CHSLD, mon amour | Une dernière tranche de vie

Jeudi 29 avril à 22 h, Canal D

Photo : © Canal D

Alexe-Sandra Daigneault

2021-04-22T04:00:00Z

Conscient des tabous entourant les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), Danic Champoux a eu envie de démystifier leur réalité. Il nous offre ainsi CHSLD, mon amour, qui expose le quotidien des bénéficiaires du CHSLD Émilie-Gamelin avec une simplicité désarmante. 

Pour bien des Québécois, les CHSLD sont synonymes de solitude, de maladie et de mort. Autrefois qualifiés de mouroirs, ces établissements débordent pourtant de tendresse, ce que Danic Champoux met en lumière dans le documentaire CHSLD, mon amour

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À la fin de 2019, le réalisateur a passé deux mois à observer les résidents et les préposés du CHSLD Émilie-Gamelin, qui sont aussi ses voisins du quartier Centre-Sud de Montréal. Les images qu’il en rapporte se révèlent empreintes d’authenticité et de douceur; elles dessinent un tableau dont les silences et la lenteur laissent toute la place à la poésie des émotions. 

Un amalgame d’émotions

Loin de se limiter aux beaux sentiments, cette poésie s’exprime autant dans la joie que dans la tristesse ou la confusion, qui coexistent souvent chez les résidents. On le constate quand une préposée réveille Mme Lachance pour l’aider à se rendre à la salle de bains, provoquant une agitation qui se transforme vite en chanson et en traits d’humour. Pendant ce temps, dans la salle commune, des voix vacillantes accompagnent un disque de Jean Ferrat, dont la musique provoque les larmes des uns et les rires des autres. 

La colère fait parfois partie du mélange, notamment lorsque Mme Constantin rejette son repas ou qu’elle refuse d’enfiler la chemise de nuit offerte par deux préposées aussi patientes que bienveillantes. Devant l’irritabilité grandissante de la dame, les employées finissent par abandonner le combat, car elles savent que leur insistance risque d’envenimer la situation. 

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Les préposés savent rassurer les résidents du CHSLD et composer avec leurs sautes d’humeur.
Les préposés savent rassurer les résidents du CHSLD et composer avec leurs sautes d’humeur. Photo : © Canal D

Changer les idées

La souplesse est également de mise dans le cas de Mme Brabant, qui est convaincue de travailler comme sténographe-dactylographe au CHSLD Émilie-Gamelin. Au lieu de la contredire, les employés préfèrent jouer le jeu, sauf lorsque l’équilibre émotionnel de la résidente est troublé. Quand Mme Brabant cherche à joindre sa nièce pour lui demander de la ramener chez elle, une préposée réussit à calmer son anxiété en lui racontant qu’elle doit d’abord obtenir l’accord de son médecin. 

Les résidents reçoivent toutes sortes de petites attentions.
Les résidents reçoivent toutes sortes de petites attentions. Photo : © Canal D

Ce genre de pieux mensonges s’avère parfois nécessaire pour changer les idées des bénéficiaires troublés, comme cet homme pressé de retourner dans un appartement où il n’habite plus depuis longtemps. Dans d’autres situations, les préposés doivent faire preuve d’un peu plus d’imagination. Par exemple, afin de calmer un résident effrayé par l’injection qu’il doit recevoir, ils l’encouragent à fredonner un chant de Noël avec eux!

Moments de bonheur

Heureusement, certaines journées sont plus distrayantes que d’autres, ce qui facilite le travail des préposés aux bénéficiaires. Par exemple, l’Halloween donne lieu à une fête costumée qui propage bien des sourires tandis que les danseurs se rassemblent devant un chanteur invité. Une soirée de Noël réunit les résidents et leurs familles autour d’un bon repas, agrémenté par la musique d’une harpiste. 

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Les jours de fête sont soulignés au CHSLD.
Les jours de fête sont soulignés au CHSLD. Photo : © Canal D

Mme Constantin profite de l’occasion pour serrer son petit-fils dans ses bras, tandis qu’une autre dame fait la même chose avec la poupée de bébé qu’elle traîne dans tous ses déplacements. Pour ceux qui n’ont pas la chance d’être bien entourés, il reste la chaleur des employés du CHSLD Émilie-Gamelin, qui ne sont jamais avares de leurs soins et de leurs petites attentions. 

Avant la pandémie

Le documentaire a été tourné avant la crise de la covid-19.
Le documentaire a été tourné avant la crise de la covid-19. Photo : © Canal D

Tourné quelques mois avant le début de la pandémie de covid-19, le documentaire CHSLD, mon amour dépeint une réalité qui a radicalement changé depuis l’an dernier. Il est difficile de savoir quand la situation reviendra à la normale, mais on déplore déjà la dégradation rapide du milieu de vie des résidents...

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