Patsy Gallant planche sur un rêve qu’elle chérit depuis plus de 20 ans

Photo : Bruno Petrozza

Samuel Pradier

2022-03-05T14:00:00Z

Elle a commencé sur scène à l’âge de trois ans. Sept décennies plus tard, elle est toujours aussi heureuse de chanter et n’entend pas arrêter prochainement. Patsy Gallant n’a jamais eu l’idée de faire autre chose. Sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille, elle a connu bien des succès et aussi son lot de déceptions, mais le feu sacré de la scène ne l’a jamais quittée.

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Patsy, vous avez commencé très jeune à chanter avec vos sœurs, mais à quel moment est-ce devenu un choix réfléchi?

Vers l’âge de trois ans, je me souviens d’être montée sur scène dans une salle paroissiale, avec ma tante et mon oncle. Le prêtre était entré et m’avait vue sur la scène. Il avait demandé à ma mère ce que je faisais là, en espérant que je ne participais pas au show. Elle avait répondu que je jouais avec mon oncle et ma tante. Maman me faisait aussi danser la claquette.

Aviez-vous du plaisir à vous produire devant les gens?

Dès que j’ai eu six ans, j’étais souvent sur scène et j’aimais vraiment beaucoup ça, parce que j’avais toute l’attention des gens. On était 10 enfants à la maison et, pour avoir de l’attention dans la famille, il fallait se démarquer. J’étais jeune et j’aimais chanter. Par contre, il fallait que j’interprète des pièces appropriées pour mon âge, alors maman me faisait chanter les chansons d’Elvis en dansant. J’aimais ça aussi parce que maman disait toujours: «La petite est bonne!» C’est resté dans ma tête. En même temps, comment voulais-tu que la petite ne soit pas bonne? Il y a une règle dans ce métier: ne jamais passer après un enfant ou un animal, parce que les gens sont toujours plus attendris et conciliants avec eux.

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Cette vie de chanteuse n’était pourtant pas idéale pour une enfant, non?

La période la plus difficile, ç’a été lorsque j’ai commencé à faire les cabarets avec mes sœurs. J’en voyais des affaires, pour une enfant! Comme il fallait que j’aie l’air plus vieille, ma mère rembourrait ma brassière avec des kleenex. En général, je restais dans la loge en attendant notre tour. Quand j’ai commencé à chanter, il n’y avait pas un micro à ma hauteur, alors je devais monter sur une boîte pour l’atteindre. Mais j’ai toujours aimé ce métier.

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

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Vous dites avoir commencé ce métier parce que vous manquiez d’attention... Est-ce la même raison qui vous a poussée à continuer?

C’est sûr qu’avoir l’attention du public et être aimée des gens, ça a fait partie Entrevue Le feu sacré des raisons qui m’ont poussée à continuer, mais il ne faut pas oublier que j’aimais beaucoup chanter. Dans la maison, on a toujours été entourés de musique. Du côté de ma mère, ils étaient 16 enfants et ils étaient tous musiciens et chanteurs. C’était la même chose dans l’autre famille. Mon père a même fabriqué deux violons de ses mains. La musique a donc toujours fait partie de notre vie parce qu’à l’époque, c’était la seule façon que nous avions de nous divertir. Il n’y avait pas la télévision. Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi j’ai le feu sacré, mais c’était avant tout inné. Je suis toujours prête à monter sur scène et j’ai toujours hâte que ça se produise.

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Que ressentez-vous lorsque vous montez sur scène?

Il y a quelques années, j’ai participé à la comédie musicale Neuf, mise en scène par Denise Filiatrault avec, notamment, Serge Postigo. Jusqu’à la dernière répétition, je me trompais systématiquement dans les paroles. Denise était affolée: elle avait demandé à Marie Denise Pelletier si je serais capable de faire le spectacle. Marie Denise lui avait répondu: «Dès qu’elle sera sur scène, tout va se placer.» Elle me connaissait vraiment bien parce qu’on avait déjà travaillé ensemble. Quand je monte sur scène, c’est comme quand on démarre une voiture: je fonce à toute allure. C’est instinctif chez moi. Les lumières s’allument et c’est parti. Les soucis, la fatigue et les tracas de la vie quotidienne disparaissent.

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N’avez-vous jamais remis en question ce travail?

En 1980, il y a eu un trou noir dans ma carrière. J’ai eu peur que tout s’arrête, mais ce n’était pas un choix. Il y a eu des changements sur le plan technologique dans l’industrie, les petites compagnies de disques ont fait faillite, et je n’avais plus de travail à ce moment-là. Pendant un an, je n’ai pas travaillé; mais comme je suis toujours fonceuse, j’ai commencé à faire des comédies musicales. Je n’ai jamais arrêté de chanter et je faisais aussi de la pub en parallèle. Les gens se demandent parfois, en coulisses, comment je vais pouvoir faire un show, car je suis brûlée. Mais même à 73 ans, je monte sur scène et ça repart. Et j’ai la chance d’avoir toujours la même voix; je ne sais pas comment c’est possible, mais c’est comme ça.
 

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Qu’est-ce qui vous motive et vous pousse?

J’ai besoin de gagner ma vie! (rires) Sincèrement, chanter, c’est ma vie, ma respiration. Je pourrais faire plein d’autres choses, mais j’aime tellement ça, ça me fait vibrer. Voir les gens qui m’aiment et qui m’engagent encore, c’est fou. Tant que je peux le faire, pourquoi est-ce que j’arrêterais? La seule chose que je dois accepter, c’est de ne plus pouvoir monter sur des talons hauts. À mon âge, ça devient plus dangereux, mais je lève encore ma jambe très haut! 

Photo : @photo Bruno Petrozza/T
Photo : @photo Bruno Petrozza/T


 

Pensez-vous parfois à prendre votre retraite?

Je dis toujours que si j’arrête un jour, ce sera parce que je l’ai décidé. Je suis trop intelligente pour que les autres décident de ça à ma place. Mais si j’arrête, je vais trouver autre chose. Je suis toujours en train de faire mille et une choses différentes à la maison. Je pense que c’est la raison pour laquelle je reste jeune: je suis toujours dans l’action, j’ai toujours un projet, toujours quelque chose à faire. Et quand je n’ai rien à faire, je m’ennuie rapidement et je vais magasiner!
 

Avez-vous des rêves qui n’ont pas encore été réalisés?

Il y en a plein, mais je suis actuellement en train d’en réaliser un: faire mon propre album. Ça fait 22 ans que j’essaie de le faire, mais là, ça y est. Je suis en studio en ce moment, ce sont mes propres chansons, paroles et musiques, et j’en suis la productrice. Je suis tellement heureuse de faire ce projet! Je suis vraiment bien en studio. Ce sera un album éclectique, qui raconte un peu l’histoire de ma vie. Je le fais d’abord pour moi, parce que j’ai besoin d’exorciser ce que j’ai à dire.
 

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Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour entretenir cette passion au fil des décennies?

Aujourd’hui, c’est très difficile de commencer dans ce métier. Il faut passer par Star Académie ou des émissions semblables. Nous, on apprenait sur le tas dans les cabarets, et il fallait des années avant de devenir une vedette. Aujourd’hui, tout peut arriver du jour au lendemain. Le milieu a beaucoup changé. Je pense que les jeunes n’ont pas besoin de conseils; ils vont trouver leur place et leur façon de faire. Il faut toutefois savoir que le talent ne suffit pas; si on veut durer, il faut travailler avec acharnement tous les jours.
 

Pour terminer, diriez-vous que tous les sacrifices que vous avez faits pour ce métier en valaient le coup?

Quand j’étais petite, je pensais que tous les enfants chantaient, que tout le monde faisait la même chose que moi. Ce métier m’a rendue très heureuse. Je fais ce que j’aime, donc ça valait le coup. C’est tellement imprégné en moi. Il y a eu des moments plus difficiles et douloureux, mais ça a tellement valu le coup que je fais encore ce métier, 70 ans plus tard.
 

Plusieurs nouvelles chansons de Patsy Gallant, telles que Mon bel indifférent et Overdose de solitude, sont disponibles sur toutes les plateformes. Son nouvel album est attendu au mois d’avril.
On la retrouvera dans la série De Pierre en fille, en avril, sur Tou.tv Extra

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