de choisir les chansons que j’allais chanter. C’était comme ça à l’époque pour les artistes populaires.» Ce n’est qu’après avoir compris qu’il pouvait luimême écrire ses chansons qu’il a eu une sorte de réveil. «Comme mon entourage d’alors ne me percevait pas comme un auteur-compositeur, j’ai décidé de me lancer, sans trop en connaître tous les tenants et les aboutissants. Ce faisant, j’ai gagné une liberté de création. Et j’ai pris tellement goût à ça que je me suis senti prêt — après avoir fait toutes les erreurs sur ma propre carrière — à aider d’autres artistes, puisque j’ai toujours été fasciné par le talent des autres. Et ça a fonctionné! Mon seul regret est que je suis arrivé tard dans l’histoire du disque physique... Aujourd’hui, on vit et on consomme autrement la musique.»
UNE PRÉSENCE INDISPENSABLE
On ne peut souligner le 60e anniversaire de Mario Pelchat sans évoquer sa femme, Claire Lemaître, qui est à ses côtés depuis 30 ans. «Claire est mon port d’attache. Elle reste la personne la plus importante dans mon coeur et dans ma vie. Il y a eu toutes sortes de hauts et de bas dans notre relation. Ce n’est pas une histoire d’amour facile, mais elle en vaut la peine. C’est une belle aventure qui vaut la peine d’être vécue.» Et quand on lui demande ce qu’il lui reste à accomplir dans les prochaines années, il laisse son coeur parler. «Le plus important, c’est de réussir ma vie. C’est un travail de longue haleine, je veux devenir une personne plus patiente, plus conciliante, plus à l’écoute, plus calme, moins stressée, moins angoissée et plus zen... Je pense que je me suis beaucoup amélioré, mais il reste encore du chemin. Je veux vieillir en sagesse, être un peu moins fougueux.»
UN CADEAU POUR SES 60 ANS
Pour célébrer son 60e anniversaire, Mario Pelchat a décidé de s’offrir un beau cadeau et de nous l’offrir par la même occasion. «Je prépare un album de duos. Ça fait longtemps que j’ai envie de provoquer des rencontres avec des artistes que j’aime, de toutes les générations et de tous les genres. Ce sont principalement des artistes dont le timbre vocal est singulier. Je pense que, pour avoir une carrière, il faut avoir une voix qui se démarque et qu’on reconnaît. On ne va pas reprendre mes chansons. Ce seront des chansons originales que nous chanterons ensemble. Je trouve que c’est plus intéressant. J’avais le goût d’aller vers quelque chose de différent. C’est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des voix qu’on a aimées à travers de nouvelles chansons.» Parmi les artistes invités, il y aura notamment Patrick Bruel, Patrick Fiori, Ginette Reno et plusieurs autres. Un premier extrait avec la chanteuse Anggun devrait sortir prochainement.
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