Paul Daraîche se confie sur les décès récents de sa soeur, Julie, et de Renée Martel

Daniel Daignault

2022-08-31T14:00:00Z

Avec Paul Daraîche, il ne faut pas évoquer la retraite! À 75 ans, il est en pleine forme. Malgré le décès de son amie Renée Martel et de sa soeur Julie Daraîche, il continue de faire ce qu’il aime le plus au monde, soit présenter des spectacles, et il l’apprécie pleinement. «Chanter est un besoin pour moi!» affirme-t-il avec conviction.

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Paul, est-ce vraiment la scène qui t'allume le plus?
J'adore être en studio et écrire des chansons, mais le stage, c'est spécial. J'ai fait un spectacle il n'y a pas longtemps à Amos... Il y avait 12 000 personnes devant moi. Il faisait beau, le soleil se couchait, les étoiles commençaient à appraître. Et quand j'ai chanté À ma mère, les gens ont tous allumé la lumière de leur cellulaire. C’était magique! Je ne peux pas me passer de ces moments-là. 

Tu vis de beaux moments dans ta carrière, mais tu as perdu, coup sur coup, deux personnes qui t’étaient très chères...
Renée en décembre, et Julie quatre mois plus tard. Ça donne un coup. Je me dis que je dois en profiter à fond. Ça nous fait entrevoir notre propre finalité. Ça nous fait comprendre que notre tour va venir, nous aussi, qu’on n’est pas éternels. Tant que je suis en forme, j’espère chanter jusqu’à l’âge de 97 ans, comme Aznavour! Quand j’ai connu Charles, il avait 93 ans. J’étais allé le voir en spectacle. Il y avait un tabouret sur scène, mais il ne s’est jamais assis. Il s’est déplacé sur la scène, il a dansé sur Les plaisirs démodés... c’était fou! Le spectacle a duré deux heures. Je le regardais et je me disais: «Coudonc, il n’a pas mal aux jambes comme tout le monde, lui?» Ça m’a assommé bien raide! 

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Tu as eu 75 ans le 26 juin. As-tu célébré ça de belle façon?
Bien oui! On a eu un party de fou chez nous. Il y avait une cinquantaine de personnes et un orchestre. On a veillé jusqu’à 5 h du matin, la musique au fond!      

Est-ce que ça t’a donné un choc d’arriver à 75 ans?
Non, pas vraiment. Ça faisait un bout que je le voyais venir, le choc. Après 70, chaque anniversaire est un petit choc.

Renée aurait aussi eu 75 ans le même jour que toi...
Pauvre Renée! Elle n’était pas du tout entrée là (à l’ hôpital) pour mourir. Elle allait souvent à l’hôpital pour quelques jours ou quelques semaines; elle subissait des traitements en inhalothérapie pour ses poumons. On se parlait tous les jours et on commençait à pratiquer pour la tournée. Tout d’un coup, elle ne me répondait plus. Je trouvais ça étrange. Je l’ai rappelée le lendemain... Je ne savais pas qu’elle vivait ses dernières heures. La dernière fois que je lui ai parlé, elle était pourtant en forme. Elle pensait même sortir de l’hôpital le lendemain ou le surlendemain.

À la suite de la sortie de l’album Contre vents et marées, en octobre 2021, tu m’avais dit que vous aviez vraiment hâte de faire ce spectacle ensemble...
Tous les jours, on parlait de la tournée et on la préparait. On avait vraiment hâte de monter sur scène. Le show que je présente en ce moment, c’est exactement ce que Renée avait en tête. On le fait comme si elle était avec nous. Elle est d’ailleurs avec nous, puisqu’on ouvre le spectacle avec des images d’elle en train de chanter Je pars à l’autre bout du monde sur écran géant. Renée était ma grande chum, elle m’a même écrit un texte sur son lit d’hôpital, la veille de sa mort. Un beau texte! Je vais en faire une chanson éventuellement; là, c’est trop frais. Quand je lui ai parlé, elle m’a dit: «J’ai écrit un dernier texte.» Je lui ai répondu: «Comment ça, un dernier?» Et elle a ajouté: «En tout cas, je te l’envoie. Tu me diras si tu peux faire de quoi avec ça.» Renée écrivait ses textes, et moi, je faisais ses arrangements musicaux.

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Courtoisie
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Elle doit te manquer énormément...
Oui, elle me manque. Elle avait un caractère extraordinaire et elle faisait preuve de beaucoup de résilience. Malgré ses cancers, elle riait encore et ne parlait jamais de sa maladie. Elle préférait se concentrer sur ses projets. Elle aimait beaucoup l’album qu’on avait fait ensemble et sur lequel elle chante mes chansons, et moi, les siennes. Le concept était l’fun.

Et il y a à peine quatre mois, tu as perdu ta grande sœur, Julie...
Oui. Et la veille, Julie chantait. Elle était au bar Lanjeu — le seul bar country qu’il reste à Montréal. Elle était là tous les dimanches. On l’a retrouvée morte dans son lit le lendemain matin. Elle n’était pas cardiaque, elle n’avait pas de cancer... Ç’a été un départ soudain. Elle avait 84 ans. On a travaillé ensemble durant 45 ans. Il y a eu Julie et Paul, puis Julie et ses musiciens, et ensuite il y a eu la famille Daraîche. 

Courtoisie
Courtoisie


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As-tu beaucoup de spectacles à ton agenda?
Écoute, j’ai trois shows différents qui roulent en même temps! Il y a Paul et ses invités, qui sont mes enfants, Émilie, Katia et Dan. J’ai aussi des spectacles que je fais seul avec mon guitariste, et puis il y a le show Contre vents et marées, que je devais faire avec Renée et que je présente avec des invitées, soit Annie Blanchard, Laurence Jalbert et ma fille Émilie. Les gens aiment ça, et nous aussi. On va en faire beaucoup parce qu’en raison de la covid il y en a plusieurs qui ont été reportés. Bien des gens viennent me voir d’un spectacle à l’autre, notamment des hommes et des femmes que j’ai connus quand ils étaient enfants alors qu’ils accompagnaient leurs parents. Ils viennent me voir à leur tour avec leurs enfants. C’est comme ça, le country! Ça fait quand même 57 ans que je chante mes tounes pour le public.      

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Est-ce que ça te surprend que le public soit encore et toujours au rendez-vous pour te voir en spectacle?
Oui. Quand ça fait 10, 15, 20 ans que tu es populaire et que ça marche, tu te dis que ça ne pourra pas toujours durer. Je suis chanceux, ça a toujours marché et je n’ai pas connu de creux de vague. 

Comment ça se passe pour toi dans les coulisses avant un spectacle?
J’ai hâte, mais j’ai le trac. C’est passager, ça dure environ 30 secondes, le temps d’entrer en scène et de commencer la première toune. Dès que je me mets à chanter, c’est fini, le trac disparaît. Ma grande phobie, c’est que le son ne soit pas bon. Mais à la minute où j’entends que ça sonne bien, je suis rassuré.

Julien Faugere
Julien Faugere


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Prévois-tu faire un album prochainement?
J’ai un projet dont je ne peux pas parler et j’ai aussi un album de chansons originales à faire. Quand j’ai une heure ou deux, je travaille sur de nouvelles chansons, malgré tous les spectacles que j’ai à mon horaire.

Tu parlais de la chanson Je pars à l’autre bout du monde que Renée fait sur votre album... Bien des gens ont été étonnés d’apprendre, ces dernières années, que c’était toi qui l’avais composée.
Oui. Et elle a été relancée par la chanteuse Beyries, qui en a fait une très belle version qu’on a entendue dans un épisode d’Unité 9. Je ne la connaissais pas et je ne savais même pas qu’elle avait enregistré la chanson. J’écoutais l’émission chez nous et, quand j’ai entendu ça, je n’en revenais pas! Je trouvais ça beau! De plus en plus de gens la chantent. Laurence l’a faite. Beaucoup d’interprètes la font dans des émissions à la télé. Je ne pense pas qu’elle va battre À ma mère, parce qu’il y a environ 60 interprètes qui l’ont faite sur disque. J’ai écrit À ma mère en 1980, quand mon père est mort. Et Je pars à l’autre bout du monde, ça doit bien faire 15 ou 18 ans que je l’ai composée. C’est drôle parce que, tout récemment, j’ai donné l’autorisation pour que cette chanson soit dans un film; et on va pouvoir entendre une autre de mes tounes dans une autre production. 

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Tu partages la scène avec tes enfants... Ça doit te rendre fier et heureux.
Oui, c’est hot! C’est extraordinaire! Quand ils étaient jeunes et qu’ils chantaient, je voyais bien qu’ils avaient du talent et qu’ils chantaient juste. Ils sentaient déjà des choses qu’ils ne connaissaient pas. Dan chante comme ça se peut pas. Il commence à faire des shows en solo. Émilie, elle, est en train de préparer son deuxième album. Elle a pris beaucoup d’assurance. Elle fait la première partie de mon show; elle m’impressionne beaucoup. Et Katia vient de faire un album qui est super bon et elle fait de la radio. Honnêtement, je peux dire que je suis heureux. Je travaille avec mes enfants et j’aime les voir aller. Et ça marche: le monde les aime au boutte! 

Courtoisie
Courtoisie

Quand tu regardes ton gars, est-ce que tu te revois quand tu étais jeune?
Ah oui! Il est pareil comme moi: on a le même parcours, et il est aussi fou de musique que moi. On a plein d’instruments dans le sous-sol, et il en joue tout le temps. Je suis obligé de l’arrêter pour qu’il aille se coucher. Il a un band, il joue avec ses chums, il aime ça. Je me souviens, quand j’ai eu ma première guitare, je suis devenu fou! Je ne sortais pas avec mes chums, je capotais sur la guitare! J’étais tout le temps en train de faire de la musique.      

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Est-ce que ta compagne de longue date, Johanne, te dit parfois que tu devrais ralentir?
Oh non! Elle sait que ça ne donnerait rien. Johanne est d’ailleurs ma première fan.      

Y a-t-il des moments précis ou des spectacles que tu gardes en mémoire?
Je me souviens d’un spectacle à la Place des Arts au cours duquel j’avais chanté À ma mère pour la première fois avec Isabelle Boulay. Je capotais, le monde était debout! Deux jours après, on faisait le Festival d’été de Québec, toujours avec Isabelle, et il y avait d’autres artistes aussi: Renée (Martel), Zachary (Richard). Je n’avais jamais chanté au festival et, des coulisses, je regardais la foule à perte de vue; c’était une mer de monde! On m’a dit qu’il y avait 60 000 personnes! Je capotais. Je n’avais qu’une chanson à faire (À ma mère avec Isabelle), mais j’étais sur les nerfs comme si je devais présenter un gros show. C’était vraiment impressionnant.

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere



Tu as chanté toute ta vie. Arrives-tu parfois à décompresser?
Oui, en m’occupant de mon jardin. J’adore ça! Je trouve la nature fascinante. J’aime voir les changements qui s’opèrent d’une journée à l’autre. J’ai des arbres fruitiers, des fruits, des légumes... Je trouve ça magique. Quand j’ai quelques jours de congé, on va au chalet, et je travaille sur mon terrain. La rivière est dans la cour et j’ai un grand terrain. Je me sens vraiment en congé quand je suis là, mais je ne peux pas y passer autant de temps que je le voudrais. Mais je suis drôlement fait: comme je m’ennuie facilement, quand ça fait deux jours que je suis au chalet, j’ai hâte de recommencer à faire des spectacles.

Es-tu heureux d’avoir 75 ans, d’être en santé et de continuer à faire ce que tu aimes le plus dans la vie?
La vie est bonne pour moi en tabarnouche! Je suis privilégié et bien chanceux. Je suis vieux, je ne suis plus malade et j’ai de l’ouvrage au boutte! Et on me demande d’autres albums, alors je continue. Dans ma tête, je n’ai pas d’âge. Quand je prends la route pour aller faire des spectacles, j’ai encore 18 ans. Si je le pouvais, je travaillerais tous les jours. Je n’aime pas manquer de job. Je dis tout le temps oui quand on me propose quelque chose. Si je n’ai pas d’autre maladie, je vais encore chanter dans 10 ans.

Le spectacle Contre vents et marées sera présenté en grande première au Casino de Montréal le 2 novembre, et la tournée se poursuivra partout au Québec. Les billets sont disponibles sur daraiche-martel.ca.

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