France D'Amour s'ouvre sur sa relation précieuse avec son fils

Julien Faugere

Marie Poupart

2020-08-22T12:00:00Z
2023-10-12T23:46:31.537Z

En novembre 2019, avant les bouleversements de la pandémie, France D’Amour sortait son 13e album D’Amour et Rock’n’roll. Quand il arrive des imprévus, «il faut savoir se revirer sur un dix cennes», dit l’auteure-compositrice-interprète, qui a profité des derniers mois pour s’instruire tout en s’adonnant, bien sûr, à sa plus grande passion, la musique. Elle est revenue sur les difficultés du métier et du confinement, mais aussi le décès de son père et son lien précieux avec son fils, François.

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France, en quoi votre vie a-t-elle changé ces derniers mois?
Avec le lancement de mon album D’Amour et Rock’n’Roll en novembre, je m’attendais à une année très occupée, mais rien ne s’est déroulé comme je l’avais envisagé. Tout ce qui m’arrive présentement est de l’imprévu! Ça m’a appris à développer ma tolérance aux changements. Il faut être capable de se revirer sur un dix cennes. C’est une attitude qui peut servir dans la vie; avec ce qui se passe, j’ai grandement mis en pratique cette façon de penser!

Quelles ont été les difficultés causées par la pandémie?
Du côté professionnel, ç’a été une catastrophe! Financièrement, ce n’est facile pour personne, y compris les artistes. Mais il y a encore plus que ça... Mon métier consiste à rassembler les gens pour écouter ma musique et, dans le contexte, c’était impossible ou presque de le faire. J’aime faire des accolades aux gens que je rencontre lors de mes spectacles et, avec cette crise, je ne peux plus agir comme avant. Ça me manque! Ces dernières semaines, j’ai fait des spectacles dans des ciné-parcs. C’était fort agréable et ça a mis un baume sur mon cœur et sur celui de mes musiciens! Je suis privilégiée, car, depuis les célébrations du 24 juin, je suis occupée.

Sur un plan plus personnel, comment avez-vous vécu le confinement?
Au début, j’étais dans le déni. Bien que j’aie de l’empathie pour les gens malades, je trouvais qu’on exagérait un peu la situation. Durant le confinement, j’ai choisi de suivre des cours de peinture et de mathématiques, entre autres. J’ai toujours aimé apprendre (elle a même déjà songé à être médecin) et je prends beaucoup de plaisir à résoudre des énigmes de type algèbre. Ça permet de développer notre esprit de synthèse et de déduction, d’avoir un raisonnement plus cartésien. Faire des maths me permet de trouver des solutions plus logiques dans ma vie de tous les jours et de développer mon esprit d’analyse.

Vous avez donc bien géré la situation?
Bien que je m’y sois habituée, j’ai tout de même ressenti une grande tristesse de voir la population vivre dans un climat de peur à ce point. Voir des gens traverser de l’autre côté dans la rue pour nous éviter d’attraper la maladie, c’est assez déstabilisant. Je trouvais aussi désarmant de voir ma mère de 80 ans, terrorisée à l’idée d’attraper la covid; elle refusait même de sortir. Pour ma part, j’essaie de ne pas vivre dans la peur. Chaque personne vit cette crise à sa façon, et c’est à chacun de se trouver un équilibre pour fonctionner selon ses valeurs. J’essaie de rassurer les gens par ma musique et mon humour. J’ai envie de leur faire oublier l’espace d’un instant ce qui se passe! J’aime bien la phrase de Voltaire qui dit: «J’ai décidé d’être heureux, car c’est bon pour la santé.» Ces paroles sont inspirantes. 

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Qu’est-ce qui vous fait peur, France?
J’ai une peur bleue des serpents et du feu. Même que j’ai un deuxième détecteur de fumée au cas où le premier ne marcherait pas. J’ai aussi très peur des grosses vagues dans l’océan.

 

Enfant, votre fils a fait de l’asthme. Étiez-vous inquiète pour sa santé avec la covid-19?
François, qui a 32 ans, a fait de l’asthme de 2 à 10 ans, mais ce n’est heureusement plus le cas. C’est un gars très solitaire, et il ne sort pas dans les bars. Il est aussi très respectueux des règles, alors je ne suis pas trop inquiète pour fistounet!

Comment le décririez-vous?
François est très zen. Il travaille en télé dans le domaine du montage. Il est très cultivé et fasciné par l’histoire, c’est une vraie encyclopédie. D’ailleurs, ses amis l’appellent Franckypédia! Il a beaucoup de sujets de discussion, il n’est jamais ennuyant! L’humour l’intéresse aussi beaucoup. Je lui ai transmis mon amour pour la lecture.

Quel genre de relation avez-vous?
Je l’aime d’un amour fort et puissant! Les six premiers mois de sa vie, il dormait dans mes bras, même en pleine canicule. J’étais tellement protectrice que je refusais que quelqu’un le prenne dans ses bras! Nous avons toujours été très connectés.

Aimeriez-vous être grand-mère un jour?
J’espère le devenir dans le futur, mais ça ne fait pas partie des plans pour l’instant. Le jour où ça arrivera, je vais pleurer de joie. 

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Votre fils est-il musicien?
Son père l’est, mais mon fils n’a jamais vraiment voulu jouer de la musique. Il a par contre une culture musicale incroyable. 

Vous et son père, Guy Tourville, avez fait le choix de faire votre vie séparément. Votre fils a-t-il vécu autant avec vous qu’avec son père?
Oui. Après notre séparation, nous avons décidé d’être des voisins, alors il se partageait entre les deux maisons. On se plaît à dire, Guy et moi, que nous avons échoué notre mariage, mais réussi notre divorce!

Vous avez eu votre enfant très jeune, n’est-ce pas?
Au début de la vingtaine! Ce fut une surprise! Je n’ai jamais regretté ma décision de le mettre au monde! Il faut dire que j’ai été adoptée, et si ma mère ne m’avait pas gardée, je ne serais pas là aujourd’hui. Ça n’a pas été facile. Je n’avais pas d’argent. Il a fallu que je me débrouille, mais cet enfant m’a procuré tellement de bonheur! 


 

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Vous avez été adoptée, comme votre sœur. Avez-vous tenté de retrouver chacune votre mère biologique?
Non. Il y a eu beaucoup d’histoires d’horreur concernant ce genre de retrouvailles. Bien sûr, il y en a de très belles, mais ce n’est pas la voie que j’ai choisie! Ma famille est complète. Elle est composée de ma sœur, de mes deux frères et de ma mère. Il y a mon père, que j’ai adoré et qui est malheureusement décédé, il y a un peu plus d’un an (il a été emporté, à 82 ans, par une pneumonie).

Comment avez-vous traversé le deuil de votre père?
J’ai réussi à accepter son décès, mais j’ai vécu beaucoup d’émotions. J’ai pleuré en observant des gens qui me rappelaient mon père, en voyant des choses qui me faisaient penser à lui. J’ai vécu de la colère, car je me demandais à quoi ça sert d’aimer si ces personnes finissent par nous quitter. Puis, j’ai finalement accepté la réalité et je suis en paix avec son départ. Quand je pense à lui, je songe surtout combien je l’ai aimé et à quel point il était une bonne personne... Ce qu’il a été m’influence dans ma vie. Il était le genre de père que j’aurais souhaité à tout le monde! Il était aimant, compréhensif... C’est l’être le plus généreux que j’ai connu. C’était un bon vivant, il était très sociable. Nous n’avons pas annoncé ses funérailles et malgré tout, 500 personnes se sont présentées! Arsène Rochon était aimé et respecté de tous! 

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Vous avez 55 ans. Quel bilan dressez-vous de votre cinquantaine jusqu’à présent?
Il s’agit d’une belle décennie. Je rencontre beaucoup de gens très heureux à cet âge parce qu’ils se sentent accomplis. Après 50 ans, on décroche des futilités de la vie. On fait ce qu’on aime le plus tout en se liant avec les gens qu’on apprécie vraiment! On vit une période de relâchement. On met le stress de côté et on profite de la vie. Pour le reste, je ne me plains pas. C’est un privilège d’avoir cet âge. Il y a bien des gens qui ne se rendent pas là!

Vous êtes célibataire, France. Croyez-vous encore à l’amour?
Ça dépend des jours. Parfois, je pense que c’est encore possible. Je suis célibataire depuis cinq ans, et sincèrement, il n’y a pas grand-chose qui s’est passé. Peut-être que c’est parce que je suis trop exigeante.

Pensez-vous que la vie soit plus agréable en couple?
Je crois que c’est à chacun de se créer son bonheur. Pour être heu-eux, il ne faut pas dépendre de quelqu’un d’autre. Le bonheur passe par soi-même. Par exemple, par des projets qu’on met en branle et qui nous inspirent. 

Sur votre dernier disque, la chanson Non, c’est non, traite d’agression sexuelle. Avez-vous été victime de ce genre d’abus?
Non, jamais, mais les agressions sexuelles, l’abus de pouvoir, la condescendance, la manipulation et le chantage me répugnent, et ils doivent être dénoncés! La vague de dénonciations est importante. Surtout si on peut éviter à une génération de femmes de vivre ça.

Une autre chanson est intitulée Courage. Quels aspects de votre vie vous ont demandé le plus de courage?
De faire le métier que j’ai choisi. Je vois beaucoup de gens qui ont du talent, et je leur dis toujours: «Attelle-toi», parce que le seul moyen de se tailler une place est d’avoir de la persévérance... Je ne cherche pas à m’apitoyer sur mon sort, mais ce métier est difficile, il est physique, il demande beaucoup de discipline et du travail constant, et il faut être capable de se faire dire non. Puis ce n’est pas toujours facile de vivre toujours dans l’œil de la caméra, et dans le jugement. Je me souviens de Ginette Reno qui disait qu’avoir du succès était une chose, mais qu’avoir une carrière en était une autre. Elle avait raison! On vit beaucoup d’insécurité, il faut donc faire bien des compromis. Tout ça demande un énorme courage. 

Son album D’Amour et Rock’n’Roll est en vente. Elle sera sur scène au Théâtre Petit Champlain, à Québec, le 4 octobre. Suivez-la sur page Facebook.


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