Coroner, la voix des victimes | Parce que chaque vie compte

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Marie-Hélène Goulet

2020-11-26T05:00:00Z

Le métier de coroner a souvent inspiré les auteurs de fiction; pourtant, peu de gens connaissent vraiment cette profession. La série documentaire Coroner, la voix des victimes brosse un portrait réaliste du travail de ces hommes et ces femmes qui aspirent à protéger la vie. 

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Il y a une centaine de coroners au Québec. Ils enquêtent en moyenne sur un peu moins de 10 % de tous les décès qui ont lieu dans la province. Engagées pour la plupart à temps partiel, ces personnes sont médecins, notaires ou avocats. Elles font la lumière sur des morts obscures, violentes ou provoquées par de la négligence en répondant, dans leurs rapports, à cinq questions. Qui est décédé? Quand la mort a-t-elle eu lieu? Où le décès s’est-il produit? Dans quelles circonstances la personne a-t-elle perdu la vie? Quelle est la cause médicale de la mort?

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Une mission de protection

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Contrairement à leurs homologues fictifs qui bouclent leurs enquêtes le temps d’un épisode, les coroners prennent parfois des mois à rédiger un rapport, qui demande énormément de paperasse et de coups de fil. Ils le font essentiellement pour donner des réponses aux familles des défunts et pour remplir une mission plus grande qu’eux. « Les coroners ont une mission très claire: ils veulent sauver des vies. Pour eux, chaque mort est évitable, et ils espèrent que leurs enquêtes permettront une meilleure prévention. C’est dommage que, dans les séries de fiction, on ne traite jamais de ce mot d’ordre, qui est hyper-important pour eux », explique Jeff Proteau, le réalisateur de la série.

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Le respect des cadavres

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En tant que réalisateur, Jeff Proteau a trouvé très stimulant de lever le voile sur une profession méconnue, mais il a aussi dû relever son lot de défis. « C’est assez troublant de tourner à proximité de cadavres. J’ai perdu beaucoup de membres de mon équipe au fil des tournages, parce qu’ils n’étaient pas capables de voir la mort en face. Il faut essayer de se détacher, mais ce n’est pas facile », explique-t-il.

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Les coroners et les employés de la morgue traitent les corps avec un grand respect.
Les coroners et les employés de la morgue traitent les corps avec un grand respect. Photo: © Club Illico

L’odeur de la mort est certes quelque chose que Jeff Proteau n’oubliera jamais. Il avoue aussi que la lentille lui a parfois servi de bouclier. «Tous les gens qui travaillent à la caméra vous le diront: elle sert parfois de filtre. C’est une chose de voir un cadavre à travers sa lentille, mais c’en est une autre de le voir sans filtre. À certains moments, je ne gardais ouvert que mon œil droit, derrière le viseur; le gauche demeurait fermé », explique-t-il. Par ailleurs, c’est avec beaucoup de respect qu’il a capturé ses images afin qu’aucune dépouille ne soit identifiable. « Il a fallu trouver une façon de tourner sans voir. Avec des images floues, les téléspectateurs peuvent s’imaginer un corps qu’on ne montrera jamais à l’écran. Tant pour les coroners que pour les employés de la morgue, la dignité des personnes décédées demeure hautement importante », rappelle le réalisateur.

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Non seulement le travail des coroners apporte des réponses aux proches des victimes, mais il permet aussi de prévenir d’autres tragédies.
Non seulement le travail des coroners apporte des réponses aux proches des victimes, mais il permet aussi de prévenir d’autres tragédies. Photo: © Club Illico

Les huit épisodes, tournés un peu partout au Québec avec des coroners aux parcours bien différents, ont quand même permis à Jeff Proteau de mettre le doigt sur une caractéristique qui unit chacun d’eux. « Ils sont tous profondément humains. Au début des auditions, je pensais qu’ils seraient froids ou détachés, mais pas du tout. Ils se sont tous déjà demandé pourquoi ils s’étaient embarqués là-dedans après avoir vécu des émotions troublantes dans le cadre de leur travail. Le Dr André H. Dandovino, un coroner d’expérience, s’est posé cette question lorsqu’il a enquêté sur la mort de cinq petites filles asphyxiées dans un incendie. Il a pleuré comme un enfant en nous racontant ce souvenir », affirme le réalisateur. Il rappelle que si chaque coroner continue malgré tout, c’est pour empêcher que de tels drames se reproduisent. 

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Après l’armée 

Le premier épisode de Coroner, la voix des victimes traite des suicides, car ils représentent près du quart des morts étudiées chaque année par les coroners. On parle surtout de la mort d’anciens soldats qui, traumatisés par ce qu’ils avaient vu à l’étranger, se sont enlevé la vie. Me Karine Spénard se demande comment mieux protéger ces victimes du syndrome de stress post-traumatique.

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