Nouvellement séparée, Martine Francke se sent comblée et libre

Photo : Bruno Petrozza / Les Pu

Michèle Lemieux

2022-01-21T21:38:22Z

Dans la nouvelle fiction Le monde de Gabrielle Roy, l’actrice campe la mère de la célèbre écrivaine manitobaine. En mettant en lumière cette femme généreuse, débrouillarde et dévouée, Martine Francke est revenue sur le lien qui l’unit à l’auteure de ses jours et sur l’héritage que cette dernière lui lègue.

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Martine, vous êtes de la nouveauté
Le monde de Gabrielle Roy. Ce rôle est un beau cadeau dans votre carrière.
C’en est un. C’est l’histoire d’une famille francophone pauvre des années 1920 qui essaie de survivre dans un monde anglophone, au Manitoba. La mère, qui est la pourvoyeuse de la famille, fait mille et un métiers pour nourrir les siens. C’est une femme de tête qui aurait désiré avoir plus d’éducation. Gabrielle Roy est le bébé de la famille, celui qu’on n’attendait pas. Mère et fille ont une relation extrêmement proche. Autant Gabrielle est parfois en rébellion contre sa mère, autant elle l’adore. Sa mère lui donne des avantages qu’elle ne donne pas à ses autres enfants. Gabrielle Roy était une femme riche de culture, de cœur et d’âme. La belle surprise pour ce tournage, qui a eu lieu à Winnipeg, c’est que celui qui joue mon mari m’enseignait à l’École nationale de théâtre: Gaston Lepage. C’était une joie infinie de le retrouver!

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Quelle a été votre inspiration pour camper cette femme?
Je l’ai trouvée en lisant Gabrielle Roy. Je me suis aussi inspirée de ma propre mère et de la mère que je suis pour incarner Mélina. C’est une série très bien écrite. Ce n’est pas un documentaire; c’est une histoire inspirée de sa vie alors qu’elle avait 10 ans.

Avez-vous, vous aussi, un lien très fort avec votre propre mère?
Oui, le lien est extrêmement fort avec elle, tout comme celui avec ma fille. J’étais le bébé de la famille et tous ses enfants étaient élevés. Enfant, j’avais une fibre très artistique. J’adorais la danse et le théâtre. Ma mère était très créative. Comme elle était une femme au foyer, elle exprimait sa créativité dans sa maison. Je n’avais qu’à tailler un bout de tissu pour qu’elle trouve ça extraordinaire... alors qu’elle-même avait suivi des cours de coupe et couture à Paris! Elle m’a légué le plaisir de la création. 

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Combien d’enfants étiez-vous à la maison?
En 10 ans, ma mère a eu cinq enfants. Comme j’étais la petite dernière, elle avait plus de temps pour moi. Elle savait aussi que ces moments ne reviendraient plus. Je n’allais pas à la garderie, je passais tout mon temps avec elle. Sa vocation, c’était d’être mère. Aujourd’hui, elle est moins en forme. Elle reçoit des soins à domicile parce que, toute seule, elle n’y arrive plus. Heureusement, ses enfants et ses petits-enfants sont présents pour elle.

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Elle est donc très bien entourée.
Oui. Par exemple, mon fils et sa blonde lui ont préparé des plats sous vide: elle n’a qu’à sortir son repas et à le réchauffer. Mon frère est décédé, mais mes sœurs et moi prenons toutes soin d’elle. Ma tante aussi est présente pour ma mère. À travers notre empathie, nous apprenons à accepter que la vie se transforme, que notre mère change aussi, mais l’amour n’en est pas moins grand. La vie est un éternel changement. Un jour où je donnais un bain de pieds à ma mère, je me rendais compte à quel point c’était un beau moment. C’est un bel apprentissage.

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Les rôles se sont inversés: c’est à votre tour de prendre soin de votre mère.
Oui, et si mes parents ont pris soin de moi, ils ont aussi pris soin de mes enfants. Je suis reconnaissante envers eux. Ma mère a été tellement présente pour moi et pour mes enfants que m’occuper d’elle est un juste retour des choses. Lorsque mon papa était en fin de vie à l’hôpital, je ne savais pas quoi faire, mais j’ai vécu auprès de lui des moments touchants. C’était un cœur à cœur d’une grande pureté. Cela m’a réconciliée avec les petits trucs qui ne fonctionnaient pas entre nous, mais aussi avec la mort. J’ai pu le laisser partir en paix.

Votre relation avec vos parents vous a-t-elle inspirée dans celle que vous avez avec vos enfants?
C’est différent, car ma mère était toujours à la maison. J’ai tenté de faire au mieux ma carrière parallèlement à mon rôle de mère. J’ai surtout essayé de montrer à mes enfants que malgré les difficultés de la vie, on peut toujours s’en sortir. J’ai moi-même découvert que je suis une guerrière, chose que j’ignorais. J’ai été très maternelle. Ma mère m’a inspiré la générosité envers mes enfants, envers leurs amis. Mes parents ne discutaient pas beaucoup, mais ils m’ont donné beaucoup d’amour, et ça, je pense que je le transmets à mes enfants.

Suivent-ils vos traces?
David fait partie de Casadel Films, une jeune équipe de production. C’est un peu une entreprise familiale, parce qu’il y travaille avec ses cousins et sa cousine. Lili a joué dans District 31 récemment. J’en entends beaucoup parler. Elle a énormément de talent, et elle est belle comme un cœur. Si elle le désire, elle pourra continuer dans ce domaine. Elle étudie en théâtre, et je vois comme elle évolue et s’épanouit.

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza



Manifestement, la vie est bonne pour vous!
Oui, même si je me suis séparée à nouveau il y a quelques mois. C’est la vie... Ç’a été un très beau moment et je remercie cet homme de m’avoir aidée à déployer mes ailes. J’ai eu de la peine, mais ce n’était plus possible. J’ai longtemps été en couple, et être seule avec de grands enfants me fait du bien.

C’est bon de profiter de cette nouvelle liberté?
Oui, c’est tellement agréable! J’adore ça! À part pour le travail, je n’ai plus d’heure pour rien. Je goûte donc cette liberté. Je me sens en pleine possession de mes moyens et de ma vie. C’est sûr que j’ai été triste de la fin de cette relation, mais comme j’avais déjà appris à composer avec ça, je sais que ça finit par passer.

Lors de notre prochaine rencontre, votre vie aura peut-être changé à nouveau.
Oui, elle aura assurément changé et c’est tant mieux! Je suis de nature joyeuse. Je veux être heureuse et voir des gens qui le sont. Je suis consciente que nous ne pouvons pas toujours être joyeux — je n’ai pas la tête dans le sable —, mais je reste convaincue que, malgré les difficultés, c’est possible de trouver la joie...

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