Tout sur l’histoire d’amour improbable entre Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon

Avide de connaissances, de découvertes et de nouvelles expériences, Marie-Soleil Tougas vit sa vie à fond. De 12 ans son aîné, le réalisateur Jean-Claude Lauzon a ce même appétit dévorant. Malgré des personnalités aux antipodes, et à travers mille écueils, ils tissent une relation amoureuse fragile, mais sincère. À l'abri des regards, ils vivront leur amour envers et contre tous. Jusqu'à la fin.

• À lire aussi: Voyez les premières images bouleversantes du nouveau documentaire sur Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon

En 1985, et à seulement 32 ans, Jean-Claude Lauzon a déjà réalisé une foule de campagnes publicitaires pour la télévision, dont certaines sont mémorables. Cette année-là, il tourne une série de publicités prônant l’usage du condom ayant pour thème «L’amour, ça se protège», pour le compte du ministère de la Santé et des Services sociaux. Carl Marotte, qui vient d’être révélé à travers Lance et compte, fait partie de l’une d’elles. Une autre met en vedette une jeune comédienne d’à peine 16 ans, avec qui Lauzon travaille pour la première fois. Malgré la différence d’âge, Marie-Soleil Tougas lui plaît.      

Tout au long de la journée, le réalisateur est impressionné par la maturité et la détermination de l’adolescente, en même temps qu’il est troublé par son jeune âge. Dans le livre Marie-Soleil, paru aux Éditions Stanké, l’auteure, Louise Bourbonnais, rapporte qu’à la fin du tournage il confie à Serges Tougas qu’il a un œil sur sa fille. «Tu t’en approches, et je t’assassine», rétorque-t-il. Frondeur, Lauzon ne s’empêche pas de lancer à Marie-Soleil: «Reviens me voir quand tu auras 18 ans!» 

Ces échanges ne donnent pas la juste perspective de la dynamique entre Marie-Soleil et Jean-Claude. De son côté, l’adolescente n’est pas indifférente au charme de Lauzon, qui a la réputation d’être un tombeur. Selon des personnes présentes sur le plateau, elle manifeste même son intérêt de différentes façons. 

Au cours des jours qui suivent, ils se côtoient pour les besoins de la postproduction du message publicitaire. Puis, ils se revoient à l’occasion sur une base amicale. Les années s’écoulent, et après avoir fréquenté Alain Choquette, Marie-Soleil a 24 ans lorsqu’elle revoit le réalisateur, par hasard, dans un restaurant. Nous sommes en 1994. C’est à ce moment que leur histoire d’amour prend forme.      

• À lire aussi: Gaston Lepage toujours marqué par le départ de Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon

LE CHAT ET LA SOURIS
Auprès du public, la jeune comédienne a une image impeccable, que son implication dans Opération Enfant Soleil magnifie. Celle du réalisateur est tout autre. Lauzon est un loup solitaire au caractère bouillant et imprévisible qui ne prend pas de détours pour dire sa façon de penser. Il a un côté voyou assumé qui frise la délinquance. Dans l’émission Biographie, diffusée à Canal D, Gaston Lepage est d’une franchise absolue: «Jean-Claude était un gars assez égoïste. Je me permets de le dire parce que c’était mon meilleur ami. Marie-Soleil était exactement le contraire.» De l’extérieur, cette relation est au mieux anachronique, et au pire, vouée à l’échec, mais la jeune femme a un côté mère Teresa. Dans Biographie, Louise Bourbonnais fait remarquer: «Elle disait qu’elle devait avoir un défi, qu’il devait même y avoir quelque chose à changer chez la personne, sinon elle s’ennuyait. Avec Jean-Claude, elle a été servie à souhait.» 

Marie-Soleil a vu neiger, et elle sait comment négocier avec une telle personnalité, son premier amoureux, Nicolas, ayant des traits communs avec Jean-Claude. Irrésistiblement attirée par lui, elle sait qu’elle doit lui laisser toute la liberté qu’il réclame si elle veut qu’il se rapproche d’elle. Ainsi, elle sait s’éclipser au moment opportun, avant qu’il ne le lui fasse savoir sans mettre de gants blancs. Oui, il est brusque et peut être brutal dans sa façon de dire les choses. En même temps, il admire le fait que la jeune femme soit indépendante et qu’elle s’organise parfaitement bien sans l’aide de personne. Toutefois, de là à le lui dire... 

De manière générale, Lauzon est incapable d’exprimer ses sentiments envers elle ou de lui donner des signes d’affection. Elle en souffrira durant la majeure partie de leur relation. En confiant à un ami du couple qu’elle doute même qu’il l’aime, elle comprend que cette indifférence est une façon pour lui de se protéger et d’éviter d’être blessé. Cela dit, il ne semble baisser la garde que longtemps après le début de leur relation. Dans Biographie, la mère de Marie-Soleil, Micheline Bégin, fait valoir: «J’avais le sentiment que, tranquillement, il développait une espèce de respect pour Marie-Soleil qu’il n’avait pas au début. Au début, il l’aimait pour lui. À la fin, il l’aimait pour elle.» 

• À lire aussi: Ému, Gregory Charles revient sur l'impact de Marie-Soleil Tougas sur sa carrière

SON «PAS CHUM»
Jean-Claude Lauzon, un être aussi asocial qu’amoureux de la nature, habite à Sutton, loin de la cacophonie de la ville. Les fins de semaine, Marie-Soleil s’y rend régulièrement. Elle sait ce qui est sacré pour lui et quelles sont ses passions, qu’il pratique avec sa bande d’amis. Si elle l’en détachait, leur relation se dégraderait. Elle s’intéresse alors à la chasse et à la pêche. En 1996, elle entreprend de passer sa licence de pilote. Elle est rompue aux activités fortes en sensations, elle qui, dès l’époque des Débrouillards, s’aventurait en montgolfière, en parachute ou en équipement de plongée. Avec Gaston Lepage, elle s’est également envolée en deltaplane. Et que dire de son aventure à Fort Boyard! Elle est donc aguerrie pour accompagner celui qu’elle appelle son «pas chum» dans certaines de ses «activités de gars». Toutefois, elle doit faire des compromis pour préserver ce qu’il y a entre eux. Gaston Lepage l’exprime ainsi: «C’est sûr qu’il l’aimait, mais il n’aimait pas juste elle, et ça, il tenait à nous le faire comprendre, et à le lui faire comprendre, aussi. Qu’elle le comprenne ou pas, c’était comme ça. C’est sûrement ce qui a créé beaucoup de frictions entre eux, mais quand il partait avec elle pour de longs voyages, il s’occupait d’elle comme l’ours s’occupe de ses petits. C’était une mère poule comme on en voit rarement.» Pourtant, périodiquement, malgré les efforts de la jeune femme, et même avec la meilleure volonté du monde, elle remet sérieusement en question cette relation. Toujours, ils reviennent ensemble, cependant. 

• À lire aussi: Le frère de Marie-Soleil Tougas revient sur la mort tragique de sa soeur

UNE DERNIÈRE CHANCE
Guy Fournier, un ami intime de l’un et de l’autre, est témoin de toutes ces tergiversations, de tous ces déchirements. Le 8 août 2012, dans sa chronique du Journal de Montréal, il écrit: «En juin (1997), après la dernière répétition d’Ent’Cadieux, j’ai mangé avec Marie-Soleil. Elle venait de reprendre la vie commune avec Jean-Claude pour la énième fois. Leurs amours n’étaient jamais reposantes. Même si j’aimais Jean-Claude comme un fils, j’ai conseillé à quelques reprises à Marie-Soleil de mettre fin à leur relation.» Cette fois encore, la jeune femme préfère écouter son cœur plutôt que les conseils de son confident. Aussi donne-t-elle une nouvelle chance à son «pas chum», qui lui offre de passer ses vacances d’été avec lui. Marie-Soleil est enchantée par cette proposition, d’autant plus que Jean-Claude semble sincèrement avoir la volonté de passer du bon temps avec elle. Elle accepte. Guy Fournier n’est pas chaud à l’idée qu’elle prenne encore le risque de se faire blesser. Tout au plus parvient-il à lui soutirer un compromis. Avant de partir en voyage, elle lui donnera un ultimatum: s’il ne change pas d’attitude avec elle, ce sera la fin, une fois pour toutes. Le rebelle accepte.

Les vacances du couple prévoient d’abord une semaine de pêche au saumon. Tout se passe merveilleusement bien. Enfin! Marie-Soleil commence à toucher ce à quoi elle aspire depuis trois ans. De retour à la maison, elle pense déjà à la prochaine expédition, qu’ils feront dans quelques jours. 

DE BONNES NOUVELLES!
Jean-Claude et son ami Gaston Lepage possèdent un chalet en Haute-Mauricie, près du barrage Gouin. Le 7 août 1997, ce dernier s’y rend avec son inséparable ami Patrice L’Ecuyer. Ils sont bientôt rejoints par le couple, qui s’y rend à bord du Cessna piloté par Lauzon. La conjointe de Gaston, Louise Laparé, passe quelque temps avec eux au chalet. À son retour, elle donne un coup de fil à Guy Fournier. 

Vingt ans plus tard, dans une chronique qu’il signe le 10 août 2017 dans le Journal de Montréal, il se souvient: «Elle m’a dit que Marie-Soleil ne lui avait jamais paru aussi heureuse.» Et Jean-Claude? «Il n’avait jamais été aussi gentil avec elle.»

Le magazine spécial 25 ans sur Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon est disponible dès maintenant au jemegazine.ca.

Le documentaire Marie-Soleil et Jean-Claude: Au-delà des étoiles est disponible sur la plateforme Vrai.