Josélito Michaud révèle comment son nouveau roman l’a réconcilié avec l’écriture

Photo : Julien Faugere

Pascale Wilhelmy

2020-11-15T22:30:00Z

Producteur, animateur, intervieweur... On se demande quel est le secret de Josélito Michaud pour arriver à tout faire et à connaître le succès. Cette fois, c’est à titre d’auteur qu’il s’illustre, avec un nouveau livre finement écrit: Trois mois tout au plus. On y retrouve Olivier, son alter ego, au mitan de sa vie.

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Dans son récit, Dans mes yeux à moi, librement inspiré de sa vie, nous faisions connaissance du petit Olivier, un enfant trimballé d'un foyer à l'autre. Devant le succès de ce livre, une série télévisée a rapidement suivi: Olivier. Dans Trois mois tout au plus, nous retrouvons le personnage d’Olivier à 50 ans, en pleine quête de réponses et d’un sens à sa vie.      

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Josélito, votre livre relate l’histoire d’un fils qui va à la recherche de son père, qu’il n’a jamais rencontré...
Oui. À la fin du premier livre, il finissait enfin par célébrer un de ses anniversaires. On le retrouve donc 32 ans plus tard à Montréal, dans la grande ville dont il a toujours rêvé. On constate qu’il a réussi. Mais dès le lendemain de son anniversaire, il apprend qu’il n’a que trois mois, tout au plus. Bien sûr, ça va bouleverser toute son existence. Maintenant qu'il connaît sa mère biologique et qu'elle lui a révélé des secrets concernant l'identité de son père, il part à sa recherche à New York, même s'il est mort.

Et il le fait dans l'urgence...
Il sait que le temps presse. Cette quête est devenue essentielle. Il veut tout savoir de lui, de la liaison qu’il entretenait secrètement avec sa mère et de sa vie sans lui avec une autre famille. Par ailleurs, Olivier se remet en question, parce qu’il a animé pendant 20 ans une émission de télévision qui connaît du succès et qu’il va se rendre compte que ce métier, c’est parfois éphémère. Peut-être que ça ne l’a pas comblé tant que ça... Que ça ne répare rien de ce qui est brisé en lui.

Dans ce récit, où se trouve Josélito et où se trouve Olivier?
Olivier est mon alter ego. Je pense que je suis capable de m’exprimer à travers lui parce que c’est moins «confrontant», moins difficile pour moi de le faire, quoique... Même si tout est écrit au «je», il reste que c’est Olivier qui s’exprime. Il a le droit de dire certaines choses que moi je ne pourrais pas dire. 

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Donc même si c’est un livre, on peut vous poser certaines questions pour faire des parallèles...
Bien sûr, même s’il faut faire attention pour ne pas mélanger tout le monde! (rires) Mais il y a en effet beaucoup de moi dans ce personnage. Je le porte en moi et ses réflexions sur la vie, l’amour, la paternité, l’abandon, les mensonges, la popularité, ce sont aussi les miennes. Je partage les mêmes. 

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

Avez-vous été à la recherche de votre père biologique?
Oui. Et il vivait à New York. Bon, c’est dit! Olivier, c’est mon deuxième moi. Toutes ces manies qu’il a, toutes ces formes de tocs qui sont liés aux traumatismes de l’enfance, comme de toujours barrer les portes, de toujours vérifier autour de soi, ça ne m’est pas étranger. Sans vouloir distinguer le vrai du faux, ce que je peux affirmer, c’est que ce personnage-là, je le connais beaucoup.

Nous suivons donc son évolution...
Je voulais que ce livre soit une suite sans en être vraiment une. Je voulais pouvoir dire: «Voici Olivier 32 ans plus tard. Ce qu’il est devenu. Ce qu’il recherche.» Je n’avais aucun intérêt à reprendre ce personnage à 18 ans, là où je l’avais laissé. J’ai passé deux ans à essayer de faire ça, et ça ne marchait pas. C’est lorsque j’ai découvert qu’à 50 ans Olivier devenait intéressant que je me suis mis à écrire. Il anime son talk-show de fin de soirée depuis 20 ans et connaît la gloire. Il a de grandes réflexions sur la vie et sur l’engagement professionnel — ce que j’ai eu moi aussi. Il se demande si c’est ce qu’il veut vraiment à l’aube de la vieillesse.

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Olivier est aussi à la recherche de la vérité à travers une kyrielle de mensonges, ceux de sa mère et ceux de son père.
Exactement. Je voulais présenter un homme qui est fatigué de tous ces mensonges répétés sur plusieurs années. Il ne sait plus croire. Tout le monde lui a menti, même sa mère biologique, et il avait besoin d’un peu de vérité dans sa vie. Ce livre, c’est aussi une quête spirituelle. Il souhaite atteindre un état de bien-être avant de partir. Olivier veut être capable de comprendre qui il est. Et la façon qu’il a trouvée pour y parvenir, c’est d’en découvrir davantage sur son père biologique pour se rapprocher de lui, même mort. Au fond, ce qu’il veut, c’est de savoir si cet homme-là l’a aimé. 

Ce livre a-t-il été moins douloureux à écrire que le précédent?
Oui. Ç’a été extraordinaire pour moi! Ce livre m’a réconcilié avec l’écriture. J’ai écrit très différemment pour Dans mes yeux à moi. Mais un livre, c’est particulier. J’avais besoin d’une pause d’écriture pour aller lire au moins 150 livres, pour être capable de me poser la question: à quoi ça ressemble, moi, ce que j’aime lire? J’ai mis le doigt sur ce que j’avais envie de faire, et sur
la manière dont j’avais envie d’écrire. Maintenant, quand j’écris, c’est avec beaucoup de bonheur. Ce livre a été tout sauf laborieux. Pourtant, la moitié du livre s’est écrite en temps de covid! En plus, je travaillais énormément. J’étais en tournage et en montage de ma série documentaire Josélito au cœur du monde. Je travaillais aussi sur la série Le chaos, dont j’ai eu l’idée originale et que je coproduis avec mon ami André Dupuy de chez Amalga, et qui sera sur Club illico en 2021. Ce qui m’a aidé, c’est que je me suis laissé porter par mes personnages. J’ai appris ça de l’écrivain Daniel Pennac lors d’une conférence. Je laissais mes personnages me parler. Je suis content d’y être parvenu. J’ai travaillé et retouché ce livre jusqu’à la fin. Oui, j’étais heureux.

Profitez-vous de chaque petit bonheur, comme le personnage d’Olivier dans Trois mois tout au plus?
C’est intéressant, parce que ce livre a changé quelque chose en moi. Parfois, je fais des thérapies, mais je n’intègre pas tout le temps ce que j’y apprends. Je le comprends d’une façon cérébrale, mais même si j’y réfléchis beaucoup et que ça prend forme dans mon cerveau, je ne digère pas toujours ces informations. Je ne réussis pas toujours à les intégrer. Quand j’ai écrit ce livre, c’est comme si, pour la première fois, j’intégrais tout ça. Il y a quelque chose qui s’est transformé en moi. Le fait de donner la parole à Olivier, alors qu’on lui a toujours demandé de se taire, c’était libérateur. J’avais le goût de l’entendre. Dans ce nouveau livre, Olivier est un adulte assumé, qui a réussi à traverser tout ça. Personne ne va l’obliger à se taire comme dans son enfance. Oui, ce livre a inévitablement changé quelque chose. Il m’a donné envie de poursuivre l’écriture. Quand j’ai eu fini de l’écrire, j’ai tout de suite commencé mon prochain livre. Je n’avais jamais fait ça auparavant. 

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Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

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Voudriez-vous nous parler de la fin du livre, qui évoque le côté éphémère de l’existence?
C’est une réflexion que j’ai depuis longtemps. Quand j’allais en thérapie, quand je vivais des moments difficiles, j’avais une certitude lorsque je me couchais le soir. Je me disais: «N’oublie pas que tout ça t’est prêté.» C’est la même chose pour le succès. Il faut se rappeler qu’il nous est prêté. Je me dis donc: «On te prête quelque chose, utilise-le intelligemment. On t’offre une tribune, arrange-toi pour bien faire.» Je le savais déjà, mais j’en suis encore plus conscient aujourd’hui. Pour la conclusion de ce livre, je me souviens exactement dans quel état j’étais. J’ai écrit ce dernier segment en une heure. Je me disais: «Voilà ce que je comprends de la vie.» Je trouvais que c’était important que ce soit Olivier qui le dise plutôt que moi, parce qu’à la fin du livre, il ne pouvait pas y avoir autre chose qu’une grande réflexion sur la vie. 

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Avez-vous l’impression que vous vivez intensément?
Oui, mais je tends vers un équilibre. On dirait que, pour la première fois de ma vie, je mets de l’ordre dans tout ce que j’ai vécu. Tout est sur la table actuellement, même notre maison que j’aime tant... On vend ou on reste? J’ai le goût de me demander: «De quoi t’as envie? Qu’est-ce que tu veux?» À 55 ans, je suis rendu là. Ma blonde, Véronique, est plus âgée, et elle ne veut plus travailler à ce rythme un peu fou. Elle va avoir 66 ans, même si elle ne les fait pas. Je suis en train de mettre de l’ordre dans ma vie pour qu’on soit bien et heureux. Le temps devient important. Je suis aussi en train de régler mon problème d’hyper-vigilance, parce que ce n’est pas drôle à vivre au quotidien. Cette fois, j’ai pris les grands moyens pour y arriver et les résultats sont impressionnants.

Pensez-vous que ce livre est porteur d’espoir, dans une période où les gens recherchent justement ce type d’œuvre?
C’est un livre très lumineux, même si le ciel est un peu grisâtre sur la couverture. C’est un livre sur un homme de 50 ans qui se retrouve devant un verdict — il ne lui reste que trois mois à vivre — et qui, quelque part, n’en peut plus de la gloire qu’il connaît. Il veut regarder en avant, contempler la montagne, tomber amoureux... Il veut se laisser surprendre par la vie. Oui, c’est porteur d’espoir. Il revoit sa vie de fond en comble. Et c’est bon de tendre du côté de la lumière!      

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Gracieuseté
Gracieuseté

Trois mois tout au plus, des Éditions Libre Expression, est maintenant disponible en librairie.

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