Yves Corbeil secoué par la fin abrupte de deux contrats

Photo : Dominic Gouin

Érick Rémy

2020-09-13T20:30:00Z

Depuis 1966, c’est dans une belle maison surplombant une petite rivière, dans les collines de Saint-Sauveur, qu’Yves Corbeil se réfugie après son travail. En forme et loin d’envisager de prendre sa retraite à 76 ans, il nous a ouvert les portes de sa vie.

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Je suis encore actif. Cependant, comme pour beaucoup de gens, les effets de la pandémie se font durement sentir. Alors que nous allions célébrer les 50 ans de Loto-Québec, tout a été mis sur la glace. Comme nous ne pouvions plus faire de remises de chèques aux gagnants, notre partenariat s’est terminé», mentionne Yves Corbeil, qui était associé à cette société d’État depuis 1977. 

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De plus, l’an dernier, le nouvel acquéreur de la chaîne de magasins d’électroménagers dont il était porte-parole depuis 20 ans a décidé, sur les conseils d’une agence, de faire un changement d’image publicitaire. Loin de vouloir s’en plaindre, sachant que toute bonne chose a une fin, le populaire animateur et comédien avoue avoir tout de même été secoué par ces deux fins de contrats abruptes. «Pendant un moment, je me suis demandé si j’étais encore bon. Était-ce la fin de ma carrière? Après avoir vécu une sorte de mini-dépression, je me suis retroussé les manches et j’ai fait l’inventaire des belles choses dans ma vie: mon épouse, mes enfants, mes petits-enfants, la santé, etc. J’ai vu ce que j’avais plutôt que ce que je n’avais plus.»


Une famille unie
Père de trois enfants, Olivier (48 ans, agent d’artistes), Éloïse (46 ans, restauratrice) et Benjamin (44 ans, musicien), Yves partage sa vie depuis 56 ans avec Michèle Bibeau, son épouse, qui l’a toujours épaulé au fil de sa carrière. «Dans ce métier, c’est facile de ne pas avoir les pieds sur terre. Michèle m’a ancré dans la réalité. Elle a assuré une stabilité à notre famille. Sans elle, je ne serais pas qui je suis et je me serais probablement perdu en cours de route. Michèle est un phare dans ma vie. Elle m’est essentielle», dit-il au sujet de celle qui a toujours tenu à rester dans l’ombre. 

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Vivant encore dans la maison où il a élevé ses trois enfants, le couple ne se résigne toujours pas à la vendre. Au début, avant les agrandissements majeurs, ce n’était qu’un petit chalet suisse qu’il louait. Ce lieu de rassemblement familial compte entre autres six chambres, un sauna, une grande piscine, deux terrasses, dont une sur berge. Sur leur vaste terrain fleuri et boisé, Yves et Michèle ont ajouté des modules de jeux pour leurs cinq petits-enfants, âgés de 8 mois à 20 ans. «J’y suis très attaché et mes enfants aussi. Le long trajet en auto, entre ici et la ville, me permet de décanter après le boulot. Cet éloignement m’a aidé à évoluer sereinement dans ce métier qui n’est pas toujours facile.»

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Une enfance modeste
Natif du quartier de Villeray, à Montréal, ce fils unique de parents déjà âgés à sa naissance est loin d’avoir connu une vie aussi aisée que celle qu’il a pu donner à ses enfants et petits-enfants. «Mes parents ont toujours été locataires. Mon père, qui était presque aveugle, tenait une petite cantine dans une imprimerie. Il souffrait de rétinite pigmentaire. J’étais son lecteur et son guide. Une fois par mois, il bénéficiait de billets gratuits pour aller voir des pièces de théâtre et je l’accompagnais. C’est lui qui, sans le vouloir, a semé en moi l’amour du théâtre. Il aurait préféré que je sois médecin ou ingénieur. Il est mort à 59 ans lors d’une opération à cœur ouvert. Il n’a jamais été témoin de ma carrière.»

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De Peau de banane à Star Wars...
Si de nos jours il gagne surtout sa vie en faisant de l’animation, des voix publicitaires et du doublage d’acteurs de Hollywood, entre autres Arnold Schwarzenegger et John Goodman — Yves est aussi la voix de Darth Sidious, alias Palpatine dans La guerre des étoiles —, il se considère avant tout comme un comédien. Au fil des ans, il a joué des dizaines de rôles au théâtre et à la télé: Rue des pignons, Les belles histoires des pays d’en haut, Les Berger, Virginie, Omertà, C.A., Destinées ainsi que Peau de banane, de 1982 à 1987, suivie chaque semaine par trois millions de téléspectateurs. «Les gens m’en parlent encore. Cette sitcom bousculait les mœurs. 

On y suivait mon personnage, Claude Cayer, père de deux jeunes enfants joués par Marie-Soleil et Sébastien Tougas, dont la femme l’avait quitté pour aller vivre en Afrique. Ils se retrouvaient colocataires chez Simone, interprétée par Louise DesChâtelets. Peu à peu, sous la pression populaire, l’auteur Guy Fournier n’a eu d’autre choix que de les faire tomber amoureux l’un de l’autre», lance-t-il en riant, avec une pointe de nostalgie. 

Joueur de tennis, de bridge et grand lecteur dans ses moments libres, il accueille avec réalisme et sérénité cette nouvelle portion moins intense de sa vie professionnelle. «J’ai connu mon apothéose, et c’est maintenant aux autres de la connaître. Je vis mon moment présent et je ne suis plus dans l’attente. Il est extraordinaire de pouvoir vieillir en étant lucide et conscient. Je lis beaucoup d’écrits de grands penseurs. J’essaie de mieux comprendre la complexité de l’être humain. Je me vois évoluer comme un vieux sage», dit-il en guise de conclusion à cet échange.

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