Mathieu Gratton révèle qu'il est une meilleure personne auprès de son garçon, Benjamin
Michèle Lemieux
Dans le but de faire évoluer les choses, le fils de Mathieu Gratton, Benjamin, a relevé récemment le Défi têtes rasées au profit de Leucan. Son père croit d’ailleurs être devenu une meilleure personne au contact de son garçon. Maintenant que ce dernier a 19 ans, Mathieu et sa conjointe songent à devenir famille d’accueil pour aider un jeune qui en aurait besoin...
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Après le succès d’Autiste, bientôt majeur, les protagonistes de la série seront de retour dans Autiste, maintenant majeur. Que nous réserve l’émission?
Nous allons continuer de les suivre dans leur vie d’adulte. Il y aura aussi de nouveaux jeunes qui se joindront à eux. C’est intéressant de voir comment fonctionnent des autistes adultes. Benjamin et moi sommes encore là. Il a d’ailleurs atteint sa majorité entre les deux saisons.
Est-ce que cette étape a changé quelque chose dans sa vie?
Ce sont souvent les parents qui interpellent ces jeunes sur des questions d’adultes. Nous leur rappelons qu’ils pourraient se faire une blonde, qu’ils peuvent boire de l’alcool... Pour Benjamin, mis à part le fait qu’il puisse s’asseoir au bar dans un restaurant, la majorité a changé peu de choses. Je remarque par contre qu’une fierté s’est installée chez lui. Il sait qu’il a plus de droits, même si certains ne l’intéressent pas nécessairement, comme aller voter. Mais il est heureux de s’installer au bar à la Cage parce qu’il a 18 ans, même s’il se fait carter étant donné son air juvénile! (rires)
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Pour quelles raisons Benjamin a-t-il décidé de participer au Défi têtes rasées?
Nous avons longuement discuté avec lui pour qu’il comprenne le beau geste qu’il allait poser. Le 25 août dernier, il s’est fait raser les cheveux. C’est notre collecte de fonds annuelle et, cette année, nous avons décidé de donner à Leucan. Beaucoup de gens ont trouvé la vie difficile avec la covid-19. Je me suis mis à la place d’un enfant qui, en plus d’être isolé, doit jongler avec le cancer... Le Défi têtes rasées met en lumière la différence, l’acceptation de la perte des cheveux. Avec Benjamin, c’est un peu ce que nous avons vécu.
Pourquoi établissez-vous ce parallèle?
Plus jeune, à cause de ses comportements particuliers et de sa différence, il attirait les regards, comme un enfant qui a reçu des traitements et qui a perdu ses cheveux. Aujourd’hui, les gens le connaissent et le saluent. Je trouvais qu’il y avait un beau lien. Même s’il est déjà différent, Benjamin en rajoute en se faisant raser les cheveux pour soutenir les enfants différents. C’est un beau geste. Benjamin est ma source d’inspiration. J’ai envie d’être une meilleure personne, et c’est grâce à lui. Actuellement, ma copine et moi faisons des démarches pour devenir famille ressource.
Qu’est-ce qui a motivé ce choix?
Benjamin a atteint une certaine autonomie. Nous allons toujours continuer à l’aider — c’est un garçon plein de potentiel —, mais nous avons envie d’aider d’autres jeunes autistes qui auraient pu être délaissés.
Après avoir mis autant d’énergie sur votre fils, vous auriez pu décider de profiter de la vie.
Il est plus facile depuis deux ou trois ans. Je pense que mon expérience peut aider quelqu’un d’autre. Nous n’avons jamais été limités par l’autisme de Benjamin, Patricia (Paquin, sa mère) et moi. Nous avons toujours emmené notre fils partout, peu importe les regards et les difficultés. Nous l’avons aidé à s’épanouir. Je ne me suis pas senti emprisonné à la maison à m’occuper de mon fils. Alors qu’il s’épanouissait, je m’épanouissais aussi. Je veux faire la même chose avec un autre enfant.
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Un enfant différent nous aide-t-il à remettre les choses en perspective?
Oui, il nous rappelle que souvent, nous nous en mettons trop sur les épaules. Nous en oublions notre bonheur. Benjamin nous aide à remettre nos priorités à la bonne place. Par exemple, avec la pandémie, nous avons appris que l’argent ne fait pas nécessairement le bonheur. Nous essayons de trouver l’équilibre dans notre vie pour nous sentir à l’aise, mais en mettant la priorité sur autre chose que la réussite financière.
Reconnaissez-vous vous être exceptionnellement investi dans l’éducation de votre fils?
Je dois admettre que oui. Je n’ai pas compté mes heures! (rires) Benjamin est extraordinaire. Je constate qu’il est aimé des gens, chose qu’il ne saisit pas tout à fait. Je reçois donc l’amour des gens à sa place et j’en suis reconnaissant. J’ai fait des sacrifices professionnels, j’ai refusé des projets. Dans ce milieu, plus on refuse de trucs pour prioriser la famille, moins on nous en offre. C’est un cercle vicieux. J’en suis arrivé à un constat: quand on m’appelle, 80 % du temps c’est pour parler d’autisme. Pour le reste, je continue à faire des spectacles d’humour et d’autres engagements. Ce virage s’est fait tout seul, et je l’accepte...
Retrouvez Benjamin, Éliott, Maëlle, Raphaël, Malika, Laurent et de nouveaux venus dans Autiste, maintenant majeur, dès le mercredi 23 septembre à 19 h 30, sur MOI&CIE. Mathieu est en train de développer une websérie sur le couple. Suivez leur page sur Facebook, Le monde de Benjamin.
