Isabelle Blais a pris soin de son père atteint de la démence à corps de Lewy

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2021-03-22T17:00:00Z

Prendre soin d’un proche, surtout en temps de pandémie, ne va pas de soi. Durant la dernière année, avec un père atteint de démence, Isabelle Blais a été confrontée au meilleur et au pire. Après des séjours dans deux résidences privées différentes, il a finalement pu trouver domicile dans un CHSLD, où il reçoit désormais les soins appropriés pour lui.

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Isabelle, durant la pandémie, plusieurs projets vous ont tenue occupée. Mais vous avez eu aussi à gérer une situation familiale.
Oui. Mon père est malade. Il a été diagnostiqué de la démence à corps de Lewy. J’ai été très présente pour lui, ma sœur aussi. Il vivait dans une résidence privée. Il était isolé, il n’y avait plus d’activités à la résidence, et nous avons vu son état se détériorer un peu. Le manque de stimulation a fait son œuvre. Puis, il y a eu un incident à la résidence, mon père a voulu aider quelqu’un et n’a pas respecté les consignes. Comme conséquence, on l’a enfermé 14 jours dans sa chambre. Nous avons fini par comprendre que sur place, on n’avait pas les ressources pour s’en occuper, alors qu’on nous avait dit le contraire au départ. Puis, à cause d’une mauvaise prescription de médicament, il s’est retrouvé à l’hôpital. 

Est-il retourné à la résidence par la suite?
Des pourparlers étaient déjà engagés: il fallait songer à le placer ailleurs. Nous avons trouvé un autre endroit qui semblait mieux adapté. Erreur. Il a dû faire une quatorzaine dans sa chambre. C’était une roue sans fin. Nous nous en sommes occupés quand même, en respectant toutes les règles. Mon père aurait été brutal envers un préposé qui aurait lui-même été brutal envers lui. Nous ne voulions pas retourner notre père à cet endroit, et on nous a fait comprendre qu’il fallait trouver un autre lieu. Nous avons trouvé un CHSLD, où il n’y a pas eu de cas de covid.      

Et cet endroit convenait pour lui?
Nous avons découvert que c’était le meilleur endroit pour lui. Il y a plus d’encadrement et les gens sont mieux formés. Comme il sortait de l’hôpital, on lui a imposé une autre quatorzaine. On l’a enfermé dans sa chambre, avec une toute petite fenêtre. Mon père ne l’a pas pris et a défoncé la porte. À partir de ce moment, j’en ai parlé dans les médias. Au CHSLD, on s’est finalement excusé. Aujourd’hui, je peux dire que c’est le meilleur endroit pour lui. Les gens sont gentils. C’est bien géré, par des gens compétents. Au moins, nous savons qu’il est bien traité... Actuellement, je ne peux pas le voir, car les patients n’ont droit qu’à deux aidants naturels. C’est donc la copine de mon père et ma sœur qui le visitent. 

Par ailleurs, la pandémie vous a-t-elle aussi ramenée à l’insécurité du métier?
Oui, vraiment. J’ai tout remis en question. Je comprends qu’il faut se réinventer, mais ce n’est plus la même chose. Les captations et les rencontres Zoom, ce n’est pas pareil. Ça m’a forcée à me questionner. Ce sont les contacts qui nous ont manqué. En tant qu’humain, c’est un besoin fondamental. 

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Malgré la situation, vous avez eu plusieurs projets, dont Faits divers et Bête noire?
Je ne m’attendais pas à tourner autant. Dans Faits divers, Constance est la fille «normale» à laquelle les gens s’identifient dans cet univers vraiment fou. Je suis aussi de Bête noire qui nous amène dans un autre registre. Je joue la mère d’un adolescent de 16 ans qui commet l’irréparable: il tue six élèves dans une école et se donne la mort. 

Photo : Serge Gauvin
Photo : Serge Gauvin

Photo : Lou Scamble
Photo : Lou Scamble


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Comment l’avez-vous envisagé, ce rôle?
Je trouve qu’avec la pandémie, il faut aborder la question de la santé mentale. Tout le monde s’est senti isolé, surtout les jeunes. Cette situation les frappe encore plus. Souvent, on est portés à juger les parents, mais ce sont des gens «normaux» qui ont fait leur possible. C’est normal de s’éloigner de ses parents à l’adolescence, mais à force de s’isoler, on perd le contact. Je pense que ça peut faire réfléchir. Ç’a été un tournage éprouvant physiquement et émotivement, car mon personnage vit avec une tragédie innommable. Comme je suis mère d’un garçon, je ne voulais pas aller là dans ma tête, mais ça fait partie du bagage dans lequel j’allais puiser pour imaginer la douleur de la mère. Ç’a été un beau défi!

Certains de vos projets ont-ils été annulés ou reportés?
Surtout les projets de musique avec Comme dans un film. Certains se sont tenus virtuellement. Nous avions une tournée prévue en Belgique. Elle est reportée à octobre, mais nous ignorons si ce sera possible d’y aller. Ç’a été un peu fou sur le plan professionnel, mais depuis décembre, c’est plus relax. J’ai eu plus de temps pour moi. Je suis en train d’écrire un scénario.

Vous avez la chance d’être confinée avec votre musicien préféré...
(Sourire) Oui. Pierre-Luc (Brillant, qui est aussi acteur) a un projet de musique néo-classique à la guitare. Le confinement n’a pas changé grand-chose dans notre vie de couple. Nous passons par des périodes où nous sommes beaucoup ensemble et nous travaillons souvent de la maison. J’ai fait beaucoup de ski de fond. Ça m’a fait du bien. J’ai passé beaucoup de temps dans notre chalet. Comme j’ai une garde partagée, je revenais pour mon fils qui va à l’école en ville, mais dès que je le pouvais, je quittais Montréal. 

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Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

Votre fils s’est-il bien adapté à la pandémie?
Oui, à 12 ans, il s’adapte. Ce n’est pas un adolescent. Devoir vivre cette situation à l’adolescence ou jeune adulte, ça doit être terrible...      

Ne manquez pas la finale de Faits divers, lundi 21 h, à Radio-Canada.
Dès le mercredi 31 mars, à 20 h, Isabelle sera en vedette dans
Bête noire sur Séries Plus.
On peut écouter la musique du groupe Comme dans un film, qu’elle forme avec son conjoint, Pierre-Luc Brillant, et d’autres musiciens, sur diverses plateformes ou au
commedansunfilm.com.


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