Jean-Michel Anctil explique le changement de camp dans sa carrière

S’il a mis un terme à sa carrière solo en humour, Jean-Michel Anctil préserve bien son amour de la scène et ne cesse de se renouveler comme artiste. On lui découvrira même, bientôt, certains talents insoupçonnés en danse! Je vous invite à redécouvrir cet ardent travailleur aux multiples personnages.

À la fin de 2020, tu était en répétition. Sur quel projet travailles-tu au juste?
Avec André Robitaille, on répétait Des cailloux plein les poches. C’est une pièce britannique qui a gagné plusieurs prix. Il y a une partie où un autre comédien et moi faisons 15 personnages, et une autre où nos personnages ont une discussion sous forme de danse. C’est du stock et ça va vite! Je ne suis pas danseur et je pense que je suis dyslexique du pied gauche! (rires) On s’est dit que ce serait un défi de faire des shows dans des salles réduites et de jouer à deux mètres de distance. Ça n’est pas toujours facile! Il faut toujours qu’on calcule la distance et il y a des scènes entre amis, alors qu’on ne peut pas s’approcher. Je devais partir en tournée pour Les voisins et Des cailloux plein les poches, mais évidemment, c’est retardé. 

On a l’impression que tu es rendu ailleurs dans ta carrière. Tu joues au théâtre et au cinéma. Avais-tu le goût de passer à autre chose?
Après quatre ans de tournée à présenter 734 spectacles, j’étais épuisé et, oui, j’avais envie de faire autre chose, de nourrir ma créativité avec d’autres projets. Ça m’avait tellement brûlé, la scène... je ne pouvais plus en faire. Et quand j’ai recommencé, je voulais avoir du plaisir. Quand j’ai dit que je ne ferais plus de shows, ce n’était pas une retraite de l’humour, c’est que je ne voulais plus faire de tournée solo comme humoriste.

Outre les comédies sur scène, tu animeras aussi des galas d’humour...
Oui, car j’aime écrire et échanger. Ce mois-ci, je vais coanimer un des galas ComediHa! avec Véronique Claveau et je trouve ça le fun, parce qu’on partage la pression. Quand tu animes seul, c’est TON gala. Tu ne veux pas juste que tes numéros marchent, mais que ceux des autres marchent aussi. Avec Véronique, comme ça fait plus d’un an qu’on les prépare, il y a des numéros qu’on a dû adapter un peu, en raison de la covid. On joue dans des salles sans public, et ça aussi, c’est différent.

Qu’est-ce qui s’est passé, vers la fin de ta carrière solo, pour que tu veuilles te présenter comme un Jean-Michel sans costumes de personnages?
D’abord, j’étais tanné d’aller faire des shows et d’arriver avec tellement de stock alors que certains humoristes, eux, arrivaient avec rien! En plus, il fallait que je me maquille et que je me démaquille. Au départ, je faisais des personnages parce que je me cachais derrière eux. Maxime, un de mes premiers personnages, parlait de beaucoup de choses que je n’osais pas dire en stand-up. Après ça, quand j’ai commencé à être moi-même sur scène, j’ai réalisé que je pouvais être drôle moi aussi! Mais je ne voulais pas laisser tomber tout ce qui m’avait permis de faire ma place, donc j’amenais d’une façon différente mes personnages. 

Comment as-tu fait?
Pour mon dernier show, Précilla, je la faisais sans costume... seulement avec la voix. Mais il y avait une explication; elle avait changé de sexe et était devenue un homme! Pour Râteau, j’avais juste besoin du casque et des dents. Il était tellement connu que je n’avais pas besoin de mettre l’imperméable. 

Tu es quelqu’un qui a le sourire facile. As-tu le bonheur facile?
Ça dépend où et quand! (rires) Il y a quelqu’un qui m’a déjà dit: «Toi, quand tu es dans ta tête, tu as une face sévère.» Quand je fais mon épicerie ou que je coupe mon gazon, par exemple, je pense à toutes sortes d’affaires. Et des fois, je croise des gens et ils pensent que je suis donc sérieux! Mais je suis bon public. J’aime rire! Il y a des shows que je peux voir deux, trois fois. Quand j’ai commencé, il y avait François Léveillée qui faisait Bob Cashflow et, chaque fois — je pense que je l’ai vu 20 fois! —, c’est comme si je le voyais pour la première fois. Dans le quotidien, je te dirais que je suis quelqu’un de plus sérieux. 

As-tu des envies particulières, voire secrètes, pour ta carrière?
J’ai fait quatre films et dans aucun d’entre eux je n’avais un personnage comique. J’ai fait un chef de motards (De père en flic), un inspecteur en sinistres qui était déprimé (Nous sommes comme les autres), un père qui partait sur un nowhere à la suite de la mort de son fils (Répertoire des villes disparues) et un coach de hockey (Les Barbares de La Malbaie). J’aimerais ça faire un film comique, mais avoir un premier rôle. Ou incarner une espèce de weirdo comme Jack Nicholson dans The Shining. Quelque chose d’intense! Le genre de gars que tu ne veux pas rencontrer dans une ruelle! (rires)

Durant les fêtes, as-tu pu faire une pause du travail?
Oui, mais en même temps, je devais apprendre les textes de la pièce pour pouvoir me concentrer seulement sur la chorégraphie au retour. En plus, le gala de ComediHa! est le 21 janvier, donc on était dans le sprint final de mémorisation de numéros et on peaufinait les affaires. C’est sûr que ç’a été plus tranquille, mais ça m’a fait du bien. Parce que ça peut être épuisant, les fêtes, de se promener, de manger plus, de boire, de se coucher tard, de moins s’entraîner... Ce que je trouve difficile, c’est de penser à mes parents qui ne pouvaient pas voir leurs enfants et leurs petits-enfants. Mon frère leur a organisé une émission télé familiale où ils ont pu nous voir, mais en sécurité à la maison, avec leur petit verre de vin.      

Le gala virtuel ComediHa! de Jean-Michel Actil et Véronique Claveau sera diffusé le 21 janvier, à 20 h, à comediha.tv (infos et achat de billets numériques sur ce site). Pour connaître les nouvelles dates de représentations de Des cailloux plein les poches et des Voisins, reportées en raison de la situation: monarqueproductions.com