Roxane Bruneau s’ouvre sur sa relation exceptionnelle avec sa belle-fille Joanie
Michèle Lemieux
Toujours au sommet, Roxane Bruneau a raflé quatre Félix au dernier Gala de l’ADISQ, dont ceux d’interprète féminine et de chanson de l’année. Dans sa vie privée, elle a aussi de quoi se réjouir. Sa relation avec les trois enfants de sa conjointe, Caroline, est au beau fixe. Joanie, qui a 12 ans, et elle se confient sur leur relation belle-mère et belle-fille dans laquelle la chanteuse n’entretient pas un rapport d’autorité, mais de complicité.
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Roxane, vous avez recommencé à présenter votre spectacle. Vous devez être heureuse de renouer avec la scène?
Oui, j’ai repris la tournée. Je signe la mise en scène et j’ai créé le visuel. Les trois premiers spectacles ont été compliqués. Il fallait s’habituer aux masques et à la distanciation. J’étais en déséquilibre, au point d’en pleurer. J’avais l’impression que je n’étais plus capable de donner mon spectacle. Ça m’a fait peur. Puis, quand je suis allée à Gatineau, le public était tellement survolté que j’en suis ressortie «boostée». Je me suis dit que j’étais encore capable!
Que proposez-vous sur scène?
Beaucoup de chansons du deuxième album, celles que les gens aiment le plus sur le premier et des blagues. Il y a beaucoup de visuel: une plateforme, des écrans, etc. Sur le plan professionnel, ma vie se résume présentement à bien manger, m’entraîner et faire des shows. À la fin de la première tournée, je m’alimentais mal, je dormais peu, je ne faisais aucun effort physique à part la scène. J’étais toujours malade.
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Vous nous présentez votre belle-fille, Joanie. Qu’est-ce qui vous a convaincue de le faire?
Avant d’accepter, j’ai demandé à Joanie si elle était d’accord. Je ne veux pas la surexposer. Elle aime ça, mais c’est possible qu’en vieillissant, ça ne lui tente plus. Déjà, elle se fait un peu achaler à l’école. On lui demande si c’est cool d’avoir Roxane Bruneau comme belle-mère. La réalité, c’est qu’elle me voit le matin avec mon air bête!
Être belle-mère est un rôle important dans votre vie, mais certaines le disent difficile. Qu’en pensez-vous?
Moi, je l’ai facile. Joanie est chanceuse, elle a deux belles-mères! La blonde de son père a plus un rôle traditionnel: faire les lunchs, aller la reconduire à l’école. Moi, je n’ai que le plaisir. Je la regarde grandir, évoluer, prendre des décisions. Nous discutons beaucoup ensemble. Après un show, je me couche vers 1 h du matin. Mon travail, c’est d’être une anti-belle-mère: je fais des choses qu’il ne faut pas faire pour faire comprendre à mes beaux-enfants qu’il ne faut pas les faire! (rires) J’ai eu des beaux-parents et nous n’étions pas proches. Je me suis dit que je ne voulais pas faire vivre ça à un enfant. Avoir un enfant, ce n’était pas dans mes plans. Finalement j’en ai trois!
Quel âge ont-ils?
Gabriel et Antoine ont 21 et 17 ans, Joanie a 12 ans. L’aîné est pompier et vit en appartement avec sa blonde. Antoine et Joanie sont encore en garde partagée. Ils ont un père et une mère qui s’impliquent et qui sont présents une semaine sur deux. C’est pour cette raison que j’ai le beau rôle: je n’ai pas de place à combler dans leur vie. Je ne fais que rajouter du crémage...
Dans la littérature, les belles-mères ont toujours le mauvais rôle. Vous, vous êtes quand même du type cool?
Je ne fais pas beaucoup de discipline. Joanie a toutes les qualités du monde, mais elle est lente quand vient le temps d’aller se coucher. Je lui propose une entente: dès que le générique de la fin du film débute, elle doit monter se coucher. Mais jamais je n’entrerais dans sa chambre pour lui dire qu’elle est à l’envers. Je ne lui enlèverais pas son cell non plus. Ce n’est pas à moi de faire ça. Ce ne sont pas mes enfants. Je ne vois pas pourquoi je me mêlerais de ce qui ne me regarde pas.
C’est donc, comme vous dites, un beau rôle dans votre vie.
C’est très positif. Il faut dire que Joanie est un modèle d’adolescente plutôt rare. Moi, je n’ai pas de patience. J’ai été élevée d’une manière militaire. Avec ma mère, je devais être rentrée à 8 h le soir. À 8 h 02, il y avait une conséquence. Caro est éducatrice spécialisée: elle a des outils que je n’ai pas. Quand tu veux que ton enfant coopère, il faut le récompenser pour encourager les bons comportements.
Vous disiez qu’avoir des enfants n’était pas votre plan de match. Avez-vous le sentiment de bien vous débrouiller quand même?
Oui, mais en même temps, j’avoue que c’est facile. Joanie avait huit ans quand elle est entrée dans ma vie. Je n’ai pas eu de couches à changer. Elle était déjà mature pour son âge. En plus, les enfants ont été fins avec moi.
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Comment vous ont-ils acceptée dans la vie de leur mère?
Très bien. Au début, j’étais l’amie de maman. Puis, le plus vieux s’est mis à me demander si je restais à coucher... (rires) Quand Caro leur a annoncé que j’étais son amoureuse, le plus vieux le savait déjà, le deuxième lui a dit qu’elle pouvait devenir transgenre, qu’il l’aimerait quand même. Quant à Joanie, elle avait déjà des amis qui avaient deux mamans ou deux papas. Pour elle, c’était normal. Les enfants naissent sans préjugés. C’est nous qui leur en inculquons.
Roxane poursuit sa tournée. Des supplémentaires ont été ajoutées les 4 et 5 mars à L’Olympia de Montréal, ainsi que les 18 et 19 février au Théâtre Capitole, à Québec (roxanebruneau.com). Acrophobie, qui vient d’être certifié disque d’or, est en vente partout.
