Sonia Benezra se lance dans la mode

Photo : Bruno Petrozza

Michèle Lemieux

2022-06-21T04:00:00Z

Passionnée de mode, Sonia Benezra a récemment lancé une collection de manteaux signée Karma. Cette idée, qui a germé en pleine pandémie, visait à lui remonter le moral. À travers ces pièces, Sonia rend hommage à l’auteure de ses jours, cette mère adorée dotée de doigts de fée qui lui a transmis sa passion pour la couture. Une maman dont elle prend toujours grand soin, jour après jour...

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Sonia, vous nous présentez une collection de manteaux fort originale. Comment cette collection a-t-elle vu le jour?
Gaby (le propriétaire de la boutique Karma) et moi en avons discuté et nous l’avons fait, tout simplement, sans trop analyser, réfléchir ou nous questionner. C’est ainsi que la collection de manteaux est née. La réaction du public est excellente! J’aimerais que ce soit une ligne vendue dans le monde entier. Déjà, à travers le Canada, l’accueil est enthousiaste. Ce n’est pas la première fois que nous travaillons ensemble, lui et moi. Il y a plusieurs années, nous avions travaillé ensemble durant une période très difficile pour lui et pour moi. Sa mère était malade, la mienne aussi. Entre-temps, il a perdu sa maman et moi, je continue à prendre soin de la mienne. Il y a un lien entre nous. 

Ce projet a-t-il vu le jour durant la pandémie?
Oui. Nous avions envie d’un projet qui fait du bien, qui remonte le moral. On dirait qu’avec la pandémie, bien des choses ont changé... et pas toujours pour le mieux. On n’a plus de temps à perdre. Il faut travailler fort pour renouer avec de bonnes énergies. Le fait de travailler avec la couleur m’a fait du bien. La base de mes vêtements est noire, mais j’aime oser. Ces manteaux se portent tant au printemps qu’à l’automne. Ce sont des pièces uniques, indémodables, artistiques. La réaction est si bonne que nous allons offrir plus de tailles et de longueurs. Nous avons déjà une douzaine de modèles. Je suis heureuse de travailler avec quelqu’un qui connaît le métier et le milieu depuis des années. Karma, c’est une entreprise montréalaise. Le design des manteaux est fait à Montréal, mais ceux-ci sont confectionnés en Italie. 

La mode est un domaine qui vous a toujours attirée, si je ne m’abuse?
Effectivement. Si je n’avais pas fait carrière en télévision, j’aurais sûrement fait quelque chose dans la mode. Je suis née et j’ai grandi là-dedans. Ma mère a été dessinatrice de mode pendant 50 ans. Notre sous-sol était encombré de rouleaux de tissu, de mannequins. Ma mère avait une machine à coudre industrielle. J’ai toujours fait des vêtements. Un jour, j’ai même fait un bustier pour un gala. Ma mère m’avait appelée pour me dire qu’elle avait a-do-ré mon vêtement! Je lui ai demandé si elle avait reconnu le tissu... C’était une housse de coussin en velours noir avec des miroirs qui traînait sur mon divan! Ce soir-là, tout le monde m’avait demandé où j’avais pris mon bustier... (rires) Depuis, c’est devenu une anecdote mémorable! 

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Sonia avec sa mère en 2013, lors du lancement de sa ligne de vêtements.
Sonia avec sa mère en 2013, lors du lancement de sa ligne de vêtements. Photo : Julien Faugère


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Vous avez quand même hérité du talent de votre mère...
Oui, mais malheureusement, ma mère n’a pas voulu nous apprendre à coudre. Aujourd’hui, c’est très cool, mais à l’époque où ma mère en faisait, c’était considéré comme un travail d’immigrant. Pourtant, ça prend un talent artistique indéniable pour faire de la couture. C’est tellement important de savoir faire des choses de nos mains. Je réussis quand même à coudre à la main et j’adore ça! Je change parfois des détails sur mes vêtements. La mode me rend heureuse, c’est une thérapie pour moi. 

Pourquoi dites-vous cela?
Aimer autant les vêtements, c’est parfois dangereux... (sourire) Je ne suis pas obligée d’acheter, car j’aime aussi magasiner pour les autres. Je le fais pour ma meilleure amie et mes sœurs. Je peux même acheter des vêtements pour ma famille en Israël. Je connais les tailles et les grandeurs de tout le monde! J’aime ça! J’ai une garde-robe imposante. J’ai beaucoup de vêtements rassemblés dans une pièce et je sais où sont mes choses. Il y a eu un temps où je faisais 210 émissions par année... J’ai conservé beaucoup de morceaux de cette époque. Quand tu achètes des chaussures Chanel, tu les gardes!

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Vous avez un lien sentimental avec vos vêtements? Vous savez où vous les avez portés et dans quel contexte?
Oui, et ce n’est pas bon. Il faut lâcher prise, mais je ne suis pas rendue là. Je commence à me débarrasser de certains vêtements. Je donne des choses à mes nièces et aux blondes de mes neveux. Ils savent où aller avant de partir magasiner, et ça me fait plaisir de partager. Alors les manteaux sont nés d’une véritable passion et je suis heureuse de les proposer au grand public. Ma mère est contente du résultat. Elle qui a cousu toute sa vie n’est plus en mesure de voir comme avant. Sa vision a beaucoup baissé... 

Voit-elle un peu d’elle dans votre projet?
Ma mère ne s’attribue jamais de crédit pour rien. C’est une des raisons pour lesquelles on l’aime tant... Je ne sais pas si elle se rend compte de tout ce qu’elle a fait pour nous. Ma mère, c’est un cadeau du ciel! Cela dit, sa santé ne s’améliore pas... 

Vous chérissez chaque moment auprès d’elle?
Chaque minute, chaque photo, chaque souvenir, chaque baiser, chaque instant sont importants. Je ne veux pas revenir là-dessus, mais c’est vraiment ma vie! 

Ce que vous vivez, plusieurs le vivent aussi.
Oui, et parfois même en silence. Il faut en parler pour faire changer les choses. Il doit y avoir un statut pour les proches aidants. Il y a des congés de maternité, de paternité, etc., mais pas pour les proches aidants, alors que nous permettons au gouvernement d’épargner beaucoup d’argent. Il y a beaucoup d’améliorations à faire. En tant que société, nous devons changer nos priorités. Cette année, 40 personnes se sont suicidées dans les CHSLD... Ça m’a bouleversée d’apprendre ça!

Votre mère se sent-elle privilégiée de pouvoir vivre ces moments avec vous?
Elle parle très peu. Récemment, elle m’a dit, en prenant mon visage dans ses mains: «Mon Dieu que tu es gentille...» Ce n’était qu’une petite phrase, mais je savais tout ce que cela voulait dire. Nous, les quatre filles, nous avons chacune notre talent. Moi, j’aime préparer de belles assiettes pour ma mère. 

Nos remerciements à la boutique Karma, rue Chabanel à Montréal, où la séance photos a été réalisée.
Nos remerciements à la boutique Karma, rue Chabanel à Montréal, où la séance photos a été réalisée. Photo : Bruno Petrozza

Sonia, prenez-vous le temps de vous ressourcer?
Depuis environ huit ou neuf mois, je vais au gym tous les jours, ou presque. Je fais 40 minutes de cardio. Je ne suis pas une fille sportive de nature. Toute ma vie, j’ai évité les souliers de course, mais j’en transporte maintenant dans ma voiture... C’est trop confortable! (rires) Parfois, je me lève et je doute de pouvoir être capable de m’entraîner. Je mets alors mon ensemble et je pars pour le gym. Je suis fière de moi. C’est quelque chose que je ne pensais pas vouloir ni même pouvoir faire. 

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Pourtant, compte tenu des circonstances, c’est essentiel de vous accorder du temps.
C’est la dernière chose sur ma liste... Souvent, on prend tellement soin de la santé d’une personne que la nôtre est négligée. C’est ce que je me rappelle et que je rappelle aux autres. Mon passe-temps préféré, c’est de regarder de vieux films avec ma mère. Comme elle voit mal, je reste à côté d’elle pour décrire ce qui se passe. À travers tout cela, j’ai vraiment appris à prendre soin d’elle. Tout ce qui compte, c’est l’amour... 

Sonia, en terminant, avez-vous d’autres projets?
Oui, je collabore à Bonsoir bonsoir! J’aime beaucoup Jean-Philippe Wautier. Lorsqu’il m’a vue débarquer avec mon manteau Love, il a capoté! Il l’a essayé et l’a tellement aimé que je le lui ai offert... (rires) Même les hommes veulent le porter! 

On peut découvrir les produits de Sonia sur la page Facebook de la boutique Karma ou directement sur place, à Montréal.
On peut suivre ses projets sur son site:
soniabenezra.com.
Bonsoir bonsoir!, du lundi au jeudi 21 h à Radio-Canada.

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