Brigitte Paquette considère son rôle dans District 31 comme un véritable cadeau

Photo : Dominic Gouin

Daniel Daignault

2021-04-13T17:00:00Z

«Ah qu’on aime vous haïr, vous!» Ce commentaire, la comédienne Brigitte Paquette l’a souvent entendu depuis qu’elle défend le personnage de Mélissa Corbeil dans District 31. Un rôle en or pour l’interprète qui avoue avoir traversé un creux de vague, il y a quelques années, qui l’a amenée à se tourner vers un autre métier.

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Brigitte, dans quelles circonstances avez- vous obtenu ce rôle?
J’ai participé à l’émission spéciale consacrée à Luc Dionne aux Enfants de la télé, pour Omertà, et Luc avait dit en ondes que ça n’avait pas de bon sens qu’on ne me voie plus dans des téléromans... Trois jours plus tard, j’ai reçu un texto: Luc m’offrait un rôle dans District 31. Il m’a demandé de passer chez lui et la première chose qu’il m’a dite a été: «Tu vas te faire haïr!» Ça ne me dérangeait pas, j’aimais mieux ça que l’indifférence. Mélissa est droite, elle se bat pour la justice, elle est la police de la police et n’accepte pas que les policiers soient corrompus. C’est ma ligne directrice et c’est à ça que Luc me ramène tout le temps.      

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Saviez-vous quelle importance votre rôle allait prendre?
Non, je pense que District 31, c’est toujours comme une surprise, on ne sait pas si le personnage va partir ou revenir. Cette année, Luc m’a appelée pour me demander si je voulais revenir l’an prochain parce qu’il avait des idées et je lui ai répondu: «C’est sûr!» Au départ, je ne savais pas si c’était pour 5 ou 10 épisodes, six mois ou un an, et ça fait maintenant presque deux ans.

Vous avez pu constater que Mélissa Corbeil ne laissait personne indifférent?
Ce que j’ai trouvé drôle, et qui m’a un peu sécurisée, a été la diffusion du dernier épisode l’an dernier, dans lequel Mélissa entend pour la première fois l’aveu de Chiasson. On était en pleine pandémie et je me disais que Mélissa Corbeil était très contente d’aller faire son marché avec son masque! Souvent, les gens me regardaient et ils n’étaient pas sûrs si c’était moi. Je suis allée faire vacciner ma mère récemment, et une femme m’a reconnue. Elle m’a dit: «Je reconnais vos yeux!» On me dit souvent: «On aime vous haïr!» Les tournages de District 31 se sont terminés en mars, et j’ai eu l’occasion de faire une belle scène... qui va surprendre les gens!      

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Le genre de scène qui va faire en sorte qu’on va vous en parler tout l’été?
Oui, et c’est tripant de vivre ça! La seule chose que j’ai arrêté de faire est d’aller sur les réseaux sociaux. J’y allais parfois après la diffusion de l’émission, et j’ai lu des choses qui n’étaient pas l’fun. Ça manquait parfois de respect, ça débordait du cadre du personnage. C’est la première fois que je participe à une émission à l’ère des réseaux sociaux, et j’ai décidé de me protéger et de ne plus lire ce qui s’y écrit. 

Vous avez une longue feuille de route, on peut même dire que vous avez participé à beaucoup de séries télévisées, dont Omertà, Les poupées russes, O’, etc.
J’en ai fait pas mal, mais je n’en ai pas fait pendant longtemps. J’ai eu un gros trou dans ma carrière après avoir fait Les poupées russes, soit pendant presque 10 ans.      

Étiez-vous découragée?
À un moment donné, oui, alors je suis retournée à l’école et je suis maintenant agente d’immeuble. Je vends des maisons depuis sept ans, je suis très contente et la dernière année a été bonne. Cela dit, j’ai vécu un gros deuil dans mon métier. Il y a des concepts de la carrière que je voulais et que j’ai laissés aller parce que je voyais que ça n’arrivait pas. J’étais dans la cinquantaine à l’époque, et je me disais: «Arrête de rêver, ça ne sera pas ce que tu aurais voulu.» J’aurais aimé travailler tout le temps, avoir une régularité, être désirée constamment. Ce n’était pas ça, et je l’ai accepté. Je suis passée à autre chose, et quand District 31 est arrivée, je l’ai pris comme un cadeau. Je ne le conçois pas comme un renouvellement ou un nouveau départ. 

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Vous n’avez pas pensé «ça y est, ma carrière vient de repartir»?
Non, je vois bien qu’à mon âge, on ne passe pas 15 auditions par année, parce qu’il n’y a pas assez de rôles. Des rôles de femmes de 50 ou 60 ans, il n’y en a pas tant que ça. Je m’implique, je fais mon travail, mon métier est toujours là, mes connaissances et mon expérience aussi. Quand ça va être fini et qu’il n’y aura rien d’autre, je ne retomberai pas là où je suis allée avant. Je vis en ce moment une super belle période, j’aime ça, je trouve ça le fun. Mon personnage est quelque chose! Mélissa Corbeil a de la drive, elle est forte, elle confronte l’autorité, je suis hyper gâtée avec ce rôle-là. Quand la pandémie est arrivée, je voyais tous mes amis acteurs, ceux qui font du théâtre et qui ne vivent que de ça, ou presque, et qui sont dévoués à leur métier, et je me suis alors trouvée tellement chanceuse d’avoir un travail pour vivre et pour m’occuper l’esprit! Je suis l’une des hyper chanceuses. J’ai travaillé comme je n’ai jamais travaillé de ma vie, avec District 31 et ma carrière en immobilier.

Comment en êtes-vous venue à décider de vous inscrire à un cours de courtière immobilière?
Le déclencheur a été que j’ai des amies actrices qui sont devenues courtières immobilières. Je les voyais aller. Il y en a une qui venait de s’acheter une auto, une autre qui venait d’acheter un condo... Moi, je les regardais aller, avec mes petits REER, et je me disais que ça n’avait aucun sens. J’ai été élevée dans le milieu de l’immobilier, mon père est évaluateur agréé et ma sœur a été courtière pendant quelques années. Ce n’était donc pas un milieu qui m’était complètement inconnu. J’ai décidé d’essayer, je n’avais rien à perdre. Ç’a été excessivement difficile les premières années, d’abord pour les études, parce que je n’avais pas fait de mathématiques depuis ma troisième secondaire. Les examens pour être courtier, c’est l’affaire la plus stressante que j’ai vécue dans ma vie, et quand j’ai tout réussi, j’étais vraiment fière. Après ça, il faut entrer dans le métier, parce que faire les études et exercer le métier, ce sont deux choses. C’est comme faire l’école de théâtre et jouer dans un film. 

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Votre période d’apprentissage s’est bien passée?
Il a fallu que j’apprenne et que je fasse des erreurs; c’est un métier qui est très difficile, dans la mesure où il y a tout le temps des nouveautés. Il faut être à l’affût des nouvelles règles et des nouveaux règlements, sinon on se fait taper sur les doigts. On ne peut pas faire d’erreur, on peut se faire poursuivre pour un oui ou pour un non. C’était stressant, c’était toute une adaptation pour moi. Ça fait maintenant sept ans et je peux dire que je me sens à l’aise. J’aime ce que je fais, j’ai des amis dans ce milieu, des gens qui me conseillent; je suis bien entourée. 

Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin


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Vous parliez des rêves que vous avez laissé tomber. Quel était votre rêve ultime?
J’aurais voulu faire du cinéma, aller à Cannes. Dans le fond, c’est le rêve de toutes les actrices. Aussi, je comprenais qu’entre deux projets, il pouvait y avoir des temps morts, des périodes d’attente, mais ça faisait sept ans que je n’étais plus là. J’ai accepté l’idée de faire autre chose et, finalement, ç’a été un cadeau, parce que j’ai découvert qui je suis. J’ai découvert mon potentiel à un autre niveau, ma détermination, ma résilience. Ça, pour moi, c’était mon chemin de vie.

Votre vie sentimentale se porte toujours aussi bien?
Oui, je suis toujours avec Frank (Schorpion, le comédien), ça fait 31 ans. Ma fille, Charlotte (Le Bon, actrice et animatrice qui a fait carrière en France), est plus souvent au Québec, elle va réaliser un film cet été. La vie familiale est plus riche parce que, pendant des années, Charlotte n’était pas là, et c’était difficile. Tout ça en même temps, ça faisait beaucoup de deuils à gérer, et j’ai aussi perdu mon père à travers tout ça.

Aimeriez-vous jouer avec votre fille?
Ah oui! Ça, j’aimerais beaucoup, et Charlotte le sait. Elle m’a dit: «Maman, tu vas voir, on va jouer ensemble ou bien je vais te faire jouer dans mes films.» C’est sûr que ça va arriver.      

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District 31, du lundi au jeudi 19 h, à Radio-Canada.

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