Joannie Rochette dans un documentaire sur les côtés sombres du patinage artistique

Disponible sur Club illico

Joël Lemay / Agence QMI

Marie-Hélène Goulet

2021-05-11T15:39:05Z

Le patinage artistique est un sport magnifique qui allie d’incroyables prouesses techniques à des talents d’interprétation qui font rêver. Derrière les pirouettes et les paillettes, plusieurs éléments sombres viennent toutefois gâcher la vie de certains patineurs. Le documentaire Pression brise la glace afin de dénoncer cette réalité.

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Puisqu'elle a été une patineuse artistique jusqu’à l’adolescence, la journaliste Marie-Christine Noël, du bureau d’enquête du Journal de Montréal, nous propose un documentaire né d’une quête personnelle. Elle s’est en effet sentie interpellée lorsque les dérapages de certaines disciplines, comme la gymnastique et la nage synchronisée, ont éclaboussé les médias au cours des derniers mois. 

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«Ça m’a rappelé le patin. Même si je n’avais pas l’étoffe d’une olympienne, j’ai senti une certaine pression malsaine à cause des standards imposés. J’ai voulu savoir comment les patineurs de l’élite vivaient avec ça», explique-t-elle. Aux côtés de la réalisatrice Ninon Pednault, la journaliste a alors interrogé six patineurs d’exception, dont Joannie Rochette, Cynthia Phaneuf et Shawn Sawyer, afin de connaître leur opinion sur les errances de leur sport.      

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Parler pour changer les choses

Même si l’omerta règne depuis des années dans les coulisses du patinage artistique, Marie-Christine et Ninon n’ont étonnamment pas eu de difficultés à convaincre les patineurs de se confier à elles. «Je ne suis pas certaine qu’ils auraient parlé ainsi il y a deux ou trois ans, mais j’ai senti un ras-le-bol chez eux, affirme Marie-Christine. Pendant toute leur carrière, on leur a dit de se taire pour éviter de froisser l’organisation, mais quand ils ont vu ce qui était sorti sur d’autres sports, ils ont décidé de parler à leur tour pour faire avancer le leur et protéger de futurs patineurs.» 

Les troubles alimentaires, les relations toxiques entre protégés et entraîneurs et les montants d’argent faramineux investis pour plaire sont au cœur des témoignages des athlètes. Leurs propos parfois très sombres contrastent avec la légèreté de leurs mouvements sur la glace, magnifiquement captés par Ninon Pednault. C’est triste d’entendre la double championne canadienne senior Cynthia Phaneuf affirmer: «Je ne veux pas qu’elles patinent, mes filles! Je ne veux pas qu’elles aient les mêmes démons que j’ai eus. Je rentre dans un aréna et j’ai un mal-être.» Les remarques insidieuses et constantes sur le poids des athlètes ne sont pas étrangères à ce malaise. Jessica Dubé confie d’ailleurs avec beaucoup de courage qu’elle est devenue boulimique sans que sa famille s’en aperçoive, car les athlètes sont souvent très jeunes quand ils sont séparés des leurs. Et cette obsession de la minceur ne touche pas seulement les jeunes filles: à une époque, Shawn Sawyer se pesait trois fois par jour avant de noter son poids dans un cahier où il inventoriait également le peu d’aliments qu’il ingurgitait. 

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Joël Lemay / Agence QMI
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En finir avec la souffrance
Les blessures psychologiques de certains patineurs s’ajoutent à d’autres, bien physiques, causées par les nombreuses chutes sans protection subies au fil des entraînements. Julianne Séguin, qui a patiné aux Jeux olympiques de Pyeongchang, est grandement hypothéquée. Après avoir subi trois commotions cérébrales sans guérison adéquate, la jeune femme de 24 ans a encore des nausées sept jours sur sept. Le mouvement de ses yeux l’étourdit tellement qu’elle doit habiter chez ses parents, puisqu’elle est incapable de prendre soin d’elle-même. «On a toujours l’impression qu’il faut que ça fasse mal, qu’il faut souffrir pour réussir, alors que ce n’est pas vrai. On n’est pas obligé de détruire un athlète en le faisant patiner blessé ou en lui faisant constamment des commentaires sur son physique pour arriver à de bons résultats», précise la réalisatrice Ninon Pednault. 

Marie-Christine et Ninon ont, par ailleurs, pris la peine de démontrer que des solutions existent pour contrer ce système malveillant et démodé. Elles mettent notamment en lumière le travail de Marie-France Dubreuil et Patrice Lozon, qui forment des champions mondiaux dans un climat où prime le respect. «La médaille à tout prix, ça ne sert à rien. Qu’est-ce qui va rester au patineur après sa carrière? Un bout de métal? Il faut qu’il garde le plaisir qu’il a eu pour arriver là», conclut Marie-Christine Noël.

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