Sophie Prégent s’ouvre sur ses projets de couple avec Charles Lafortune

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2021-12-07T12:00:00Z

Du plus loin qu’elle se souvienne, Sophie Prégent a toujours assumé des responsabilités. Encore aujourd’hui, elle mène une carrière florissante à titre de comédienne tout en étant présidente de l’Union des artistes et mère d’un jeune adulte autiste. Parce qu’elle a à cœur d’aider les autistes et leur famille, elle a mis sur pied une fondation avec son conjoint, Charles Lafortune. Selon les parents de Mathis, chaque personne doit avoir la possibilité de se réaliser.

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Sophie, la finale d’Alertes arrive. Comment résumerais-tu cette saison?
J’ai beaucoup aimé les jeux d’acteurs. J’ai mené plusieurs interrogatoires auprès de jeunes; il fallait réussir à obtenir de l’information sans les apeurer. C’est un autre niveau de jeu que je n’avais pas beaucoup exploité dans ma carrière. J’ai vraiment aimé; l’actrice a tripé fort! En dépit de la pandémie, nous avons réussi à offrir de belles séries dramatiques au public.

En quoi es-tu semblable à Stéphanie?
Stéphanie, c’est une capitaine. Dans mon travail, je suis aussi un genre de capitaine. Sur ce plan, je crois que nous nous ressemblons beaucoup.

N’es-tu pas une capitaine partout, même dans ta vie personnelle?
Probablement. Ce n’est pas ce que je vois de moi, mais c’est ce que je projette. Je retiens beaucoup de mon père sur ce plan. Il a du leadership. Je l’ai déjà entendu parler en public: les gens l’écoutaient. C’est un être rassembleur.     

Au fil du temps, on a compris que tu es celle à qui les responsabilités ne font pas peur...
C’est vrai. J’ai commencé à garder des enfants à l’âge de 11 ans. J’ai toujours été responsable, même quand j’étais petite. J’étais mature pour mon âge. Lorsque je suis arrivée à l’UDA, les gens me connaissaient comme actrice. Dix ans plus tard, la présidente a pris le dessus sur l’actrice. Faire passer une cause avant sa carrière et son ego, c’est un exercice. Je suis devenue ce que la vie m’a demandé d’être. Jusqu’à ce jour, je n’avais peut-être pas exploité toutes les qualités dont j’ai dû faire preuve à ce poste, mais j’ai appris à les développer.

Dirais-tu que c’est la même chose dans ta vie de mère?
Dans ma vie de mère, c’est différent. Je ne suis pas seule pour prendre des responsabilités. Nous sommes un couple; nous nous consultons beaucoup. Nous sommes deux et, sincèrement, je suis heureuse que nous soyons ensemble, Charles et moi. Prendre des décisions pour l’avenir de Mathis, ce n’est pas toujours une partie de plaisir...

Comme si tu n’avais pas suffisamment de responsabilités, tu viens de mettre sur pied la fondation Autiste et majeur avec Charles. Pourquoi avoir choisi de vous engager pour la cause?
Ça vient beaucoup de Charles. Le documentaire Autiste bientôt majeur a créé une onde de choc. Les gens ne connaissaient pas cette réalité. Charles était conscient que cela aurait des répercussions positives tant que nous serions en ondes. Mais le jour où nous ne le serions plus, allions-nous revenir à la case départ? La seule manière de poursuivre cette œuvre et d’avoir des répercussions dans notre société, c’était de créer une fondation. Ça s’est imposé. Depuis la désinstitutionnalisation, trop de cas sont laissés à eux-mêmes, sans soutien. Certains n’ont plus de parents pour les aider, d’autres voient leurs problèmes s’aggraver. Plusieurs ne bénéficient d’aucune aide. Ces jeunes ont tous le droit de se développer à la hauteur de leurs capacités, de contribuer à notre société, de se sentir utiles. Quand on met un enfant au monde et qu’on apprend, lorsqu’il a deux ans, qu’il est autiste, il y a une prise en charge du système de santé. Mais cela a une fin. On ferme le dossier lorsque l’enfant a 18 ans, mais il ne cesse pas d’être autiste pour autant. Il faut ajuster la médication, et le jeune adulte peut développer de nouvelles pathologies. Ce n’est pas normal qu’il soit laissé à lui-même. Il doit y avoir une continuité dans les services offerts. Actuellement, il y en a, mais ils ne sont pas suffisamment nombreux. 

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Photo : Bruno Petrozza
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C’est ce qui vous a donné envie, à Charles et toi, d’agir pour assurer la suite des choses...
Oui, et nous avons des gens formidables sur le conseil d’administration, notamment la Dre Dominique Cousineau, qui a posé le diagnostic de Mathis. Elle est encore dans notre vie. Je pense à Marie-Claude Barrette et Mario Dumont, à Michel Cantin de Desjardins, à André Dugal de KPMG... Pour moi, c’est de l’or qu’on soit si bien entourés. Ils sont engagés dans cette cause. Avec eux, nous sommes en train de mettre un projet sur pied, de créer des liens. 

Ce projet vous garde-t-il aussi vivant en tant que couple?
C’est une chose qui nous unit, Charles et moi: nous avons des projets. Nous avons aimé les Îles-de-la-Madeleine, alors nous y avons acheté un terrain. Nous voulons y bâtir une maison. C’est ce qui nous tient en vie. Nous sommes allés en Floride; nous y avons acheté un condo. Nous avons un enfant différent; nous travaillons à améliorer la vie des jeunes autistes. Nous sentons la population derrière nous. Ça nous donne du carburant. Nous sommes gâtés dans notre domaine et, bien malgré nous, nous avons une influence. Nous voulons l’utiliser positivement.

La fondation servira-t-elle à Mathis éventuellement?
Je l’ignore. Nous n’avons pas mis une fondation sur pied juste pour Mathis; nous l’avons fait pour tous les Mathis du Québec. 

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Est-ce inquiétant pour un parent de songer à l’avenir?
C’est sûr que c’est inquiétant... Plusieurs parents se résignent, car leur enfant n’aura plus accès à des services à 21 ans. Personne ne voudrait voir son enfant adulte stagner dans la vie... Il faut leur permettre de continuer à évoluer. 

Avec Charles, as-tu réussi à sécuriser l’avenir de Mathis?
Non, je ne pense pas que j’aurai un jour ce sentiment. Cela me poursuivra toujours... Est-il correct? En ai-je fait assez? J’aurai toujours le sentiment que j’aurais pu en faire plus. Qu’est-ce que l’avenir lui réserve? Qui pourra l’aimer autant que moi? C’est impossible que quelqu’un l’aime autant que moi... 

C’est terrible de devoir se poser toutes ces questions...
Oui, et c’est pour cette raison que les gens continuent de nous appuyer. Ils comprennent ce que nous vivons. Ils nous encouragent. Voir son enfant voler de ses propres ailes, c’est un aboutissement. On retire une fierté de voir que le travail qu’on a fait avec notre enfant a porté ses fruits: il est autonome. Avec un enfant autiste, c’est difficile d’avoir le sentiment d’avoir rempli sa mission. 

Mathis a-t-il des activités au quotidien?
Oui, il va à l’école, il a ses activités. Des gens l’entourent depuis ses 2 ans et 5 mois. Récemment, Charles et moi avions quelque chose au programme. Mathis a soupé chez la mère de son éducatrice. Il est très entouré. Il a son réseau. Des gens l’aiment. Il a une vie en dehors de nous. C’est enrichissant pour lui et pour nous. Mathis est capable de susciter l’amour chez les gens. Parfois, je me dis que c’est peut-être son salut...

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Puisqu’on le connaît, notamment par le biais des réseaux sociaux, crois-tu qu’il contribue à faire avancer la cause?
Je le crois. Mathis est très connu. Les éducatrices nous racontent que des gens le reconnaissent. Et ce n’est pas parce que nous sommes à ses côtés; nous ne sommes pas là! Il ne passe pas sous le radar. C’est une star! (rires)

Que souhaites-tu pour ton fils?
Qu’on lui témoigne de l’amour, de l’amitié, de l’intérêt. Je lui souhaite de faire de belles découvertes, qu’il puisse participer aux activités qu’on lui propose et que cela lui apporte du plaisir. Je lui souhaite une belle évolution, une belle vie d’autiste, une vie réussie.

On a parlé précédemment de responsabilités. D’où te vient cette nature responsable?
Je pense que j’étais déjà adulte à cinq ans... J’ai toujours été débrouillarde. Je me suis toujours organisée toute seule, je n’ai jamais aimé qu’on me dise quoi faire. Je faisais les choses correctement justement pour que personne ne me reprenne. Mon sentiment de liberté est très grand, mais mon sentiment de responsabilité l’est tout autant. J’ai vite compris qu’être libre dans la vie, c’est être responsable. Mon frère était un enfant turbulent qui demandait beaucoup d’attention. Il avait besoin de soutien parental. Moi, j’étais tout le contraire. Même si mon frère était l’aîné, j’étais la plus sage des deux. J’étais une fille gentille, j’avais des notes au-dessus de la moyenne, j’avais un bon comportement à l’école. On n’avait pas besoin de me chicaner: tout allait bien. 

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Cela t’aurait-il permis de devenir la femme que tu es aujourd’hui?
Je crois, oui. Parfois, à l’UDA, ce serait tellement facile de prendre mes cliques et mes claques, mais je ne le fais pas. Ce n’est pas moi. Je partirai éventuellement, mais je ne laisserai tomber personne. 

Es-tu lasse, parfois, d’assumer des responsabilités?
Bien sûr que je suis fatiguée. J’ai toujours su que je ne serais pas à l’UDA pendant 20 ans... Il faut passer le relais et se rappeler que personne n’est irremplaçable. 

Comment résumerais-tu l’année qui vient de s’écouler?
Le premier mot qui me vient à l’esprit pour résumer la dernière année est «éprouvante». Ç’a été une année où nous avons tous appris sur le tas. Il a fallu improviser. En même temps, il y a beaucoup de fierté d’être passée au travers. Il faut arrêter d’être rigide. Il faut accepter de changer, de s’adapter. Ç’a été une année d’adaptation continue. C’est ce que j’ai fait durant toute l’année. 

Tu sembles être une championne dans le domaine...
(Rires) Tant mieux si c’est le cas! Je le prends comme un compliment...      

La dernière de la saison 1 d’Alertes sera présentée ce lundi à 21 h, à TVA. La saison 2 commencera dès le 3 janvier.
On visite la page de la fondation ou on fait un don à fondationautisteetmajeur.com. Parmi les donateurs ayant fait un don d’un million et plus: Québecor et St-Hubert.

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