Rachel Graton se dit comblée d'avoir décroché deux rôles principaux

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2021-04-21T13:00:00Z

Lorsque Rachel Graton était enfant, il y avait tellement d’acteurs autour d’elle qu’elle était convaincue que certaines familles étaient destinées à pratiquer un métier en particulier. Après un détour pour se faire croire que ce ne serait pas sa vie, l’actrice a fait son entrée à l’école de théâtre et, depuis sa sortie, elle a multiplié les beaux projets. Son plus récent: la série policière Portrait-robot, qui prend l’antenne ces jours-ci sur Club illico.

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Rachel, que peux-tu nous dire sur ton rôle dans la série Portrait-robot?
C’est un cadeau exceptionnel! Dès le jour un, j’ai eu l’impression de faire partie du processus de création. J’incarne Ève Garance, une portraitiste judiciaire. Elle fait des portraits-robots pour aider à la recherche d’un individu ou pour reconstituer un visage qui a été déformé. C’est un métier très rare. Selon mes recherches, il devrait y en avoir une dizaine au Canada. Ève a perdu son fils à l’âge d’un an. Elle aide des gens à retrouver un visage et elle-même essaie de retrouver le visage de son fils. On ne sait pas tout dès le départ sur les personnages. On apprend à les découvrir au fil des épisodes. 

Photo : Yan_Turcotte / CLUB ILL
Photo : Yan_Turcotte / CLUB ILL

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As-tu d’autres tournages au programme?

Je serai aussi d’Un lien familial, l’adaptation du roman de Nadine Bismuth. J’incarnerai Magalie Breton, une designer de cuisines qui est en couple depuis six ans. Elle devra déterminer ce qu’elle a envie de faire pour être plus heureuse. La série sera disponible cet automne sur l’Extra de Tou.tv. Je suis chanceuse actuellement et je savoure ma chance. C’est exceptionnel d’avoir deux rôles principaux! Je sais très bien que ces occasions ne se présentent pas 20 fois dans une vie... Sinon, je viens de traverser une année singulière. Je produis du théâtre. 21, qui est mon deuxième texte, était en tournée. Même si 28 spectacles étaient engagés, il n’y a plus eu de subventions du Conseil des arts du Canada. Nous avons fait des lectures, une forme qui peut voyager. C’était une drôle d’année pour le théâtre... 

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza



Comment l’envie de jouer s’est-elle manifestée dans ta vie?

Petite, je pensais qu’il y avait des familles de métiers: des familles d’acteurs, de profs, d’avocats. Mes parents avaient étudié au Conservatoire d’art dramatique, mon oncle Vincent Graton est acteur, ma grand-tante Françoise Graton aussi. Elle était comme une grand-maman pour moi. Il y a aussi mes cousins Chénier, mes cousins Graton, Thomas et François. Dans mon souvenir, ce n’était pas une orientation difficile à choisir. J’avais l’impression de savoir ce que c’était vraiment, car j’avais vu de tout dans ma famille. Pour mes parents, ça n’avait pas toujours été facile. Ma mère faisait du théâtre de création, du théâtre d’intervention. Mon père a fait de la télé. Chacun exerçait le métier de façon très différente. Il n’y avait pas qu’un seul parcours. Au secondaire, je suis allée à l’école Paul-Gérin-Lajoie, en concentration arts dramatiques. J’ai eu des profs exceptionnels. J’adorais faire du théâtre! Et comme je n’étais pas très bonne à l’école...

Ça, ça m’étonne...
En fait, j’étais très nerveuse. En classe, j’étais toujours dans la lune. J’aimais l’école, mais ça me stressait et les examens me figeaient. C’était lié à un enjeu de performance. J’étais plus à l’aise dans le théâtre, les arts, le sport, peut-être parce que c’est plus concret. C’était une autre forme de performance. Vers l’âge de 15 ans, j’ai tout remis en question. L’écriture a pris plus de place. La mise en scène m’intéressait aussi, de même que la réalisation. Et le travail social. J’ai tergiversé, mais je me suis décidée à essayer d’être une artiste.

Parce qu’au final, tu es fondamentalement une artiste...
Oui, mais je n’aimais pas la connotation péjorative qui vient avec ce mot. Artiste était synonyme de bohème et d’égocentrisme pour moi. Je n’avais pas envie d’être ça. Pour moi, un artiste, c’est quelqu’un qui porte sa vision des choses et qui a envie de la transposer pour engendrer un questionnement collectif. Sur ce plan, je suis une artiste et heureuse de l’être. À 15 ans, j’ai joué dans mon premier téléroman, Les super mamies, qui a été le dernier téléroman de Lise Payette. J’ai vu jouer de grandes actrices. J’ai étudié en cinéma, j’ai travaillé sur une base de plein air et, vers l’âge de 20 ans, je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir si ce métier était fait pour moi. J’avais peur des écoles de théâtre... Et j’ai finalement fait l’École nationale de théâtre. 

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Photo : Bruno Petrozza / TVA Pu
Photo : Bruno Petrozza / TVA Pu



Je présume que personne n’a été étonné.

Non. Je crois que j’étais la seule qui essayait de faire comme si je n’allais pas faire ce métier... J’ai toujours travaillé. J’ai tout de suite fait du doublage et du théâtre. Quant à la télé, ç’a été graduel. Rien n’a explosé d’un coup. Il y a eu Nouvelle adresse, qui m’a fait connaître du public, puis Les Simone, qui m’a permis d’établir une conversation avec les gens. J’aime parler avec les gens et les écouter. J’oublie qu’ils me connaissent parce que je fais de la télé. Moi, dans la vie, je jase avec les gens dans la rue, avec les gens de mon quartier. C’est ma nature... (sourire)

Durant la dernière année, as-tu renoué avec une passion quelconque?

Au début, les garderies étaient fermées, alors j’étais avec mon petit garçon qui n’avait pas encore trois ans. Les parcs étaient fermés. La vie sociale me manquait. Nous avons fait du sport. J’ai fait bouger mon fils. J’ai essayé de jardiner avec mes voisines... mais ça n’a pas été une réussite! (rires) J’ai découvert mon voisinage et l’entraide. C’est incroyable ce que nous avons vécu! Nous nous assoyions sur le balcon d’en avant, les enfants jouaient dehors, nous jasions. Lorsque nous constations que certains avaient plus de difficulté, des gens plus âgés, par exemple, nous faisions des chaînes de courriels pour leur préparer des plats. C’était merveilleux! Nous étions seuls, mais ensemble. Ce qui est étonnant, c’est que nous étions restreints parce que nous étions à Montréal, mais nous avons ressenti la force de la communauté. Je ne suis pas la seule dans ma rue à qui cela a fait du bien. 

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Quand on y pense: qu’est-ce qui reste quand tout fout le camp?
Cela a suscité une belle réflexion. Avoir autant de temps avec son enfant, c’est aussi une grande chance... Oui, surtout à cet âge. Le temps file tellement rapidement... J’ai recommencé à travailler assez vite après avoir accouché, je n’avais donc pas passé beaucoup de temps avec lui lorsqu’il est né; c’est durant la pandémie que j’ai vécu ça. C’était formidable! Il faut dire que, dans le contexte, je ne manquais de rien. Ça aide à être résilient...

Ton amoureux avait-il le privilège de travailler, lui aussi?
Oui, il est intervenant en centre jeunesse, mais il est actuellement aux études. Il était en première ligne. Au début, nous étions plutôt stressés. Durant cette période, ma grand-mère m’a beaucoup manqué. Avec elle et ma famille, nous avons constitué un groupe Messenger. Tous les jours, nous faisions un 5 à 7, et cela a duré des mois! Elle vit seule dans sa maison. Elle a une force exceptionnelle! Elle a eu la force que ça prend pour s’actualiser, pour regarder les nouvelles, mais pas trop, pour cuisiner, pour faire une marche, tout en restant prudente, c’est incroyable! Cette vigilance et ce désir de rester des nôtres, c’est magistral! Pour ma part, je me concentre sur ce que nous avons et sur ce que nous pouvons faire plutôt que l’inverse...

Portrait-robot est disponible sur Club illico. On suit Rachel Graton sur sa page Facebook.

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