Maude Guérin a vécu un choc alors que son fils de 18 ans a quitté le nid familial
Michèle Lemieux
Même si le but de l’éducation est de rendre nos enfants autonomes, en tant que parents, nous ne sommes pas toujours prêts à les voir déployer leurs ailes... Le départ du foyer familial d’Edmond, à 18 ans à peine, a été une belle et heureuse étape pour Maude Guérin, mais tout de même marquante dans la vie de la comédienne.
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Maude, on vous retrouve dans votre rôle de Marie-Luce dans 5e rang. C’est un bonheur pour vous?
Oui, j’en suis très heureuse, car c’est une série que les gens aiment beaucoup. Ils se sont attachés aux gens du village, où le crime organisé prend de plus en plus de place. Nous aimons tourner ce projet! En plus, c’est le personnage qui me ressemble le plus jusqu’à présent.
En quoi vous retrouvez-vous en Marie-Luce?
C’est une femme forte, qui prend tout sur ses épaules, qui mène la barque. Je suis un peu comme ça dans la vie... (rires) Plus je le joue et plus je réalise que c’est vraiment moi. Elle est rassembleuse, proche de ses enfants. Elle essaie de garder le fort, elle est toujours en action. Grâce à ce rôle, j’ai reçu un Gémeaux dimanche dernier. Je suis très, très chanceuse. J’ai aussi plusieurs projets de théâtre au programme. La pièce Le loup va enfin reprendre, après une longue interruption. Nous serons à la Cinquième salle de la Place des Arts à l’automne 2022.
Avez-vous traversé une période d’accalmie, compte tenu des circonstances?
Pas vraiment. Avec 5e rang, nous avons été parmi les premiers à recommencer à tourner. Nous ne pensions pas que la pandémie durerait aussi longtemps... Je pense à nos enfants, à nos ados. Je crois que c’est moins difficile pour les petits, qui s’adaptent.
Et vos enfants, comment vivent-ils la pandémie?
Je constate que mon fils est un peu las de cette période. Il a 18 ans, sa blonde a 19 ans.Mes enfants ont été très sages. Parfois, on leur lançait des invitations, et ils les déclinaient d’eux-mêmes. Ils voulaient respecter les consignes. Je les ai trouvés vraiment matures et responsables. Comme je tournais sur de gros plateaux, Edmond ne voulait pas me mettre à risque. Maintenant qu’ils sont en appart, je présume qu’ils font un peu plus la fête, mais ils font quand même attention.
Que votre fils quitte la maison a-t-il marqué une grande étape de votre vie de mère?
Oui, surtout que je ne m’attendais pas à ça. Disons que c’est arrivé plus rapidement que prévu. Il est parti. Ça m’a donné un choc. Vraiment. Ils se cherchaient un appart, je les ai aidés, puis ils en ont trouvé un en mai dernier. Je trouvais que c’était trop tôt... Je leur ai proposé de rester encore un an, même si la proximité était grande. Lorsque mon fils a déménagé, ça n’a pas été facile pour moi.
Parce que votre fils et sa blonde vivaient sous votre toit?
Oui. Il faut dire que j’ai quasiment adopté Isabelle, la blonde de mon fils. Je l’aime d’amour. C’est un peu comme ma fille. Elle étudie en arts visuels, elle est brillante, curieuse. Elle veut faire de la restauration d’œuvres d’art. Nous nous sommes bien entendues, à un point tel qu’une fois arrivée à leur logement avec les boîtes, elle a dit à Edmond qu’ils étaient tellement mieux chez nous... (rires) C’est drôle que ce soit la blonde qui dise ça! Il faut dire que nous nous sommes amusés, nous avons joué à la Wii, fait des casse-têtes. Comme j’aime cuisiner, je lui ai appris plein de choses, et Isabelle cuisine énormément chez eux.
Vous avez donc largement profité de la présence de votre fils avant qu’il prenne son envol...
Oui, ces deux années ont été bénéfiques. Même si Edmond et moi avons une relation soudée, ç’a été agréable de vivre ce rapprochement. Et il y a mon chum, Christian (Vézina), qui habite en bas de chez moi avec son ado qui a une blonde, lui aussi. Nous formions une famille recomposée, mais dans deux appartements.
Quelle organisation magnifique!
C’est vrai. Tout le monde me trouve chanceuse de vivre ainsi. C’est un choix que nous avons fait.
Et votre amoureux, a-t-il beaucoup travaillé malgré la pandémie?
Oui. Il a écrit les textes de l’émission de Pierre-Yves Lord à la Première chaîne de Radio-Canada, pour laquelle je faisais la voix. Nous avons fait ça ensemble, dans un mini-studio chez moi. C’est Edmond qui était technicien. Mon chum a enseigné à des migrants: il leur a donné des ateliers pour leur faire découvrir le Québec. Il a adoré l’expérience! Il a continué Le poète en robe de chambre, mais par Zoom. Il vient d’écrire un magnifique recueil, il attend une réponse des éditeurs.
Avoir un amoureux poète, ce n’est quand même pas banal! C’est vrai...
(rires) Nous nous sommes connus sur scène et nous continuons à faire des projets ensemble. Cette complicité que nous avons à travers les mots est très importante pour nous. Nous sommes d’ailleurs porte-parole des Correspondances d’Eastman. Il y a des rencontres d’auteurs, notamment avec Robert Lalonde, Simon Boulerice, Francine Ruel, Joséphine Bacon et Dominique Fortier, qui vient de remporter le Prix Renaudot pour Les villes de papier.
Vous avez été bien occupés. Avez-vous pu profiter quand même de votre été?
Je tournais, mais nous sommes allés à mon chalet en Mauricie où nous avons passé quelques jours ici et là. Ma mère est rentrée en CHSLD en septembre dernier. Cela aussi a bouleversé notre vie... Chaque fois que je vais à La Tuque, je lui rends visite. C’est ma sœur qui s’en occupait, mais ma mère n’était plus apte à rester à la maison. Pour les personnes âgées, ç’a été une période difficile... Cela nous rappelle de profiter de chaque instant. Notre monde est inquiétant. À travers ce que nous avons vécu, la vie a pris une grande importance...
5e rang est diffusée le mardi à 21 h, à Radio-Canada. Pour connaître la programmation des Correspondances d’Eastman, qui se termine le 26 septembre, allez à lescorrespondances.ca.
