Robert D’Entremont fait de rares confidences sur son couple avec Dany Turcotte

Photo : Karine Lévesque

Michèle Lemieux

2022-05-08T04:00:00Z
2022-05-08T16:00:00Z

Avec son accent acadien et son profil de mannequin, Robert D’Entremont se taille une place dans le métier, lentement mais sûrement. Acteur originaire d’un petit village de la Nouvelle-Écosse, l’interprète de Xavier dans La Maison-Bleue aborde la question de son coming out, à l’âge de 20 ans, qui lui a permis de vivre sa vie ouvertement.

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Robert, parlez-nous de ce personnage que vous incarnez dans La Maison-Bleue.
Xavier est un jeune Acadien qui sort avec la fille du président. Il fait partie de la FLA, le Front de Libération de l’Acadie. C’est un clin d’œil au FLQ. Que mon personnage sorte avec la fille du président et qu’il ait des activités douteuses crée des conflits... J’ai obtenu le rôle et, quatre jours plus tard, j’avais 10 scènes à tourner. C’était vraiment intense! Ç’a été une expérience tripante! Comme je suis Acadien, j’ai proposé quelques changements aux textes pour que mes répliques soient plus faciles à comprendre. 

À quel moment avez-vous compris que vous alliez vous destiner au métier de comédien?
J’ai commencé à faire du théâtre super jeune. À l’âge de cinq ans, j’ai joué dans Cendrillon. À 11 ans, j’ai joué du Shakespeare. Puis, à 16 ans, j’ai eu mon premier rôle dans une pièce de théâtre: j’ai joué Dom Juan. C’était intense! Je tripais! Ma prof de théâtre a suggéré que si ça me passionnait autant, je pouvais en faire un métier. Je me disais que je n’avais pas assez d’expérience pour aller étudier à New York, à Toronto ou même à l’École nationale de théâtre. J’ai donc auditionné pour étudier en théâtre à Concordia.

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Vos parents vous ont-ils soutenu dans votre démarche?
Mes parents ont eu une bonne réaction. Ma mère voulait que j’aille à l’université, point. Deux cents personnes avaient auditionné pour le programme de théâtre, et j’ai fait partie des 18 qui ont été acceptés. J’ai un bac universitaire, mes parents étaient donc contents. Après mon bac, je suis allé étudier dans un conservatoire à New York. J’en ai profité pour voir du théâtre. Mes parents s’attendaient à ce qu’ensuite, ça démarre tout de suite, mais ç’a été long. Lorsque j’ai signé avec mon agence en 2014, j’ai décroché de petits rôles ici et là. Tout le monde était fier, mais maintenant, je sens à quel point ma famille l’est. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir un pied dans la porte. Mais c’est un métier hyper difficile, il y a énormément de compétition! 

Votre accent acadien vous distingue. À votre avis, est-ce un avantage ou un inconvénient?
Les deux. Ça dépend du projet, de ce qu’on cherche. Il y a plus de diversité, mais il faudrait aussi qu’on se dise que ce n’est pas grave si l’acteur a un accent. Le métier, c’est des montagnes russes! Avant, chaque fois que j’avais un refus, je prenais ça de manière personnelle. Je sais maintenant que ce n’est pas un rejet, que c’est une question de choix. 

Qu’est-ce qui vous permet de décrocher du métier?
J’aime aller voir du théâtre, regarder des films, écouter de la musique, écrire. J’aime passer du temps avec mes amis. J’aime boire du vin, manger de bonnes choses. Au Québec, on a tellement de choix de vins! Ici, il y a une belle culture sur ce plan. 

Photo : Karine Lévesque
Photo : Karine Lévesque


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Vous venez de l’est du pays, si je ne m’abuse...
Oui, d’un petit village acadien en Nouvelle-Écosse, le premier village acadien toujours francophone. Nous sommes 2000 personnes dans notre village.  

Vous sentiez-vous différent dans ce petit village de 2000 personnes?
La place d’où je viens a beaucoup évolué, mais dans le temps, c’est une chose avec laquelle j’ai eu de la misère... Le fait que je sois gai a fait que je voulais me retrouver dans une grosse ville pour vivre ma vie ouvertement. Montréal est l’une des villes les plus ouvertes au monde. J’ai vu qu’il y avait un Village, avec des gens comme moi. J’ai caché ça pendant longtemps, et ç’a été un gros choc lorsque j’ai fait mon coming out. Personne ne le savait, j’ai mis beaucoup de temps et d’énergie à le cacher. Je n’ai pas du tout honte de ça, mais c’était un réflexe de survie. Cela dit, même si je retournais dans le passé, je ne pense pas que je changerais ça. J’avais de bons amis. Parfois, les gens disent: «Fais ton coming out!» Mais il faut faire attention, il faut être prêt à le faire et à recevoir la réaction des gens. Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais eu une bonne réaction si j’avais fait mon coming out à 16 ans... Je pense avoir choisi mon moment à moi. Je l’ai fait à 20 ans. C’est quand même une étape importante de ma vie et ça m’a formé. Souvent, on se dit qu’on veut être soi-même et vivre notre vie pour nous, mais ce n’est pas si facile que ça... Parfois, les autres nous envoient des signaux qu’ils ne vont pas nous aimer. 

Justement, comment vos proches ont-ils accueilli la nouvelle?
Ma famille a été super cool. C’est sûr qu’il y a eu des chocs et différentes réactions, mais tout le monde a été fabuleux. Je pense que mon coming out a peut-être eu un effet domino dans mon village. 

Avez-vous des frères et sœurs?
J’ai un frère aîné. Il mène une vie plus typique: une femme, deux enfants. J’adore mon frère, mais nous sommes très différents. C’est un scientifique, je suis un artiste. Je suis plus fou que lui! Il a joué dans une pièce de théâtre quand j’avais 11 ans. J’étais au premier rang tous les soirs, j’étais fier de mon frère! Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai vraiment voulu faire ce métier.  

On sait depuis l’été dernier que vous êtes le conjoint de Dany Turcotte. Êtes-vous ensemble depuis un moment?
Ça fait quatre ans que nous sommes ensemble. Nous n’avons pas fait d’annonce officielle: nous savions que si nous faisions quelque chose de public, on allait écrire sur nous. Mon chum m’a dit que ce n’était pas nécessaire de le faire, et j’ai apprécié ce petit secret entre nous. 

Mais il n’y a plus de secret, maintenant...
Oui, et ce n’est pas grave, c’est une bonne personne à qui être associé. Les gens sont cool. J’ai rarement reçu des messages homophobes. Lui, il en reçoit une tonne! C’est triste. Il est très connu et il était dans une émission où on parlait de sujets qui dérangent le monde... On l’attaque sur son orientation. Après une émission, recevoir 100 messages homophobes, c’est désagréable. Puisque j’ai vu mon chum vivre ça, j’espère avoir du recul, une perspective. J’espère que ça ne va pas trop me déranger... J’ai réalisé que les gens qui nous aiment ne prennent pas le temps de nous écrire, mais que ceux qui nous haïssent prennent toujours le temps de le faire. Quand il a quitté Tout le monde en parle, mon chum a eu plus de 100 000 likes et messages... C’était très positif. Il a vécu les deux extrêmes. Finalement, il ne faut pas tout prendre de façon personnelle... 

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La Maison-Bleue, lundi 19 h 30, à Radio-Canada.
On peut suivre Robert sur les réseaux sociaux.

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